Mylord Go, ou le Dix-huit brumaire, tableau impromptu en un acte, mêlé de vaudevilles., de Marc-Antoine Désaugiers et Francis, 7 frimaire an 13 [28 novembre 1804].
Théâtre Montansier.
Francis ne figure ni sur la page de titre de la brochure, ni dans les articles rendant compte de la pièce, mais sa participation est admise par les diverses bibliographies.
Almanach des Muses 1806.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Cavanagh, an XIII (1804) :
Mylord Go, ou le dix-huit brumaire, tableau impromptu, en un acte, mêlé de vaudevilles ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre Montansier,
Courrier des spectacles, n° 2835 du 9 frimaire an 13 [30 novembre 1804], p 2 :
[La pièce est une célébration du 18-brumaire et, sous un air léger, confronte l'Angleterre et la France, autour de la guerre et la paix. Le résumé de l'intrigue est vite expédié, une banale intrigue entre un jeune anglais capturé en mer dont le rôle est confié à Brunet – gage qu'il est joué de façon caricaturale –et une jeune française qui lui répond en soulignant que le mariage comme les traités de paix risque bien d'être rompu. Le critique choisit de citer « les couplets qu’on a fait répéter », cités parce qu'ils sont amusants, mais sans doute surtout par ce qu'ils suggèrent. Le troisième couplet est explicitement rattaché à l'actualité (la victoire, les hauts-faits de l'Empereur), et le public est conquis par ces allusions à la gloire des armées françaises. L'interprétation est bonne (mais pas d'interprète féminin parmi ceux qui sont cités). Et l'article s'achève de façon inhabituelle par une publicité pour la brochure, déjà imprimée.]
Théâtre Montansier.
Première représentation de Mylord Go.
M. Désaugiers , auteur de cette jolie petite pièce en vaudevilles,a fait preuve tout à la-fois de gaité, de goût et d’habileté à saisir l’à-propos. Tout un village situé près des rivages de la mer a fait des prèparatifs pour célébrer la fêle du 18 brumaire.
Un bosquet galament illuminé, rempli d'inscriptions qui rappellent diverses époques également destinées à célébrer l'union de deux jeunes gens, Charles, hussard, fils de Lavaleur, invalide, et Lise, fille de M. et Mad. Thomas Charles est allé en course sur mer ; il est attendu, il arrive ayant fait une capture. Cette capture n’est autre que Mjlord Go, jeune officier anglais très-ridicule et très-propre à être berné. Présomptueux comme tous les sots, il croit au premier coup-d’œil avoir inspiré de 1'amour à Lise, ce qui donne lieu à une foule de plaisanteries, d’autant mieux reçues, que c’est Brunet qui est chargé de ce rôle.
Voici les couplets qu’on a fait répéter, et dont on s’est beaucoup amusé :
Mylord Go répond à ceux qui lui demandent comment il s’est laissé prendre :
Air : du Vaudeville de l'Opéra-Comique.
Je pêchois sans songer à rien,
Et Voyez un peu mon disgrâce,
La pêche alloit déjà fort bien
Quand Monsieur donné moi la chasse.
Voyant dans ce moment fatal
Un poisson que la ligne entraîne,
Je crie : Amenez l'animal......
Et c’est moi qu’on amène !
Lorsqu'on lui demande ce qu’il est, il répond,
Air de la Croisée.
Pour peu qu’on soit bien fait et beau,
A Londres aisément on se pousse.
J’aimois tant la mer au berceau,
Qu'à vingt ans j’étois déjà mousse ;
A vingt-cinq ans, le roi me fit
Ecuyer tranchant de la reine,
Et le jour qu’il perdit l’esprit,
Il me fit Capitaine.
Lise, à qui il propose de l’épouser et de l’amener à Londres, lui répond :
Air du Vaudeville du Mameluck.
Un contrat de mariage
Est comme un traité de paix.
Par l’un et l’autre on s’engage
A s'entr’aimer à jamais,
Mais une fois en ménage
De ce contrat dégoûté,
N’en feriez-vous pas l’usage
Que vous faites d’un traité.
Le récit de chaque victoire, chaque expression servant à nous rappeler les hauts-faits de notre Empereur, ont été accueillis avec transport.
La pièce a été bien jouée. On a applaudi particulièrement Bosqnier-Gavaudan, Frédéric et Brunet.
L’ouvrage est déjà imprimé, et se vend chez Mad. Cavanagh, passage du Panorama, N°. 5, boulevard Montmartre.
L.-Henry Lecomte, Napoléon et l'Empire racontés par le théâtre, 1797-1899 (Paris, 1900), p. 110-111 :
Variétés-Montansier, 7 frimaire an XIII (2S novembre 1804) : Mylord Go, ou le Dix-huit brumaire, tableau impromptu en 1 acte, mêlé de vaudevilles, par Désaugiers.
Le laboureur Thomas, père de Lise, et l'invalide Lavaleur, père de Charles, ont choisi, pour unir leurs enfants, le jour de l'avènement au trône de Bonaparte. Un berceau de feuillage, entouré d'inscriptions de victoires et recouvrant le buste du héros, attend les futurs époux. Charles, qui fait partie de l'armée de Boulogne, paraît bientôt ; il a, dans la dernière affaire, pris un Anglais qu'il amène pour servir de divertissement aux siens. Cet Anglais, Mylord Go, est un personnage peureux, grotesque et fat, qui tombe amoureux de Lise, et, berné, par elle, s'enfuit au coup de canon qu'il prend pour le signal d'une bataille. C'est le triomphe de Napoléon que ce bruit annonce, et Charles reçoit la main de Lise, au milieu des acclamations du village. Go, qui s'était caché dans un sac de farine, reparait pour apprendre que Lise, dont il croyait avoir fait la conquête, est l'épouse de Charles : — « Ah ! dit-il avec désespoir, on gravera bientôt sur ma tombe : ci git Go. » — Sur ce calembour on oblige l'Anglais à danser la gigue, et tout finit par des couplets.
Amusant à-propos, qui prenait le public par ses deux faibles, la haine de l'Angleterre et l'admiration du nouvel empereur, célébré par des vers comme les suivants :
Il va, par un serment guerrier,
S'engager, avec le ciel même,
A se consacrer tout entier
Au bonheur du peuple qui l'aime.
Le ciel recevra ses serments,
Sa foi ne peut qu'être sincère,
Puisqu'il remplit depuis dix ans
La promesse qu'il va nous faire.
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