Monsieur Jugulo ou les Chercheuses, opéra en un acte, musique de Bianchi, 22 mai 1806.
Théâtre des Jeunes Élèves.
Si le nom du compositeur est donné, celui de l'auteur des paroles reste anonyme. Le compte rendu du Courrier des spectacles dit simplement que c'est « un homme-de-lettres instruit ».
Courrier des spectacles, n° 3399 du 27 mai 1806, p. 2-3 :
[Le premier paragraphe du compte rendu est consacré à souligner la vocation particulière du Théâtre des Elèves, qui regroupe des jeunes artistes en devenir, et qui leur permet de jouer toute sorte de pièces. Ici, c'est d'un petit opéra qu'il s'agit. Elle est due à un auteur connu, qui a mis son expérience au service d'une intrigue gaie (mais son nom n'a pas été prononcé). Par contre le nom du compositeur est donné, et son apport au succès de la pièce est mis en avant : « différens airs très-agréables », une « ouverture [qui] a réuni tous les suffrages ». La fin de l'article résume l'intrigue, une joyeuse farandole de femmes et d'hommes à la recherche de l'âme sœur, les plus jeunes femmes réussissant dans leur recherche d'un époux.]
Théâtre des Elèves.
Rue de Thionville.
M. Jugulo, ou les Chercheuses.
Ce petit spectacle varie son répertoire, sa troupe se recompose, ses acteurs sont pleins de zèle, et font oublier l’absence de ceux qui sont passés sur d’autres théâtres. Comme ils sont la plupart sortis de l’enfance, et que l’on compte parmi eux des sujets de quinze à vingt ans, on a raison d’essayer leurs talens en différens genres. Tantôt c’est une comédie que l’on confie à leur intelligence, tantôt c’est un vaudeville, ou même un opéra : ils sortent avec avantage de toutes les épreuves, et consolent le faubourg St-Germain de l’éloignement des grands spectacles. Il y a quatre ou cinq jours qu’ils ont joué pour la première fois un petit opéra en un acte, intitulé : Jugulo, ou les Chercheuses.
L’auteur, qui a désiré garder l'incognitò, est un homme-de-lettres instruit qui s’est attaché à mettre beaucoup de gaîté dans cet ouvrage, et sur-tout à l’écrire d’un style correct et facile. M. Jugulo a donc réussi, mais il doit aussi une grande partie de son succès à M Blanchi, ce compositeur l’a embelli de différens airs très-agréables ; l’ouverture a réuni tous les suffrages.
M. Jugulo est un procureur que l'on pourroit comparer à Jérôme Pointu, vieux libertin amoureux de sa servante ; mais Jérôme Pointu n’a point de femme, et Madame Jugulo est un Cerbère, qui ne peut voir sans jalousie les attentions de son mari pour la petite Gratiola. Celle-ci est cependant loin d'y répondre, car elle n’aime ni M. Jugulo, ni un petit ramoneur un peu décrassé dans la maison du Procureur ; mais elle a de l'ambition, et elle aspire à échanger son bonnet de grisette contre le chapeau des dames d’un plus haut étage. Elle lorgne M. Cléon maître-clerc, et cherche à lui plaire, tandis que celui ci cherche à captiver le cœur de Rosalba, fille du Procureur. Une veuve nommée Mad. Vétusta cherche de son côté à séduire le beau Clerc ; elle lui offre sa main, ses grands biens, ses jardins et sa maison de campagne. Toutes ces chercheuses, tous ces chercheurs se trouvent réunis adroitement dans un même cadre, où sans se voir, ils s’écoulent mutuellement. La scène se passe dans l’étude du Procureur. Un paravent dérobe Rosalba aux yeux de Jugulo, qui poursuit Gratiola. Derrière eux se cachent Mad. Jugulo et le Clerc. Mad. Vétusta est tapie derrière un rideau de croisée ; et au-dessus de tous, le petit ramoneur qui a grimpé dans la cheminée passe sa tête à travers le trou d'un tuyau de poêle, d’où il guette Gratiola et le Procureur. Celui-ci impatient de trouver une pièce qui doit faire renvoyer le Maître-Clerc, et le délivrer d’un rival redoutable, renverse le paravent. Rosalba, Mad. Jugulo, le Clerc, Mad. Vétusta se montrent aux yeux de Jugulo, et le petit ramoneur tombant de 1a cheminée, achève le tableau. Tout s’arrange ; Rosalba épouse le Maître Clerc, et Gratiola , plus raisonnable dans ses prétentions, donne sa main à l’Enfant de la Maurienne.
La périphrase « l’Enfant de la Maurienne » désigne le ramoneur.
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