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Mélanie ou la Religieuse

Mélanie, ou la Religieuse, drame en vers, en trois actes, de Jean-François de la Harpe, 7 décembre 1791.

Théâtre français de la rue de Richelieu.

Titre :

Mélanie, ou la Religieuse

Genre

drame

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

7 décembre 1791

Théâtre :

Théâtre Français de la rue de Richelieu

Auteur(s) des paroles :

Jean-François de la Harpe

Mercure de France, tome CXXXVIII, n° 5 du samedi 30 janvier 1790, p. 238-240 :

[Dans le compte rendu des Dangers de l’opinion, le critique annonce l'imminence d’une représentation de Mélanie, qui aura la même interprète que la Cécile de la pièce de Laya, ce qui est gage de qualité.]

On nous fait espérer incessamment une représentation de Mélanie ; Mde. Petit, qui doit en jouer le premier rôle, est digne d'associer son talent aux talens du premier ordre.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 51 du samedi 17 décembre 1791, p. 91-94 :

[La pièce de La Harpe a été longtemps interdite, et elle n’a été jouée que dans des représentations privées, dans les Sociétés dramatiques. La qualité de son style était connu, et les « représentations particulieres » avaient permis d’en apprécier en plus « la chaleur du dialogue & l'énergie des situations ». C’est la Révolution qui a permis de jouer enfin au théâtre la pièce après que l’apaisement des troubles politiques a redonné sa place aux arts, et au théâtre en particulier. Il n’a pas pu être monté au Théâtre de la Nation, et c’est le Théâtre de la rue de Richelieu qui a eu le plaisir de « rendre au public la jouissance de chef-d'œuvre ». Pas d’analyse du sujet, ce serait faire injure aux « Amateurs du Théâtre ». C’est de la distribution qu’il est question ensuite. C’est l’occasion de faire la revue de détail des « dissidents » de la Comédie Française qui constituent la troupe de ce nouveau théâtre. Tous ont droit à un bel éloge, avec simplement un bémol pour Mlle Desgarcins, dont la diction se ressent de son habitude de la tragédie : il faudrait qu’elle ait dans sa façon de dire les vers de ce qui est un « drame en vers », situé « entre la Tragédie Héroïque & la haute Comédie » (le critique a le goût répandu de son temps de la classification des genres...). Talma et Monvel sont particulièrement bien traités (Talma, en grands progrès, Monvel renouvelant la façon de jouer le rôle du curé, qu’il rend de façon plus subtile que ce qu’on voyait dans les théâtres de société). Quant au rôle du père, le critique insiste sur un point qui peut nous sembler évident, et qui paraît poser problème aux spectateurs de la fin du XVIIIe siècle : il ne faut pas reporter sur l’auteur ou l’acteur ce qu’un rôle ingrat leur fait dire. Après tout ce qu’il a dit des interprètes, le critique ne peut que vanter le « charme inexprimable » que tous répandent sur la pièce.]

SPECTACLES.

Le Drame de Mélanie parut imprimé en 1770, dans un temps où les Productions de M. de la Harpe se multipliaient, où ses talens armaient contre lui l'envie, où son mérite offusquait celui de ses prétendus rivaux ; ses amis, ses ennemis nombreux, & la partie la plus saine du Public, étrangere aux débats Littéraires, se réunirent à convenir qu'aucune Piece de ce genre, qu'aucun Ouvrage Dramatique, depuis long-temps, sans en excepter ceux de M. D. L H. lui-même, n'offrait un style plus pur, plus élégant, plus correct, & en même temps plus animé : soit que l'effet de la lecture, moins brillant, mais aussi moins dangereux que celui de la représentation, produise des jugemens plus sûrs ; soit que les malveillans, qui se flattaient bien que cet Ouvrage ne serait jamais représenté, pardonnassent à M. D. L. H. une gloire qui leur paraissait moins éclatante, & des succès qu'ils avaient moins de moyens d'étouffer.

Quoi qu'il en soit, une partie de leur attente au moins fut déçue, car toutes les Sociétés Dramatiques s'emparerent de cette Piece, & l'on put admirer, dans des représentations particulière, la chaleur du dialogue & l'énergie des situations, comme en la lisant on avait admiré la beauté du style.

Au moment de la Révolution, lorsque les troubles politiques commencerent à se calmer, & que l'attention plus tranquille put se reporter vers les Arts, le premier qui renaquit fut l'Art Dramatique, comme le plus analogue à la disposition des esprits, comme le plus propre à fortifier les passions qu'il était de l'intérêt commun d'entretenir ; & le premier Ouvrage sur lequel toutes les idées se réunirent, fut Mélanie. De misérables débats d'intérêts entre les Comédiens, accoutumés depuis trop long-temps à la vexation, & les Auteurs, qui voulaient s'arracher enfin à leur despotisme, empêcherent que cet Ouvragc ne fût représenté sur le Théâtre qui s'était déclaré celui de la Nation. Le Théâtre de la rue de Richelieu vient de rendre au Public la jouissance de ce chef-d'œuvre. Il est inutile d'annoncer son succès, qui ne pouvait être que très brillant, & nous ne ferons pas aux Amateurs du Théâtre l'injure de leur en rappeler le sujet. Nous parlerons seulement de la maniere dont il est représenté.

Mlle. Desgarcins rend le rôle de Mélanie avec cette intelligence, cette sensibilité touchante dont elle anime tous ses rôles ; peut-être même met-elle dans celui-ci encore plus de force & d'explosion. Accoutumée au débit des vers tragiques, on pourrait lui reprocher de n'avoir pas encore saisi d'assez près le ton qui convient au drame en vers, & qui doit former une nuance distincte entre la Tragédie Héroïque & la haute Comédie. Un peu plus d’abandon, une diction un peu moins déclamée, sont le degré de perfection auquel il doit lui être facile de parvenir

Mme. Vestris est chargée du rôle de la mere. Ce rôle, d'un intérêt secondaire, ne peut être pour elle l'objet d'un éloge particulier. Ce n'est pas assez pour un talent tel que celui de Mme. Vestris, de dire qu'clle n'y laisse rien à désirer ; mais elle contribue puissamment à la perfection de l'ensemble.

On ne pourrait que répéter pour M Talma les éloges qu’il mérite dans tous ses rôles, si le dernier qu'on lui voit jouer n était pas toujours celui qu'il paraît jouer le mieux. Il n'y a pas deux ans que ce jeune Acteur ne donnait encore que de grandes espérances, & l'on trouve néanmoins depuis longtemps qu'il les a toutes remplies.

Le rôle du pere est nécessairement odieux. C'est le but de la Piece, & l'intention de l'Auteur, aussi ne faut-il attribuer ni à l'Auteur , ni à l'Acteur, M. Desrosieres, les murmures que quelques vers de ce rôle ont excités ; c'est le sentiment, ce sont les principes établis par cet homme aveugle, dur, insensible aux mouvemens de la Nature, & qui n'a que trop de modeles, qui excitent l'indignation des Spectateurs, & ces murmures sont les especes d'applaudissemens auxquels l'Auteur & l'Acteur ont dû prétendre. C’est beaucoup à M. Desrosieres de faire supporter ce rôle, quoiqu'il le rende avec beaucoup de vérité.

Monvel déploie dans celui du Curé un talent trop supérieur, pour n'être pas fort au-dessus d'un éloge banal, mais nous devons remarquer qu'il donne à cc :rôle une physionomie tout-à-fait particuliere, & qui n'est point celle qu'il avait dans les Sociétés. Ce rôle avait toujours été conçu comme celui d'un Pasteur doux & sensible, mais grave & calme. M. Monvel, en l'animant de tout le feu que peut inspirer à un homme de ce caractere, un saint zele pour ses devoirs, & un amour ardent pour l'humanité, l'a rendu infiniment plus théâtral, sans s'écarter de la vérité. — On conçoit qu'une pareille réunion de talens doit répandre sur cet Ouvrage un charme inexprimable.

Mercure français, n° 15 du 14 avril 1792, p. 40-41 :

[Ce très long article, dont je ne reproduis que le début, consacré à décrire la nouvelle édition de diverses œuvres de la Harpe, dont sa pièce Mélanie, la suite, qui occupe les pages 41 à 53, étant consacré à des considérations dues à La harpe lui-même sur les poèmes recueillis dans le volume nouveau. On n’a à retenir ici que l’édition nouvelle de la pièce tient compte des modifications publiées dès 1778.]

Mélanie, Drame en trois Actes & en vers, représenté pour la premiere fois, au Théâtre Français de la rue de Richelieu, le 7 décembre 1791. Nouvelle édition, seule conforme à la représentation, & avec les changemens insérés dans la Collection des Œuvres de l’Auteur, en 1778 ; suivie d’une Épitre sur la Poésie descriptive, des Muses rivales, du Dithyrambe couronné en 1779, du Camaldule, de la Réponse à Rancé, & de Poésies diverses qui n’ont point encore été recueillies. Par M. de La Harpe, de l’Académie Française.

Libertas quae sera tamen respexit.

Virg.               

A Paris, de l’Imprimerie de Didot aîné, et se vend chez Girod & Teissier,Libr. rue de la Harpe, N° 162, près la rue des Deux-Portes. Prix, 4 liv. en papier ordinaire, & 6 liv. en papier velin.

Aucune édition de Mélanie n’avait encore paru avec les changemens & additions considérables que l’Auteur y fit en 1778, lorsqu’il l’imprima dans le recueil de ses Œuvres, huit ans après la premiere publication. Les nombreuses éditions faites dans cet intervalle en France & chez l’Etranger, avaient toutes été modelées sur la premiere, & l’on fit de même pour les suivantes. C’est pour obvier à cet inconvénient, & mettre cet ouvrage plus à la portée de ceux qui ne pourraient pas acquérir l’édition des Œuvres, qu’il a pris le parti de donner cette édition séparée; & d’y joindre, par occasion, des Pieces dont il n’y avait plus d’exemplaires, telles que les Muses rivales & le Dithyrambe ; d’autres qui n’avaient pu être imprimées en France avant le regne de la Liberté, teles que la Réponse à Rané & le Camaldule, qui n’avaient eu place que dans les éditions étrangeres ; & enfin quelques Poésies de divers genres, qui n’avaient paru que dans les Journaux. Cette nouvelle édition, commode pour les amateurs, est du même format & de la même impression que ceux de nos classiques, imprimés en in-18, par Didot aîné, d’après la grande collection du Dauphin.

Dans la base César, quelques représentations privées (mais la liste n’est sans doute pas complète). Après une représentation à Caen le 10 février 1791, la création parisienne a lieu au Théâtre français de la rue de Richelieu, où Mélanie est représentée 17 fois en 1791 et 1792, (plus deux représentations en 1797). Une représentation au Théâtre Feydeau le 28 janvier 1792. Puis, outre quelques représentations en province (Caen, Toulouse), c’est au théâtre de la rue Martin qu’elle est jouée à partir de 1795 (27 représentation jusqu’en 1797. D’autres théâtres parisiens reprennent la pièce à partir de 1797 jusqu’en 1799 (date à laquelle s’arrêtent les données de la base César).

Dans la base Lagrange de la Comédie Française, la pièce n’est connue qu’à partir de sa représentation du 28 novembre 1801, et elle est créditée de 19 représentations de 1801 à 1837. Sa création au Théâtre de la République le 7 décembre 1791 est toutefois signalée, avec les débuts de Mlle Bourgoin (dont le Mercure de France ne parle pas).

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