Marion de Lorme, ou un Moment de Caprice, comédie-vaudeville en un acte, de Chazet et Favières, 13 mars 1813.
Théâtre des Variétés.
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Titre :
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Marion de Lorme, ou un Moment de caprice
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Genre
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comédie-vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose, avec couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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13 mars 1813
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Théâtre :
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Théâtre des Variétés
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Auteur(s) des paroles :
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Chazet et Favières
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Journal de Paris, n° 73 du 14 mars 1813, p. 2 :
[Compte rendu assez étonnant d'une pièce qui a connu les affres de la chute. Tout le début de l'article est consacré à évoquer d'abord la personne de Marion de Lorme sur un ton qui peut surprendre, en prenant pour argent comptant la rumeur de sa liaison avec le cardinal de Richelieu, puis de raconter l'anecdote plutôt mince sur laquelle la pièce est bâtie, une « piquante mistification » qui ridiculise le marquis de Pressac au profit de l'amant en titre de Marion de Lorme, « le brillant et volage chevalier de Grammont » qui se fait passer pour son rival auprès de sa maîtresse. Le trompeur s'excuse probablement auprès de celui qu'il a trompé, mais le chahut qui règne alors dans la salle a empêché qu'on entende ces excuses (elles sont donc pure hypothèse). La pièce comprend aussi une intrigue secondaire (ce doit être une entorse à la règle de l'unité d'action, mais le critique fait comme s'il ne s'en apercevait pas) : il s'agit de montrer que Marion de Lorme est, comme toutes les « galantes héroïnes » de théâtre une femme généreuse et bienfaisante, et c'est le poète Théophile qui profite de son action. Le jugement porté in fine sur la pièce commence par signaler de façon imprécise que la pièce est riche en erreurs de dates et de faits, ce qui ne gêne pas le public du Théâtre des Variétés, venue seulement pour rire. Et il n'a pas ri : la pièce comporte de l'esprit, mais pas assez pour compenser l'absence de gaieté. Et le public a choisi de siffler la pièce au point de conduire les acteurs à se retirer : la pièce n'a pas été achevée. Le critique prend la situation à la légère : « la soirée a fini gaiement pour tout le monde, excepté pour l'auteur ». Le mot chute n'est pas employé...]
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Premiere représentation de Marion de Lorme, ou un Moment de caprice,
comédie-vaudeville en un acte.
Marion de Lorme, contemporaine et amie de Ninon de l'Enclos, fut son émule en galanterie. Toutes deux comptèrent au nombre de leurs conquêtes ce que la France avait de plus distingué par la naissance, les graces et l'esprit. Marion obtint même, à ce que prétendent certains mémoires, un triomphe plus éclatant que tous ceux de son amie. Elle vit à ses pieds ce superbe cardinal, ce ministre-roi, ce Richelieu, devant qui toute la France fléchissait les genoux ; et pour se rendre plus agréable aux yeux de sa maîtresse, ce prince de l'église quittait souvent la pourpre romaine et prenait le costume galant et leste des courtisans les plus élégans ; l'amour a produit, bien d'autres métamorphoses.
Marion usait amplement du privilége accordé en France aux jolies femmes, celui d'avoir des caprices, et c'est une de ses boutades d'amour et d'inconstance qui a fourni le sujet de la pièce jouée hier soir aux Variétés. Parmi ses nombreux amans, il en est un qu'elle préfère, quoiqu'elle tâche de se persuader à elle-même qu'elle l'a tout-à-fait oublié ; l'auteur suppose que cet heureux favori est le brillant et volage chevalier de Grammont ; il est à Londres, et Marion, dont le cœur ne peut rester vacant, croit aimer le marquis de Pressac. Il est jeune, brave, sensible, mais tous ses avantages et tous les sermens de sa belle ne peuvent le garantir de la plus piquante mistification. Il doit le soir s'introduire chez elle ; la porte ne s'ouvrira que pour le manteau rouge. Grammont, qui arrive subitement d'Angleterre, est instruit de tout par une soubrette indiscrète : le bon tour à jouer à Pressac ! Il parvient, sous le prétexte d'aller en bonne fortune, à lui emprunter son manteau, il s'introduit chez son infidèle ; l'amour parle, Grammont, a reconquis tous ses droits, et il montre à Marion par la fenêtre le pauvre Pressac qui promène complaisamment sur la place Royale le cheval de son trop heureux rival.
Grammont va chercher Pressac, et sans doute il s'excuse auprès de lui du mieux qu'il peut, mais il a été impossible de comprendre le résultat de l'explication. Un brouhaha désapprobateur a couvert la voix des deux rivaux.
Pour ne pas manquer à l'usage qui semble prescrire de faire des anges de bienfaisance de toutes les galantes héroïnes qu'on présente sur la scène, on avait cousu au sujet principal un incident qui fournit à Marion l'occasion de faire briller sa généreuse sensibilité.
Le poète Théophile est arrêté, son affaire peut avoir les suites les plus graves. Desbarreaux vient prier la belle amie du ministre d'employer son crédit en faveur de cet infortuné, et bientôt Théophile doit à Marion sa liberté.
Je pourrais faire à l'auteur de justes chicanes sur quelques erreurs de dates et de faits ; mais je pense que l'exactitude historique et chronologique n'était pas le mérite principal que les spectateurs cherchaient dans une pièce des Variétés. Ils voulaient avant tout de l'esprit et de la gaieté, et la dose de l'un n'a pas paru assez forte pour faire excuser l'absence totale de l'autre. On va à ce théâtre pour rire, et quand la pièce n'en offre par l'occasion, on s'amuse d'une autre manière, on siffle pour passer le temps ; c'est ce qui est arrivé hier ; le public a paru prendre tant de goût à ce divertissement, que les acteurs ont été obligés de lui laisser le champ libre ; ils se sont retirés avec l'air de supporter assez galamment cette disgrace, et la soirée a fini gaiement pour tout le monde, excepté pour l'auteur.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome II, p. 213 :
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Marion de Lorme, ou un moment de caprice, comédie-vaudeville en un acte, jouée le 13 mars 1813.
Marion de Lorme n'est pas heureuse au théâtre. Elle a vécu peu de temps au Vaudeville, il y a quelques années. Elle n'a vécu aux Variétés que l'espace d'une soirée. On n'a pas trouvé que la pièce fût assez ingénieuse et assez spirituelle pour compenser l'absence totale de gaieté.
Les acteurs étoient aussi un peu déplacés dans leurs rôles.
D’après le Dictionnaire universel du Théâtre en France... (1867), deuxième partie, biographies, p. 32, Marion Delorme fait partie des multiples œuvres du prolifique Alissan de Chazet, en collaboration avec Favières. La pièce n’a pas été imprimée.
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