Monsieur Giraffe, ou la Mort de l’ours blanc, vaudeville en un acte, de M. Bernard de la Rue-aux-Ours. 27 décembre 1806.
Théâtre des Variétés-Montansier.
Le pseudonyme M. Bernard de la Rue-aux-Ours cache une belle brochettes d’auteurs comiques : Marc-Antoine Désaugiers, Francis (baron d'Allarde), Chazet, Moreau, Servière, Merle, Mario Coster, G. Duval et Ravrio.
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Titre
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Monsieur Giraffe, ou la Mort de l’ours blanc
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Genre
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vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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27 décembre 1806
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Théâtre :
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Théâtre des Variétés-Montansier
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Auteur(s) des paroles :
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Bernard, de la Rue-aux-Ours (Marc-Antoine Désaugiers, Francis (baron d'Allarde), Chazet, Moreau, Servière, Merle, Mario Coster, G. Duval et Ravrio)
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Cavanagh, 1807 :
Monsieur Giraffe, ou la Mort de l’ours blanc, vaudeville en un acte, de M. Bernard de la Rue-aux-Ours. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés-Montansier, le 27 décembre 1806.
Joseph Marie Quérard, Les supercheries littéraires dévoilées, Volume 1 (Paris, 1871), p. 119, dans l’article consacré à Bernard de la rue-aux-Ours :
Monsieur Giraffe, ou la Mort de l'Ours blanc, vaud. [Par MM. Désaugiers, Francis (baron d'Allarde), Chazet, Moreau, Servière, Merle, Mario Coster, G. Duval et Ravrio,] Paris. 1807, in-8.
Courrier des spectacles, n° 3608 du 28 décembre 1806, p. 2 :
[Deux pièces nouvelles le même soir. Une seule a plu. Après un « ouvrage froid et vague », la Mort de l’Ours blanc a fait crouler de rire toute la salle : c’est « une folie fort gaie », à laquelle les deux comiques de la maison apportent beaucoup par leur jeu, mais aussi leurs costumes. Le journal y reviendra. En attendant, on apprend le nom de l’auteur, qui voulait rester anonyme. C’est juste un pseudonyme dont la clé n’est pas donnée.]
Théâtre Montansier.
La représentation au bénéfice de l'estimable caissier de ce théâtre avoit attire un auditoire choisi et nombreux. Des deux pièces nouvelles, l’une (le Chapeau de roses) n’a eu qu’un succès très-médiocre ; l’ouvrage est froid et vague. Mais la Mort de l’Ours blanc, cette cruelle catastrophe qui devoit arracher des larmes à tous les bons cœurs, a excité des rires inextinguibles (1). C’est une folie très-gaie, que le jeu de Brunet et de Tiercelin rend encore plus bouffonne ; leur costume même ne sert pas peu à mettre l’auditoire en bonne humeur. L’un est vêtu d’un habit couleur de tigre, et l’autre, d’un habit à barre comme la peau d’un zèbre. Ils sont l’un et l’autre coëffés d’une perruque faite de la dépouille de l’ours blanc. Le texte répond aux gravures, comme cette farce sera vraisemblablement fort courue, nous en parlerons plus au long. L’auteur ayant été vivement demandé, Brunet est venu an noncer que cet ouvrage étoit de M. Bernard de la rue aux Ours , lequel vouloit garder l’anonyme.
(1) La pièce se vend chez Mad. Cavanagh, Passage du Panorama, N°. 5.
Courrier des spectacles, n° 3609 du 29 décembre 1806, p. 2-3 :
[Deuxième article sur la soirée du 27 décembre, d’abord longuement consacré à parler du déménagement du Théâtre Montansier, du Palais Royal rive droite à la rive gauche. Les habitants de ce nouveau quartier vont pouvoir profiter de ce nouveau spectacle, avec des « pièces agréables ». Pas le Chapeau de Rose, décidément froid bien que pathétique, mais plutôt avec cette Mort de l’ours blanc, relatant certes un « événement funèbre », mais « qui fait beaucoup rire ». Le résumé de l’intrigue insiste sur le caractère burlesque de la pièce située dans le monde de la ménagerie, et mettant en scène des personnages caricaturaux. L’un, amoureux de la fille de l’autre, épousera s’il guérit le malheureux ours blanc malade, mais par distraction, mais aussi parce que la jeune fille ne veut pas de lui, il échoue, l’ours meurt et la fille épouse le jardinier son amant. « Des détails très-burlesques », c’est ce qu’il faut retenir : personne ne peut y résister. Et ces traits d’esprit ont l’immense qualité de ne présenter « jamais rien d'ignoble et de choquant ». La morale est sauve, et ce n’est pas rien.]
Théâtre Montansier.
Représentation au bénéfice de M. Serrot.
L’administration de ce théâtre a voulu marquer les derniers jours de l’année, et les derniers momens de son existence au Palais-Royal par un acte de bienfaisance. C’est faire ses adieux d’une manière honorable.
Dans deux jours les jardins, les nymphes, les murs même de ce lieu enchanteur redemanderout inutilement Brunet et Tiercelin ; les échos ne répéteront plus les noms de Brunet et de Tiercelin. C’est au-delà de la Seine, dans l’enceinte de la Cité qu’ils vont renfermer leur gloire et porter leurs trophées. Déjà les rues de la Calendre, des Marmouzets, de la Barillerie retentissent des accens d’allégresse de leurs heureux habitans, tandis que les arcades du Perron et du Caveau, veuves de leurs plus joyeux ornemens, pleurent l’absence des Jocrisse et des Cadet Roussel.
Partout où Brunet, Tiercelin, Gavaudan, Joly, Dubois, madame Baroyer, mademoiselle Caroline, etc. porteront leurs pas, l’essaim des plaisirs sera à leur suite. On peut présumer d'avance que leur présence va ranimer des quartiers long-tems languissans et privés de spectacles. Ce seront de nouveaux auditeurs ; mais ces auditeurs trouveront aussi un plaisir plus vif dans des pièces qui, pour eux, auront tous les charmes et la fraîcheur de la nouveauté. Quel plaisir de posséder le plus gai des théâtres et des acteurs, dont plusieurs ont un talent réel, à la place de ces tréteaux obscurs sur lesquels on défigure tous les ouvrages qui se jouent sur les autres théâtres. On se propose de piquer la curiosité par un choix de pièces agréables, et de débuter par celles qui, jusqu’à ce jour, ont eu le plus de vogue.
Le Chapeau de Rose sera abandonné. C’est un vrai mélodrame en vaudevilles, bien froid, quoique bien pathétique, où l’on a successivement des scènes d’amour, de haine, de colère, et enfin une cérémonie nuptiale célébrée avec tout l’appareil convenable. Mais on n’oubliera pas la Mort de l’Ours blanc événement funèbre qui fait beaucoup rire, et dont nous avons déjà dit un mot.
Brunet et Tiercelin en sont les personnages principaux. Tiercelin se nomme le Père Latrompe, et Brunet, M. Giraffe. L’un est propriétaire d’une ménagerie ; l’autre en est le médecin. L’ours blanc est malade. C’est la fortune du Père Latrompe. Il a pour l’animal une sensibilité toute particulière. Il appelle M. Giraffe, pour le consulter sur le cas du pauvre animal, et lui promet sa fille Rose en mariage, s’il guérit l’ours blanc. M. Giraffe promet merveille; mais comme il est presqu'aussi laid que son malade, Rose fait usage de toute son intelligence, pour échapper au mariage dont elle est menacée ; elle est secondée par un jeune jardinier, son amant , et par une Mad. Lafine, marchande de lait. On joue quelques tours fort plaisans à M. Giraffe ; un vieil homme et une vieille femme viennent le consulter, l’un pour son chat, l’autre pour son chien. Tandis qu’il s’occupe de ces soins et de son amour, il oublie le pauvre ours, qui meurt dans une convulsion Le Père Latrompe, furieux, expulse le médecin de chez lui, et Rose épouse le jeune Jardinier.
Des détails, très-burlesques, très-gais, ont excité des éclats de rire continuels ; le front le plus sévère se dérideroit à la représentation de cette farce, qui offre souvent des traits spirituels, et ne présente jamais rien d’ignoble et de choquant.
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