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Monsieur Rouf(f)ignac, ou le Donneur de conseils

Monsieur Rouf(f)ignac, ou le Donneur de conseils, comédie en un acte et en vers, de M. Morin, 18 septembre 1810.

Théâtre de l’Impératrice.

[La date de création est celle que donnent Paul Porel et Georges Monval, L’Odéon, histoire administrative, anecdotique et littéraire, p. 247.]

Titre :

Monsieur Rouf(f)ignac, ou le Donneur de conseils

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

18 septembre 1810

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Morin

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XI, novembre 1810, p. 269-272 :

[Le personnage du donneur de conseil pourrait constituer un vrai caractère dans une comédie, et l’exemple du Chrémès de l’Andrienne de Térence en est pour le critique un bon exemple : donneur de conseils, il est lui-même victime chez lui de ce qu’il veut corriger chez les autres. La pièce nouvelle n’a pas le niveau de celle de Térence  son personnage principal est « un misérable escroc, un chevalier d’industrie », surtout désireux de se fair einviter, et qui se soucie peu que ses conseils soient suivis. Le résumé de l’intrigue en montre parfaitement le vide, l’absence d’intérêt et les invraisemblances, et la pièce comme son auteur, nommé malgré les marques d’improbation, ont été copieusement sifflés.]

M. Roufignac, ou le Donneur de conseils, comédie en un acte et en vers, par M. Morin, auteur d'une comédie intitulée l'Arbitre par amour.

Un véritable donneur de conseils pourrait devenir entre les mains d'un Molière ou d'un Destouches un excellent caractère de comédie. On peut faire un personnage fort comique de ces importuns moitié officieux, moitié intrigans, toujours prêts à entrer dans les affaires d'autrui pour les conduire à leur tête, et faire briller leur savoir-faire dans la temps où eux-mêmes ignorent ce qui se passe chez eux, et sont sottement menés par les événemens, ou par des gens qui se prévalent de leur sottise pour les gouverner. Rien de plus divertissant, à mon gré, dans ce genre, que le rôle d'un certain Chrémès d'une pièce de Térence, qui s'amuse à prêcher son voisin, qui se charge de le remettre bien avec son fils, offre sa maison, et prend sur lui tout l'embarras du racommodement, tandis qu'il a lui-même un vaurien de fils qui le mène et qui fait tourner au succès de ses propres intrigues toutes les démarches que le naturel officieux de son père lui inspire pour ces étrangers. A la fin, c'est le voisin qui le prêche à son tour ; il lui dit :

Non id flagitium est, te aliis consilium dare,
Foris sapere ; tibi non posse auxiliarier ?

« N'est-ce pas une honte de vous voir donner des conseils aux gens, étaler votre sagesse chez les autres, quand vous êtes hors d'état de vous conduire vous-même » ?

Le bonhomme Chrémès apprend, à ses dépens, à ne se jamais mêler des affaires d'autrui ; c'est-là la principale morale de la pièce latine.

La comédie de M. Roufignac n'a pas un but aussi relevé. Ce gascon est un misérable escroc, un chevalier d'industrie, qui ne s'avise de donner des conseils que par occasion, seulement pour trouver un prétexte de parler aux gens quand ils se mettent à table. Ensuite on suit, ou l'on ne suit pas son conseil , cela lui est bien égal ; il ne s'en formalise pas. Cette invention n'a, je crois, pas coûté de bien profondes combinaisons à M. Morin. Il n'y a pas d'intentions comiques beaucoup plus heureuses dans le reste. Un M. Dumont a une fille à marier. Il l'avait pro-4 mise à Ch,rles, amant d'Emilie et qui est aimé d'elle; mais, il change d'ayis pour. la donner à un jeune homme demi-fat, demi-njais, nommé Floridor. Charles, tristement éconduit de chez sa maîtresse, rencontre Roufignac, qui gagne dans un instant sa confiance et lui offre ses services. Roufignac va se présenter à M. Dumont qu'il ne connaît point, se donne pour un homme fort riche, et cependant prend place à table sans beaucoup de cérémonies. Après quoi il propose au père de prendre lui-même sa fille pour cinquante mille francs, c'est-à-dire, pour la moitié de la dot qu'elle doit avoir. M. Dumont se moque de lui, et persiste à vouloir faire épouser Emilie à Floridor qu'elle déteste. Le Gascon s'empare à son tour de Floridor au moment où le beau-père vient de lui compter cent mille francs en bons billets, et lui persuade de doubler cette somme au jeu. Floridor perd du premier coup les cent mille francs, et revient ruiné. M. Dumont, qui n'a plus rien à donner à sa fille, déclare alors fort généreusement à Charles qu'il est le maître de l'épouser quand il voudra.

Je ne m'étendrai pas davantage sur cette pièce. Le public a rendu justice au vide de l'action, au manque absolu d'intérêt, aux invraisemblances choquantes qui sautent aux yeux à chaque scène, en sifflant et la comédie et l'auteur quand on est venu le nommer.

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