Misère et gaieté

Misère et Gaieté, vaudeville en un acte, de Simonnin, 31 octobre 1809.

Théâtre des Variétés.

Titre :

Misère et gaîté

Genre

comédie mêlée de couplets

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en evrs

Musique :

vaudevilles

Date de création :

31 octobre 1809

Théâtre :

Théâtre des Variétés

Auteur(s) des paroles :

Simonnin

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez M.me Masson, 1809 :

Misère et gaîté, comédie en un acte, mêlée de couplets, Par M. Simonnin. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 31 octobre 1809.

Mercure de France, journal littéraire et politique, tome trente-neuvième (1809), n° CCCCXL (samedi 23 décembre 1809), p. 496-497 :

[Le critique enlève d’emblée toute illusion au lecteur : la pièce dont il va parler appartient à la catégorie des pièces qui ne servent « qu’à faire ouvrir les loges », simples hors-d'œuvre avant la vraie pièce. Les personnages en sont des gens du peuple, dont ils ont la philosophie et le langage de boutique. Un langage dont le critique reconnaît qu’il est fort bien reproduit (« une extrême vérité de dialogue »). Mais pas d’intrigue, pas de gaîté. La pièce comporte des détails agréables, et si elle n’a guère de qualités, elle n’est pas riche de défauts  tout y semble médiocre au critique.]

Théâtre des Variétés. — Dans presque tous les petits théâtres, il existe certaines pièces qui sont en sorte sacrifiées, que l'on joue ordinairement 1es premières, et qui ne servent, suivant l'expression des coulisses, qu’à faire ouvrir les loges. Les acteurs qui dans ces sortes d'ouvrages ont l'air de dire aux spectateurs ce que les paillasses disent en finissant la parade : Messieurs, ne vous amusez pas aux bagatelles de la porte. Ces ouvrages sont, pour l'ordinaire, faits, reçus et joués sans aucune espèce de prétentions ; leur première représentation est à peine annoncée, et l'obscurité dont leur existence est environnée, les met presqu'à l'abri de la critique. Misère et Gaieté est de ce nombre. Les personnages en sont pris dans la dernière classe du peuple : c'est un savetier qui en est le héros, et qui débite des lieux communs de philosophie, traduits dans le langage des habitans de la rue Mouffetard. Cette pièce, sans intrigue et sans gaieté, a cependant un mérite assez grand aux yeux des amateurs de ce genre: Elle est remarquable par une extrême vérité de dialogue, et le naturel y est si frappant qu'on est tenté de croire que l'auteur, M. Simonin , a été écouter aux échoppes.

Un des élémens de succès les plus sûrs au théâtre, c'est le mélange des personnages, des mœurs et des costumes. Des paysans et des gens de la ville, de riches maisons de campagne à côté d'humbles chaumières, le luxe de l'opulence près de la simplicité villageoise, forment un contraste qui plaît dans tous les tableaux : c'est sans doute à ces différentes oppositions que M. Sevrin a dû le succès de la Ferme et le Château. Ce vaudeville rachète la faiblesse de son fonds par des détails agréables. Les couplets ne sont ni piquans, ni bien tournés ; mais ils sont francs, et les airs bien choisis ; le dialogue n'est pas semé de calembourgs, mais il est naturel et bien coupé ; les scènes ne sont pas fortement conçues, mais on y trouve trois ou quatre tableaux villageois assez gais ; enfin, avec un peu d'indulgence de la part du public payant, et beaucoup de bienveillance de la part des amis, la pièce a réussi, et sans assurer de fortes recettes à ce théâtre, elle promet de s’y soutenir quelques mois avec honneur.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome VI, p. 166-157 :

[Pour mettre des « misérables » sur la scène, il faut « leur donner une gaieté philosophique qui les fait paroître moins dégoûtans ». C'est ce que n'a pas su faire l'auteur de Misère et gaîté : l'intrigue, « des plus communes » est encombrée « de lazzis et de jeux de mots » que la rumeur publique attribue à l'acteur Tiercelin, l'interprète de la pièce, ce qui ne semble pas gage de qualité. On remarque dans ce compte rendu un certain nombre de préjugés sociaux dont la Révolution n'a pas su venir à bout.]

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Misère et Gaieté, vaudeville en un acte, joué le 31 octobre.

Il y a au théâtre des choses de convention. On est convenu de n'y mettre jamais de misérables, sans leur donner une gaieté philosophique qui les fait paroître moins dégoûtans : c'est un vernis dont on couvre leurs haillons. Les savetiers ont toujours été représentés chantant et s'ennivrant au milieu des cris de leurs femmes et de leurs enfans, des huissiers qui les saisissent et des records qui les mènent en prison. Le Sganarelle de Molière a servi de type à ces copies informes : mais quelle différence entre l'original et les copies. Molière n’a point fait un raisonneur en guenilles qui donne des leçons d'humanité à un huissier, et qui prêche aux gens du monde la pratique de vertus qu'il ne peut connoitre. Sganarelle parle fagots, et un savetier doit parler savattes : mais il y a loin de Molière à l'auteur de Misère et Gaieté. Celui-ci a assaisonné une intrigue des plus communes d'un certain nombre de lazzis et de jeux de mots, dont le comique de Tiercelin fait tout le mérite, et qui, pour la plupart, appartiennent, dit-on, à cet acteur.

L'auteur de Misère et Gaieté est M. Simonnin.

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