La Noce écossaise

La Noce écossaise, opéra-comique en un acte, paroles de Dumersan et Quétant, musique de Gustave Dugazon, 19 novembre 1814.

Théâtre de l’Opéra Comique.

Titre :

Noce écossaise (la)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Musique :

oui

Date de création :

19 novembre 1814

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

MM Dumersan et Quétant

Compositeur(s) :

Gustave Dugazon

Journal des arts, des sciences et de la littérature, huitième volume (dix-neuvième de l’ancienne collection), n° 333 (cinquième année), 25 novembre 1814, p. 254-255 :

[Jugement plutôt sévère porté sur le « poëme » : trop lent, trop prévisible, trop peu original. La musique est mieux traitée.]

THÉÂTRE DE L’OPÉRA-COMIQUE.

Première Représentation de la Noce Ecossaise, Opéra comique en un acte, de M. ***, musique de M. Gustave Dugazon.

La facilité avec laquelle se contractent les mariages en Ecosse, heureux pays où l'on se passe du consentement des pères, mères et tuteurs, aurait pu inspirer souvent à nos auteurs dramatiques, qui aiment à ne pas trouver de grands obstacles à l'hymen de leurs personnages, le désir de placer dans cette contrée la scène de leurs ouvrages. Déjà le théâtre de la Gaîté avait cherché à exploiter cette mine, dans un petit vaudeville intitulé : La Coutume Ecossaise. L'Opéra Comique a cru sans doute qu'il lui appartenait de la creuser plus avant, mais ses efforts ont été moins heureux.

Lord Clarendon, vieux tuteur de la jeune Clara, n'est pas, comme tant d'autres, amoureux de sâ pupille. Epris seulement de la fortune de Clara, il voudrait qu'elle ne sortit pas de la famille. Il se propose donc de marier la jeune personne à lord Kilman, son neveu, officier de marine. Il est de règle, au théâtre, qu’un prétendu proposé par les parens soit détesté par la future. D'ailleurs celle-ci aime depuis long-temps Alfred, jeune seigneur Ecossais, qui, parfaitement instruit des usages de sa patrie, enlève Clara et la conduit en Ecosse pour l'épouser. Obligés de s'arrêter en route dans une ferme, ils vont y être atteints par Clarendon et Kilman, qui sont à leur poursuite. Heureusement le maitre de la ferme est le père nourricier d'Alfred. Ce jour là même il allait marier sa fille Betzy avec un jeune paysan nommé John. Les deux couples changent d'habits, et lord Kilman, qui a devancé le vieux tuteur, trompé par ce déguisement, conduit lui même à l'autel l'amante d'Alfred, et assiste à leur mariage. Pendant ce temps, un valet a surpris John et Betzy se faisant gauchement l'amour sous les habits de la ville. Persuadé qu'il a découvert les deux fugitifs, il court avertir Kilman qui vient chercher querelle au pauvre John, et s'empare de Betzy. Enfin lord Clarendon arrive, dissipe son erreur, et se voit contraint d'approuver un mariage, auquel il n'est plus temps de mettre obstacle.

Il y a dans cet ouvrage quelques scènes agréables, mais la marche en est lente, et les effets comiques sont presque tous empruntés à d'autres pièces. Le dénouement, beaucoup trop prévu, a fait éclater un orage dont l'approche s'était déjà manifestée par des murmures sourds pendant la durée de la représentation. Cependant le parti de l'indulgence a fini par l'emporter, puisqu'à la demande d'une assez forte portion du parterre, Darancour a pu faire entendre que lé poëme était d'un anonyme, et la musique de M. Gustave Dugazon.

Plusieurs jolis morceaux, surtout le duo entre John et Betzy, et l'aimable gaucherie de Mme. Gavaudan, n'ont pas peu contribué à sauver la pièce d'une chûte complète, et lui procureront peut-être quelques représentations.                          D.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XI, novembre 1814, p. 283-286 :

[Pour une raison mystérieuse, le théâtre de l’action est passé du Béarn à l’Ecosse : il afallu que le compositeur s’adapte ! L’intrigue analysée ensuite est une historie de tuteur qui veut marier sa pupille malgré elle, avec enlèvement (ou plutôt fuite), mariage secret, ratifié ensuite par la signature par erreur du contrat de mariage par le tuteur. Le critique ne souligne même pas que c’est une histoire bien peu nouvelle, il se contente de dire que la pièce est froide, que les scènes s’enchaînent mal, que le dialogue est semé de banalités prétendant à la vertu (il en donne un exemple). La pièce a été sauvée par l’interprétation de madame Gavaudan et par la scène où deux campagnards tentent de se séduire comme deux courtisans. La musique de cette scène est remarquable, mais la pièce tient plus du vaudeville avec des airs nouveaux qu’à l’opéra-comique, ce qui n’empêche pas que certains airs « ont paru fort agréables ». La pièce a été vigoureusement sifflée, mais le nom des auteurs a été demandé; et le compositeur a été nommé.]

La Noce écossaise, opéra-comique en un acte.

C'était d'abord dans le Béarn que devait se célébrer cette noce ; et le climat pour le plaisir, l'amour et la gaîté valait mieux que celui d'Ecosse : le nom seul de ce pays a pour les Français un charme bien doux, il réveille le souvenir du bon Béarnais.

J'ignore quels motifs ont déterminé l'auteur à se servir de la baguette magique, qui se joue des distances, et fait faire à un personnage mille lieues en une minute. Il me semble néanmoins que le musicien a dû mal s'accommoder de ce changement subit, car sa musique doit avoir une couleur locale, et le chant des montagnards écossais n'a pas le même caractère que les chants pyrénéens.

Enfin, c'est sous des noms et des costumes écossais que les personnages ont paru.

Lord Clarendon, tuteur de la charmante Clara, est, comme tous les tuteurs de comédie, l'homme le plus contrariant. Il veut la marier à son neveu Kilmar, marin assez déplaisant, tandis qu'elle aime le jeune Alfred, son cousin, qui n'est pas encore majeur, mais qui est émancipé. Nos amans, pour déjouer les projets du tuteur, n'imaginent pas de meilleur moyen qu'un enlèvement. Ils parlent, ils courent, ils arrivent chez le bon William, ancien fermier du père d'Alfred, qui se dispose à marier ce même jour-là l'espiègle Betzy, sa fille, à John, jeune paysan qu'elle aime, quoi qu'il soit, ou peut-être parce qu'il est un peu simple.

William fait le meilleur accueil aux aimables fugitifs, qui faute de chevaux, ne peuvent continuer leur route ; ce contretemps est d'autant plus fâcheux, qu'ils sont poursuivis. Pour tromper les yeux ennemis, ils prennent les habits de John et de Betzy, et William trouve tout simple, pour réparer l'imprudence qu'ils ont commise, de les faire marier sur-le-champ à la place des deux fiancés villageois.

Le marin a suivi de près les deux amans, qu'il ne connaît pas même de vue; il croit voir dans Betzy, revêtue des habits de Clara, la femme que son oncle lui destinait, et le pauvre John qui, sous le costume d'Alfred, joue le rôle du ravisseur, ne lui semble pas avoir des sentimens dignes d'un gentilhomme.

Lord Clarendon, malgré son grand âge et sa goutte, s'est mis aussi à la poursuite de sa pupille. Il arrive ; Kilmar lui apprend qu'il a rejoint les coupables, et lui déclare en même-temps qu'il renonce à la main de Clara. Le tuteur, pour ne pas avoir le démenti, paraît alors décidé à l'épouser lui-même à ses risques et périls ; mais heureusement pour lui, une erreur le préserve de cette sottise ridicule et irréparable sottise ; en croyant signer le contrat de mariage de John et de Betzy, il signe celui d'Alfred et de Clara. Le tuteur et le rival sont ainsi témoins de l'union qu'ils voulaient empêcher.

Cette pièce est en général froide et lente; les scènes sont mal liées, le dialogue diffus et semé de lieux communs à prétention sur la vertu, l'honneur, etc. Les deux derniers vers du premier couplet sont :

Moins l'homme a de science,
Plus il a de vertus.

Cette proposition renouvelée de J. J. Rousseau a été applaudie par des gens qu'on peut croire bien vertueux.

La pièce, qui commençait à chanceler, a été heureusement soutenue par madame Gavaudan Moreau,et sur-tout par une fort jolie scène, dans laquelle John et Betzy, parés de beaux habits, essayent de se faire l'amour comme ils supposent qu'on le fait à la cour ; le compositeur a eu l'occasion de placer là un charmant duo, qui est le morceau le plus remarquable de l'ouvrage.

La coupe de la pièce ne permettait pas au musicien de grands développemens ; elle ressemble moins à un opéra qu'à un vaudeville dont-les airs seraient nouveaux. Il y a plusieurs airs à couplets dont quelques-uns ont paru fort agréables.

L'orage qu'on était d'abord parvenu à conjurer, a grondé avec une nouvelle force au dénouement. Une ronde qui finit la pièce et dont Juliet n'a pu faire valoir les paroles insignifiantes, a été chantée avec accompagnemens de sifflets, et l'on a remarqué dans le parterre des amateurs d'une trés-grande force sur cet instrument-là.

Cependant, les auteurs ont été demandés; et, malgré un très-fort parti d'opposition, Darancourt a obtenu la parole ; il a annoncé que l'auteur du poëme désirait garder l'anonyme, et que la musique était de M. Gustave Dugazon.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome VI, p. 154-156 :

[Après l’analyse du sujet, un jugement qui ne diffère guère de celui de l’Esprit des journaux français et étrangers, sauf que les sifflets ne sont pas mentionnés.]

La Noce Écossaise, opéra-comique en un acte, joué le 19 Novembre.

Le Lord Clarendon. tuteur de Clara, veut la marier à son neveu Kilmar ; mais elle aime le jeune Alfred, son cousin. Nos amans, pour déjouer les projets du tuteur, n'imaginent pas de meilleur moyen qu'un enlèvement. Ils partent, ils courent, ils arrivent chez le bon William, ancien fermier du père d'Alfred, qui se dispose à marier le même jour, l'espiègle Betzy sa fille, à John, jeune paysan un peu simple.

William fait le meilleur accueil aux aimables fugitifs qui, faute de chevaux, ne peuvent continuer leur route. Ce contre-temps est d'autant plus fâcheux qu'ils sont poursuivis. Pour tromper les yeux ennemis, ils prennent les habits de John et de Betzy; et William, pour réparer l'imprudence qu'ils ont commise, imagine de les faire marier sur le champ, à la place des deux fiancés villageois.

Le marin a suivi de près les deux amans qu'il ne connoît pas ; il croit voir dans Betzy, revêtue des habits de Clara, la femme que son oncle lui destinoit, et le pauvre John qui, sous le costume d'Altred, joue le rôle du ravisseur, ne lui semble pas avoir des sentimens dignes d'un gentilhomme.

Lord Clarendon, malgré son âge. et sa goutte, s'est mis aussi à la poursuite de sa pupille. Il arrive; Kilmar lui apprend qu'il a rejoint les coupables, et lui déclare en même temps qu'il renonce à la main de Clara. Le tuteur, pour ne pas en avoir le démenti, paraît alors décidé .à l'épouser lui-même à ses risques et périls ; mais heureusement, en croyant signer le contrat de mariage de John et de Betzy, il signe celui d'Alfred et de Clara, Le tuteur et le rival sont ainsi témoins de l'union qu'ils vouloient empêcher. ,

La pièce a été heureusement soutenue par Madame Gavaudan et Moreaut et surtout par une fort jolie scène, dans laquelle John et Betzy, parés de beaux habits, essayent de se faire l'amour comme ils supposent qu'on le fait à la cour ; le compositeur a eu l'occasion de placer là un charmant duo, qui est le morceau le plus remarquable de l'ouvrage.
Les auteurs ont été demandés : Darancour a annoncé que l'auteur du poème désiroit garder l'anonyme, et que la musique étoit de M. Gustave Dugazon.

D’après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris, répertoire 1762-1972, p. 341, les auteurs du livret sont Théophile Dumersan et François-Antoine Quétant, la musique est de Gustave Dugazon. Sur le manuscrit, titre alternatif : la Noce écossaise, ou l’enlèvement. Créée les 19 novembre 1814, la pièce a connu 3 représentations.

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