Marat dans le Souterrain des Cordeliers, ou la Journée du 10 août. Fait historique en deux actes et en prose, de Matelin, 16 Brumaire an 2 [6 novembre 1793].
Opéra-comique National, ci-devant Théâtre Italien
La date du 16 brumaire est celle que donne André Tissier (voir infra).
Almanach des Muses 1794
Pièce très-patriotique et très-applaudie. L'action se passe la veille de la fameuse journée du 10 août. Marat enfermé dans un souterrain, aux Cordeliers, n'a d'autre inquiétude que pour le peuple. Il reçoit la visite de la femme sensible qui depuis l'a épousé, puis celle de sa sœur. Au second acte, le tocsin sonne de toutes parts ; un prélat et un marquis viennent débiter mille calomnies sur Marat, et se promettent beaucoup de succès du complot formé par la cour. Cependant, le repaire du despotisme a été attaqué ; une grande multitude vient se précipiter dans la cour des Cordeliers. On arrache la grille du souterrain ; et le peuple prenant Marat entre ses bras, lui apprend son triomphe, en le comblant de bénédictions.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Maradan, seconde année de la république :
Marat dans le souterrain des Cordeliers, ou la Journée du 10 août, fait historique en deux actes ; par le citoyen Mathelin. Représenté, pour la première fois, le 17 Frimaire [7 décembre 1793], sur le Théâtre de l'Opéra-comique National, ci-devant Italien.
La pièce est analysée de façon particulièrement sévère dans le livre d'Eugène Jauffret, Le Théâtre révolutionnaire (Paris, 1869), p. 242-243 :
La seconde pièce [la première pièce consacrée à Marat étant l'Ami du peuple, ou la Mort de Marat], Marat dans le souterrain des Cordeliers, ou la Journée du 10 août, est encore un fait soi-disant historique, dont le citoyen Mathelin se déclara l'auteur. Elle fut représentée, le 7 décembre, sur le théâtre de l'Opéra-Comique national, ci-devant italien.
Chacun sait que Marat, aussi lâche que féroce, se cacha ou fut caché dans une cave la veille du 10 août. L'auteur a dénaturé ce fait, en prétendant que son héros, recherché par les royalistes, trouve une retraite dans un souterrain du couvent des Cordeliers, où une brave citoyenne lui apportait des vivres ; où sa sœur le visitait ; où son domestique le servait ; où les Sans-Culottes le consultaient. On le représente, en effet, comme un saint persécuté, comme le Christ dans le désert, la bouche pleine de paroles d'amour, éloigné de toute violence, et conseillant d'éviter l'effusion du sang, quoiqu'il dise ailleurs : « Tout annonce une explosion prochaine. Hâtons-nous d'armer le peuple ; qu'il détruise le repaire du despotisme, et que le bruit de sa vengeance fasse trembler la tyrannie jusqu'aux limites de la terre. »
— « Grand Dieu ! s'écrie-t-il, lorsqu'on vient lui annoncer la victoire du peuple, le sang des patriotes a coulé ! »
On veut le porter en triomphe ; il s'y oppose. — « Nous le voulons, crient les sans-culottes, ne fût-ce que pour prouver à l'univers entier que l'homme utile à son pays est plus digne de notre vénération que tous ces saints de vil métal dont on nous a embêtés depuis si longtemps. »
Pierre Frantz, « Théatraliser la Révolution française », dans Corps, littérature, société (1789-1900), sous la direction de Jean-Marie Roulin, Publications de l'Université de Saint-Etienne, 2005, p. 31-32, analyse la façon dont le corps de Marat est mis en scène.
D'après la base César, la pièce a été jouée 9 fois du 14 décembre 1793 au 21 septembre 1794. Mais André Tissier, Les spectacle à Paris pendant la révolution, tome II, p. 513, connaît 24 représentations. Première représentation, le 16 brumaire [6 novembre 1793] (p. 90).
Ajouter un commentaire