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Molé aux Champs-Élysées

Molé aux Champs-Élysées. hommage en vers, mêlé de chants et de danses, de René Périn et Pillon-Duchemin, musique d’Alexandre Piccinni, ballets d’Aumer, 25 nivôse an 11 [15 janvier 1803].

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Almanach des Muses 1804

Sur la page de titre de la brochure, Paris, se vend au Théâtre, an XI, 1803 :

Molé aux Champs Élysées. Hommage en vers, mêlé de chants et de danses, Par les Citoyens Réné Perin et Pillon ; musique du Citoyen Alexandre Piccinni ; ballets du Citoyen Aumer, Artiste du Théâtre des Arts. Représenté pour la première fois à Paris, sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, Salle de l'ancien Opéra, le 25 nivôse an 11.

Au nom des arts, Molé, reçois cette couronne,
La Gloire la tressa, la France te la donne.

Scène 7e.

Courrier des spectacles, n° 2142 du 26 nivôse an 11 [16 janvier 1803], p. 2 :

[Le grand acteur Molé est mort, et il s’agit de lui rendre hommage en montrant son arrivée dans l’au-delà. L’article commence par féliciter les auteurs de la pièce, ceux du texte, au plan adéquat, mais assez mal servi par les acteurs, celui de la musique, une musique « douce et analogue au sujet », celui des ballets enfin. Les costumes sont également très bien adaptés, et un acteur est loué pour avoir su s’habiller comme Molé. La pièce présente l’arrivée de Molé aux Champs-Élysées, occasion de faire défiler tous les grands noms du théâtre français, auteurs, puis acteurs sous la houlette de la déesse de la tragédie et de celle de la comédie. Et Molé se voit remettre une couronne. Le critique souligne que les deux déesses, qui rivalisaient pour savoir qui d’entre elles l’emporte, ont pris le parterre, et donc le public populaire, comme arbitre.]

Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Molé, après avoir été vu avec enthousiasme pendant plus de quarante ans à Paris, fut vu hier avec plaisir aux Champs-Elysées. Les auteurs de la pièce nouvelle sont les cit. René Perrin et Pillon.

L’idée du plan est assez heureuse ; l’exécution ne le seroit pas moins si les acteurs avoient su se défendre de plusieurs traits emphatiques qui nuisent aux couleurs en les présentant trop fortes, et s’ils ne s’étoient pas quelquefois abandonnés avec négligence à la facilité du style.

Une musique douce et analogue au sujet, de la composition du citoyen Piccini fils, a mérité des applaudissemens. On en a donné de trés justes aux ballets, qui sont dessinés avec grace. Ils sont du cit. Aumer, artiste de l’Opéra. On doit en général des éloges pour le soin qu’ils ont apporté dans leurs costumes pour imiter les personnages qu’ils représentoient. M. Dugrand sur-tout coiffé d’une perruque ronde semblable à celle de Molé dans le Vieux Célibataîaire [sic], offre le portrait fort ressemblant de ce célèbre acteur.

Caron se plaint dans un prologue de n’avoir encore vu paroitre personne de la journée. C’est ainsi qu’il s’exprime en parlant à Mercure :

Les jeux sanglans de Mars sont par-tout suspendus,
La vengeance se tait, l’airain ne tonne plus,
La paix pour mon malheur vient consoler la terre.

Le Messager des Dieux lui annonce l’arrivée de Molé. Le cruel Nautonnier le reçoit et le passe dans sa barque.

L’Elysée paroit : les Ombres exécutent des danses. Melpomène et Thalie se félicitent d’avoir obtenu du maitre des Dieux la faveur de soustraire Molé à la mort. Mercure leur apprend que tous leurs efforts seroient inutiles, que ce grand acteur n’existe plus.

Les deux Déesse veulent le présenter aux illustres habitans de l’Elysée, chacune prétend avoir ce droit, ce qui leur donne lieu de rappeler tous les succès qu’il a obtenus dans la tragédie et la comédie.

Il paroit enfin ; avec lui sont Corneille, Racine, Molière, Voltaire, Piron, Dumoustier. Bientôt ils sont rejoints par Auger, Bellecour, Préville, Desessarts, Caussin, Dangeville, Joly, Desgarcins, Olivier (Il est étonnant qu’on ait omis madame Bellecourt.) C’est au milieu de cette assemblée illustre que les Déesses posent sur la tête de leur favori la couronne qui lui a été si souvent décernée par le public.

Une chose assez remarquable dans cette pièce, c’est que les deux Déesses, dans leur différend, prennent le parterre pour juge.

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