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Midi, ou le Jour de l'an

Midi, ou le Jour de l'an, impromptu à l'occasion du jour de l'an, en un acte et en vers, de Charles Maurice [Descombes], 1er janvier 1808.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Midi, ou le Jour de l'an

Genre

impromptu à l’occasion du jour de l’an

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en vers

Musique :

non

Date de création :

1er janvier 1808

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Charles Maurice [Descombes]

Almanach des Muses 1809.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome II, février 1808, p. 280-282 :

[La question initiale n’a rien de métaphysique : le critique s’interroge sur ce qui fait qu’on peut dire d’une pièce que c’est un impromptu, puisque le jugement porté sur ce genre de pièce est nécessairement moins sévère que pour une comédie. L’analyse de l’intrigue, faite de façon précise, mais un peu ironique (noter le commentaire concernant l’indispensable servante quand on entre dans le petit cabinet). Intrigue très conventionnelle, et dénouement plutôt facile (mais le critique ne le dit pas : il est plein d’indulgence). Bilan : pièce gaie, pleine de mouvement, mais intrigue sans originalité et pleine d’invraisemblances. Pour le style, versification facile, mais « c'est mieux qu'il ne faut pour un impromptu, et beaucoup moins bien qu'il ne faudrait pour une comédie ». Les acteurs ont droit à une petite leçon de diction, mais c’est le théâtre qui explique ce relâchement. Auteur resté anonyme.]

Midi, comédie impromptu en un acte et en vers, pour le jour de l'an.

Qu'est-ce qu'une comédie impromptu ? Dans combien de temps faut-il l'avoir faite pour que ce ne soit pas un impromptu fait à loisir ? Réponde qui voudra à ces questions, je les trouve trop embarrassantes pour m'y hasarder ; je prends les choses comme on me les donne; une comédie qu'on dit impromptu, je la crois telle, et sans y mettre plus de malice, je la juge comme telle ; car on sait qu'il ne faut pas avoir pour les impromptus autant de sévérité que pour les ouvrages bien médités et limés avec soin, comme on en donne souvent à Louvois.

Caroline, jeune veuve, et cependant encore en tutelle, a reçu un billet anonyme qu'elle soupçonne être de Blinval son amant, brave et galant officier. « Attendez le jour de l'an jusqu'à midi, quelqu'un qui vous intéresse ». Voilà le billet : le tuteur de Caroline, oncle de Blinval est allé à Paris ; rien ne gêne la belle veuve ; elle fait fermer sa porte jusqu'à midi, pensant bien que Blinval saura la forcer : la chose se passe ainsi ; Blinval arrive, entre, et n'ayant qu'une demi-heure à rester, veut épouser Caroline sur-le-champ ; c'est en user avec l'impétuosité militaire ; Caroline l'arrête : « votre oncle, mon tuteur, m'aime et veut m'épouser ». Quel contre-temps ! Blinval commence par se désespérer ; il se flatte ensuite que le récit de ses exploits touchera son oncle, ce qui ne me paraît pas très-sûr, et enfin il entre dans un cabinet avec Caroline, et la suivante, s'il vous plaît, pour qu'il n'y ait pas scandale. Sur ces entrefaites arrive l'oncle que l'on n'attendait pas ; jamais oncle ne vint plus mal à propos ; il veut aller prendre des papiers dans le cabinet, pour arranger son mariage avec sa pupille ; Caroline est sur les épines, mais l'adroit Blinval sort en cachette du cabinet et se glisse sous la table du salon. Le tuteur et la pupille se mettent à déjeûner ; Blinval a l’étourderie de se laisser apercevoir ; l'oncle a l'air de se mordre les doigts et ne dit mot ; tout-à-coup la trompette sonne, il est midi : le régiment de Blinval va partir ; plutôt mourir que manquer à l'appel, cela est très-bien : le jeune officier sort brusquement de dessous la table, se jette au genoux de son oncle, lui raconte ses hauts faits d'armes, lui demande pardon de ses torts, le conjure de lui donner la main de Caroline, attendu, dit-il, que mon régiment va partir. L'oncle le tance sévèrement; la trompette sonne encore; Blinval au désespoir veut s'en aller, son oncle le retient, lui pardonne, le marie à Caroline, et lui dit qu'il en avait le projet depuis long-temps, puisqu’il apporte de Paris un contrat où il ne manque que les signatures ; une main à la plume pour signer, un pied à l'étrier pour partir, l’affaire est faite, Blinval est marié, parti, et la pièce est finie.

Il y a de la gaîté, du mouvement. L’intrigue ressemble à tout ; elle est pleine d'invraisemblances, La versification est facile, sans rien de plus ; c'est mieux qu'il ne faut pour un impromptu, et beaucoup moins bien qu'il ne faudrait pour une comédie. Les acteurs devraient se défaire de la manie d'estropier les vers, de les allonger ou de les raccourcir au gré de leur envie ; cela est d'usage à Louvois ; mais il faut renoncer à ses mauvaises habitudes, quelle qu'en soit l'ancienneté. L'auteur demandé a gardé l'anonyme.

Mémorial dramatique ou Almanach théâtral pour l'an 1809, p. 85 :

Théâtre de l'Impératrice.

Midi, ou Le Jour De L'an, impromptu en 1 acte et en vers, de M. Maurice. (1er. janvier. )

On connaît la charmante pièce de Désaudras,ayant pour titre, Minuit, ou la Veille du Jour de l'An. M. Maurice a voulu donner un pendant à cet ouvrage ; mais, comme il s'y est pris à l'impromtu, Je tableau s'est ressenti de la précipitation avec laquelle il avait été fait.

Blinval, jeune officier, très-vif, très-étourdi et très-pressé, veut épouser impromptu sa maîtresse Caroline : il lui fait tenir un billet, pour la prier de l'attendre le premier jour de l'an, jusqu'à midi. II arrive avant midi, et profite de cet instant pour renouveller à sa maîtresse, les protestations de son amour. Le tuteur de la belle est absent, mais il revient ; notre étourdi se cache dans un cabinet, le tuteur veut y entrer. Blinval s'esquive et vient se cacher sous une table, sur laquelle un déjeûner est servi. L'oncle et la pupille déjeunent, et le pauvre Blinval, dans une position fatigante, est obligé de tout entendre et de ne rien dire. Midi sonne ; c'est l'heure du départ du régiment du jeune fou. Il devrait déjà être marié, il est encore dessous la table : dans son impatience, il sort impétueusement de sa cachette, renverse tout, se jette aux pieds de l'oncle et lui représente la nécessité où il est de se marier en courant. Le bonhomme, qui a justement un contrat dans sa poche, le lui fait signer, s'estimant trop heureux de marier sa nièce avec celui qu'il a trouvé chez elle.

On voit, par cet extrait, que c'est bien un ouvrage impromptu. Cependant,quelques détails agréables, quelques vers heureux, ont été applaudis. Le public a su gré à l'auteur d'avoir fait un effort pour lui offrir des étrennes ; et pour ne point mal commencer l'année, il a écouté la pièce avec indulgence.

 

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