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Marcelin

Marcelin, opéra en un acte ; paroles du cit. Bernard-Valville, musique du cit. Lebrun, 2 germinal an 8 [23 mars 1800].

Théâtre Feydeau

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 318, donnent comme date de première à Feydeau le 3 octobre 1801 [11 vendémiaire an 10] : c’est en effet la date d’une représentation à l’Opéra-Comique. Mais ils proposent aussi comme date de création le 22 mars 1800, toujours au Théâtre Feydeau. Or la pièce a été créée en fait le lendemain 23 mars 1800 [2 germinal an 8]. Ils indiquent qu’elle a été jouée jusqu’en 1802.

Titre :

Marcelin

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

pluviôse an VIII (janvier-février 1800)

Théâtre :

Théâtre Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Bernard-Valville

Compositeur(s) :

Lebrun

Almanach des Muses 1801

Marcelin, père de Justine, est absent de chez lui depuis long-temps ; il revient , et trouve à la porte de sa maison un jeune homme qui est amoureux de sa fille. Il s'amuse à le tourmenter, à lui faire croire qu'il est son rival, et son rival aimé. L'accueil qu'il reçoit est propre en effet à confirmer ce qu'il a dit. Le jeune homme ardent, désespéré, s'emporte, et propose un cartel à Marcelin, qui l'accepte en plaisantant, et finit par se découvrir. le jeune homme, à travers son désespoir et son emportement, ayant laissé voir d'excellentes qualités, étant d'ailleurs aimé de Justine, le bon Marcelin le console des tourmens qu'il lui a causés, en consentant à ce qu'il épouse sa maîtresse.

Situation comique ; détails agréables. Jolie musique. Beaucoup de succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Huet, chez Charon, an VIII :

Marcelin, Opéra en un acte, en prose, Paroles de F. Bernard-Valville, Musique de Lebrun.

Courrier des spectacles, n° 1115 du 3 germinal an 8 [24 mars 1800], p. 2 :

[Avant l'analyse, promise pour le lendemain, annonce du succès (« auteurs vivement et unanimement demandés », œuvre à l’avenir prometteur), le critique donne les raisons du succès : simplicité du sujet, détails tous liés à l’action, morale pure et sentimentale, intérêt se soutenant de lui-même, musique facile, mélodieuse, voilà les recettes de la réussite !]

Théâtre Feydeau.

Un sujet simple dont les détails sont tous liés à l’action même, dont la morale est à-la-fois pure et sentimentale et dont l’intérêt se soutient sans peine, sans moyens étrangers, jusqu’au dernier moment ; une musique facile, souvent mélodieuse, offrant beaucoup de vérité dans le chant et une judicieuse simplicité dans les accompagnemens, tels sont les caractères du petit opéra que l’on a représenté pour la première fois hier à ce théâtre, sous le titre de Marcelin : aussi a-t-il été couronné d’un très-brillant succès.

Les auteurs ont été vivement et unanimement demandés ; ce sont pour les paroles le citoyen Bernard-Valville, pour la musique le citoyen Lebrun, artiste de ce théâtre même.

Nous donnerons demain l’analyse de cette pièce, que long-tems, nous ne craignons pas de l’augurer, on ira voir avec plaisir.

Le naturel du jeu du citoyen Rézicourt, la naïveté enchanteresse de mademoiselle Lesage, dans le rôle dont elle est chargée, et le soin particulier avec lequel tous les acteurs, en général, jouent ce petit ouvrage, en augmentent encore l’agrément.

Courrier des spectacles, n° 1117 du 5 germinal an 8 [26 mars 1800], p. 2 :

[Après la deuxième représentation de la pièce, le critique ne peut que confirmer l’excellente impression que lui a fait la pièce et réaffirmer que la simplicité de son plan ne pouvait que la conduite au succès. Il résume ensuite une intrigue dont la simplicité peut nous échapper : une affaire de mariage, bien sûr, un père revenant fortune faite et se faisant passer pour le rival de l’amoureux de sa fille, au point de se voir provoqué en duel. Mais tout s’arrange, puisque c’est seulement la volonté du père d’éprouver son possible futur gendre qui causait problème. Faute de place, le critique n’ajoute rien à propos des acteurs, excellents, et préfère parler rapidement de la musique qu’il compare à celle deDezède (elle est de Lebrun...), à laquelle il reconnaît « cette pureté de style et cette mélodie agréable auxquelles les productions de Dezède ont dû leur glorieux succès ».]

Théâtre Feydeau.

La seconde représentation de Marcelin, loin d’affoiblir l’idée avantageuse que nous avions conçue de cette pièce, nous donneroit occasion d’ajouter aux justes éloges dont elle a été l’objet. Le plan de cet ouvrage , par son heureuse simplicité, devoit amener un succès.

Marcelin, laboureur, s’est éloigné quelque tems de sa famille et revient avec de la fortune. En son absence, Justine, sa fille, a conçu de l’amour pour le jeune Victor, neveu d’un certain Scapel, chirurgien, et son ami à lui Marcelin. Envain Victor presse son oncle de l’introduire chez Justine ; Scapel apprend au jeune homme que les parens de Justine ne veulent la marier qu’à un homme d’un certain âge. Marcelin, arrive et prie Scapel de prévenir sa famille à laquelle son arrivée imprévue peut faire une trop forte impression. Victor vient chanter sous les fenêtres de Justine. Marcelin trouve plaisant de l’éprouver en passant pour un rival, et Victor, dupe d’une telle ruse, le prend pour le prétendu d’un certain âge et s’emporte jusqu’à lui proposer un cartel que celui-ci feint d’accepter. Marcelin assigne pour lieu du rendez-vous la demeure de Justine, où il est reçu comme chez lui. Scapel dans l’intérieur de la maison, donne un signal que Marcelin déclare être celui d’après lequel il doit entrer chez Justine. Victor très-piqué, s’éloigne, mais ne tarde pas à revenir pour se battre ; Marcelin l’engage à déjeûner auparavant ; la présence de Justine lui fait une loi d’accepter cette proposition ; mais tous les discours de Marcelin sont ceux d’un rival fier de la préférence qu’on lui accorde. Victor veut donc engager le combat et sans délai. Marcelin fait rentrer sa fille chez lui, mais pressé par le jeune homme, il rappelle sa famille et demande à Victor si la partie est égale et s’il ne mourroit pas six fois (en montrant sa femme et ses enfans) contre lui une. Victor reconnoit le père de Justine, qui la lui donne en mariage, comme le gage de la paix qui se conclut ainsi entre les puissances belligérantes.

Nous n’ajouterons rien à ce que nous avons dit du jeu parfait des acteurs, le tems et l’espace nous en ôtent la faculté ; ils nous privent aussi de parler avec quelque détail de la musique, pleine de goût et de délicatesse , qui semble avoir presque généralement cette pureté de style et cette mélodie agréable auxquelles les productions de Dezède ont dû leur glorieux succès : on remarque entr’autres le petit air de Justine, la romance de Victor, l’ingénieux duo du Rêve, et la ronde qui forme un trio dont la composition a toute la finesse et tout le caractère qu’exige une scène très-piquante par ses contrastes.

B * * *

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome VII, p. 203-204 :

[Le critique rapproche la pièce nouvelle de quelques uns des grands classiques de l’opéra comique : elle leur donnera des plaisirs comparables (« c'est un cadre léger, mais rempli avec beaucoup de grâce & de goût ». L’intrigue telle qu’il la résume ne surprend pas : un père parti au loin, qui s’amuse avec l’amant de sa fille, avant de les marier (d’unir le jeune homme « à ce qu'il aime ». La suite est un tissu d’éloges : un livret habile, mêlant bien musique et texte  musique « légère, gracieuse, bien adaptée au sujet » ; pièce à succès, « jouée avec ensemble & intelligence ». Aucun défaut !

Rose et Colas est un opéra comique de Sedaine, musique de Monsigny (1764). Les Deux chasseurs et la laitière est un opéra comique d'Anseaume, musique de Duni (1763). La Clochette, opéra comique des mêmes auteurs date de 1766. Il y a dans ce choix d'exemples une grande nostalgie des années 1760.]

Marcelin, comédie en musique.

Ceux qui se rappellent avec plaisir la contexture & le style de certains opéras comiques du bon temps, tels que Rose & Calas, les Deux Chasseurs, la Clochette, & beaucoup d'autres où le naturel du dialogue se joint à la gaieté du sujet, ceux-là, dis-je, n'en auront peut-être pas moins à voir & à revoir un petit acte intitulé Marcelin : c'est un cadre léger, mais rempli avec beaucoup de grâce & de goût.

Marcelin est un père de famille absent depuis fort long-temps, & qui revient, sans être attendu, au sein de sa famille ; il trouve à la porte de sa maison un jeune homme, ardent, amoureux de sa fille ; il s'amuse à le tourmenter, à lui faire croire qu'il est son rival & son rival préféré, ce que la manière dont il est accueilli dans la maison, paroît confirmer. Le jeune homme au désespoir, s'emporte jusqu'à proposer le cartel que Marcelin reçoit en plaisantant, & dont il fait finir le quiproquo en se nommant : mais comme Justine aime le jeune homme, comme à travers les scènes, de sa risible jalousie, il a sait voir d'excellentes qualités, de la bravoure, de la générosité, des vertus, le bon Marcelin le console du chagrin qu'il lui a donné, en l'unissant à ce qu'il aime.

L'auteur des paroles a signalé beaucoup d'adresse en ne donnant à son sujet que l'étendue convenable, & à ses situations comiques une juste mesure. La manière dont il place ses morceaux de. musique & dont il les coupe, décèle qu'il a étudié, avec fruit, le genre & la scène : c'est le C. Bertrand-Valville.

Le musicien l'a secondé en homme d'esprit : la musique est légère, gracieuse, bien adaptée au sujet: les petits airs sont chantans, & laissent entendre les paroles ; le duo du songe est charmant & dialogué avec esprit. Cette musique est du C. Lebrun.

La pièce a un grand succès ; elle est jouée avec ensemble & intelligence, surtout par le C. Rèsicour, qui sait le rôle de Marcelin, & mademoiselle Lesage.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année (1799), tome 6, p.414-415 :

Marcellin.

Ce petit opéra, donné le 2 germinal, a eu du succès.

Marcellin, bon laboureur, revient dans sa famille après une longue absence. Justine sa fille a conçu de l’amour pour Victor, neveu de M. Scalpel, chirurgien. Victor prie son oncle de l’introduire près de Justine ; mais Scalpel lui annonce que ses parens ne veulent la marier qu’à un homme un peu âgé. Ne pouvant entrer, il se contente de chanter une romance sous les fenêtres de Justine. Marcellin trouve plaisant de l’éprouver, en passant pour le rival d’un certain âge ; Victor lui propose un cartel qu’accepte Marcellin ; auparava,t; il l’engage à à déjeuner avec lui et Justine ; après l déjeuner ils se mettent en garde ; mais Marcellin appelle sa femme et ses enfans, se fait reconnoître, et donne Justine à son amant.

L’auteur des paroles est le C. Bernard-Valville, dont on avoit joué quelques pièces aux petits théâtres du boulevard ; celui de la musique, le C. Lebrun, acteur du théâtre Feydeau.

Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres, tome sixième (Paris, 1810), p. 63-64 :

MARCELIN, opéra-comique en un acte, par M. Bernard-Valville , musique de M. Lebrun, à Feydeau, 1800.

Un laboureur de l'Auvergne a quitté sa charrue pour le commerce, dans lequel il a fait fortune. Au bout de six ans, il quitte Paris, et revient dans son hameau, où il trouve la table garnie pour fêter l'anniversaire de son mariage. Justine, sa fille, qui n'avait que dix ans lors de son départ, en a seize maintenant, et son jeune cœur est sensible à l'amour d'un étudiant en médecine, nommé Victor, neveu de M.Scalpel, chirurgien du canton, et tout nouvellement arrivé de Montpellier. La mère Magdeleine, femme de Marcelin, approuve leurs feux, car Victor est si brave, il est si généreux, qu'on ne saurait lui refuser son estime ; de plus, il est le libérateur de l'un de ses enfans. Scalpel, de son côté, n'empêche pas que son neveu aime Justine, mais comme il se doit avant tout à ses malades, il trouve fort mauvais que son neveu veuille les lui faire négliger. Les choses en sont là, quand Marcelin arrive et rencontre le jeune Victor, qu'il reconnaît aussitôt pour l'amoureux de sa fille. Celui-ci le prend pour un rival, d'autant mieux qu'il lui entend dire qu'il aime Justine et qu'il en est aimé. Indigné de ce qu'il ose lui disputer le cœur de Justine, il lui propose un cartel que Marcelin accepte, en lui demandant toutefois la permission de déjeuner avant de se battre. Au bout de quelques heures, Victor vient le sommer de tenir sa parole. Le sang-froid de Marcelin, sa familiarité avec Justine, qu'il embrasse, mettent le comble à la fureur de Victor, qui le presse de manière à le faire expliquer. Alors, Marcelin lui demande s'il a des enfans, appelle les siens, et lui dit que jusqu'à ce qu'il en ait autant que lui, la partie n'étant pas égale, il ne peut hasarder ses jours avec un jeune homme qui n'expose que sa vie. Notre étourdi, comme on doit le croire, est fort décontenancé ; mais enfin Marcelin lui pardonne, et lui accorde la main de sa Justine. Cette dernière scène, qui fait le dénouement de la pièce, est fort agréable.

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