Maria, ou la Forêt de Limberg, pantomime en trois actes, à grand spectacle, d’Hector Chaussier, Armand [Croizette], Chateauvieux et Fleureau de Ligny, ballets de Richard, créé sur le Théâtre de l'Ambigu Comique le 9 messidor an 8 [28 juin 1800].
Almanach des Muses 1801.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Fages, au X (1802) :
Maria, ou la forêt de Limberg ; drame, en trois actes, en prose, A grand Spectacle, mêlé de Chants, Danses, Pantomimes, Marches et Combats ; Par les Citoyens Hector-Chaussier, Armand, Chateauvieux et Fleureau de Ligny, Ballets du Cit. Richard ; Artiste du Théâtre des Arts. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique, le 8 Messidor, an VIII.
On peut difficilement penser que l'Armand indiqué comme coauteur dans la brochure de Maria, ou la Forêt de Limberg, est Armand Overnay (1799-1869) et il vaut mieux l'attribuer à Armand Croizette.
Courrier des spectacles, journal des théâtres et de littérature, n° 1212, 10 Messidor, an VIII, p. 2 :
[La pièce est une pantomime, sur un sujet d’imagination, mais dont les situations sont connues. Elle a eu du succès, grâce à « diverses scènes assez bien amenées », un troisième acte rempli d’incidents, mais aussi d’intérêt, et un ballet et des combats bien venus. Après avoir donné le nom des auteurs (mais pas l’auteur du ballet, ni celui de la musique – « la chanson de ce vieux bucheron notre ami », un vaudeville sur l'air de la mort de Turenne à l'acte 1, et un air nouveau à l'acte 3), le critique résume une intrigue très mélodramatique (on en retrouve les ingrédients), puis donne sa sentence : beaucoup d’invraisemblances (mais c’est un droit des auteurs de pantomimes de les accumuler), qu’il propose en partie de corriger.
La liste des auteurs contient bien quatre noms, comme la brochure, mais Armand (qui de façon peu vraisemblable est selon le catalogue de la BNF Armand Joseph Overnay, 1799-1869) cède sa place à un certain Croiset, Armand Croizette selon le site lesarchivesduspectacle.net.]
On a donné hier à ce théâtre le première représentation de Maria, ou la Forêt de Limberg, pantomime dialoguée en trois actes. Si l'on nous demande : Le sujet est-il neuf ? nous répondrons : On dit qu'il est d'imagination. Quand aux situations, la plûpart se rencontrent dans beaucoup de pantomimes données jusqu'à ce jour : ainsi elles n'ont pas le mérite de la nouveauté. C'est le : Mutato nomine, de te fabula narratur. Néanmoins cette pièce a obtenu du succès, et l'a mérité par diverses scènes assez bien amenées, par un troisième acte qui, quoique surchargé d'incidens nombreux ne laisse pas que d'intéresser, par un joli ballet au second acte, et par des combats exécutés avec beaucoup de hardiesse et de précision.
Les auteurs de la pantomime sont les citoyens Hector-Chaussier, Croiset, Chàteauvieux et Fleurot-de-Ligny.
Le vieux Fritz et sa femme voulant soustraire Maria leur fille, aux poursuites du comte de Walberg, se sont réfugiés sur les terres de son voisin et y exercent le métier de bûcherons dans la forêt de Limberg. Aucun des ouvriers dont Fritz est le chef ne connoît l'existence de Maria, cachée dans le creux d'un arbre. Mais Walberg est instruit de cette retraite ; il achète le château et la forêt de Limberg, et en qualité de seigneur envoye vers la demeure de Fritz le confident de ses crimes, le cruel Raimburg, qui tire adroitement, de madame Fritz le secret de l'existence et de l'asyle de Maria. Raimburg va aussi-tôt en prévenir Walberg, qui accourt suivi de ses soldats et qui enlève de l'arbre la tremblante Maria. On l'entraîne au château ; là Walberg charge un de ses officiers de parler à Maria en sa faveur. Cet officier est Alexis, jeune homme qui l'aime et en est aîmé. Leur intelligence est bientôt soupçonnée par Raimburg, qui en instruit Walberg. Furieux et jaloux, celui-ci fait charger de fers Alexis, et on l'emmène dans une des tours du château. Maria, gardée à vue, trouve moyen d'échapper à la vigilance de ses gardes ; elle endosse l'habit militaire et vient à la porte de la tour, où avec une pipe et de l'eau-de-vie elle parvient à tourner la tête au factionnaire. Celui-ci tombe ivre-mort. Elle prend sa place, mais on vient la relever. Alors secondée par un officier, ami secret d'Alexis, qui a la clef de la tour, elle y pénètre, tandis que la sentinelle est occupée ailleurs par cet ami ; elle fait sortir sou amant, échappe à toutes les recherches, et est enfin rendue à la liberté par l'arrivée des bûcherons et paysans insurgés, conduits par Alexis, qui n'est autre que le comte de Montchester. Walberg vaincu en bataille l'est encore par son rival en combat singulier.
Tel est le fond de cet ouvrage qui offre plus d'une invraisemblance ; mais c'est le- privilège de la pantomime ; nous n'en citerons qu'une : lorsque la troupe de Walberg arrive au premier acte, Maria qui est allée se cacher dans son. arbre, ne devroit ni se montrer, ni en sortir lorsque Raimburg lui en donne le signal : elle sait que les ennemis sont là, il seroit plus naturel, selon nous, qu'elle refusât de paroître, et que Raimburg fit sapper l'arbre ; elle sortiroit alors forcée par la nécessité.
F. J. B. P. G ***,
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