La Noce interrompue, ou le Comédien en voyage

La Noce interrompue, ou le Comédien en voyage, comédie-vaudeville, de Merle et Brazier, 2 juillet 1814.

Théâtre des Variétés.

Titre :

Noce interrompue (la), ou le Comédien en voyage

Genre

comédie anecdote, mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

2 juillet 1814

Théâtre :

Théâtre des variétés

Auteur(s) des paroles :

MM. Merle et Brazier

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez J.-N. Barba, 1814 :

La Noce interrompue, ou le Comédien en voyage, comédie anecdote en un acte, mêlée de vaudevilles, De MM. Merle et Brazier ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 2 juillet 1814.

Journal des arts, des sciences et de la littérature, septième volume (dix-huitième de l’ancienne collection), n° 306 (cinquième année), 10 juillet 1814, p. 40-41 :

[La pièce se résume à une anecdote prêtée à un comédien décédé depuis quelques années, ce qui autorise sa présence sur la scène (on ne fait jouer que les morts !). Il s’agit d’empêcher un procès né d’une rivalité sans objet réel : un jeune couple prêt à être marié voit son contrat déchiré, leurs parents se querellant pour une broutille. L’arrivée du comédien permet d’éviter le procès, grâce à sa récitation de deux extraits de pièces, de Molière et de Racine, sur le risque financier que représentent les procès. Bien sûr, il convainc les parents rétifs, et le mariage a lieu. Des couplets ont été redemandés, et l’article en cite un. Un acteur est mis en valeur (les auteurs avaient été cités en début d’article).

Lasozelière est un acteur du théâtre des Variétés, décédé en 1812.]

La Noce interrompue, ou le Comédien en voyage, vaudeville, par MM. Merle et Brazier.

Une anecdote racontée, dit-on, par un ancien acteur nommé Lasozelière, qui était attaché comme secrétaire à l'administration du théâtre des Variétés, a fourni le sujet de ce vaudeville, dont les premières scènes rappellent une comédie de Dufresny. Lasozelière étant mort il y a quelques années, les auteurs ont cru pouvoir se permettre de lui faire jouer un rôle. Il ne saurait s'en fâcher, car il y est présenté d'une manière honorable. Le moyen employé pour dégoûter des procès est un peu uniforme, et l'on en prévoit trop l'issue ; mais les détails rachètent en partie ce défaut.

L'aubergiste Lerond et la fermière Morin vont marier ensemble, l'un son fils Julien, et l'autre sa fille Rose. Lerond donne pour dot 600 fr., et madame Morin sa vache et son ânesse ; une ânesse, s'écrie Julien à Rose, je reconnais bien là ta mère. Tous les apprêts sont faits, les parens sont priés ; il n'y a plus qu'à signer le contrat. Le tabellion leur en fait lecture ; et quand il s'agit d'un petit jardin dont on fait présent aux époux, c'est moi, dit Lerond, qui fais ce don ; non, c'est moi, répond madame Morin. On s'emporte, on se fâche, le contrat est déchiré ; plus de festin, plus de noce ; on va plaider, et pour gagner deux toises de terre, ils vont en manger deux arpens ; un procureur avide se charge des deux causes, attendu qu'avec de mauvais procès il fait de bonnes affaires. Les amans ont ordre de se rendre réciproquement les petits cadeaux qu’ils s'étaient faits. Rose rend un ruban, une croix, un tablier ; mais le coeur que Julien lui a donné, il ne peut pas le lui rendre. Quant à Julien, il ne garde rien, et il rend même à Rose le baiser qu’elle lui a donné la veille. Sur ces entrefaites, arrive le comédien Lasozelière, qui s’intéresse aux amans ; il conçoit l’idée de ramener la paix dans cette famille, et pour cela il a recours à Molière et à Racine. Il débite à madame Morin la tirade des Fourberies de Scapin : de l’argent ! il vous en faudra pour les exploits, pour la consultation, etc.  et à Lerond ces vers des Plaideurs :

Ecoute un fait : depuis quinze ou vingt ans en ça,
Au travers d'un mien pré certain ânon passa, etc.

Cela produit le meilleur effet sur l'esprit de ces bonnes gens ; ils se rapprochent, se raccommodent, se moquent de leur procureur, et invitent à la noce M. Molière et M. Racine, auteurs de leur réconciliation.

Plusieurs couplets ont été redemandés, entr'autres celui-ci :

AIR : Fournissez un canal au ruisseau.

Etre embrassé soir et matin,
Etre un objet de préférence 
D’sa femme être le Benjamin,
Voilà comme un mari commence.
Petit à p’tit éconduit,
Et’ reçu d’un’ manière moins tendre,
Et puis enfin.... vous d’vez m’entendre,
Voilà comme un mari finit.

La pièce est très-bien jouée : Gavaudan surtout a joué rôle du comédien en acteur consommé.                      Sarrazin.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome IV, p. 186 :

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

La Noce interrompue, ou le Comédien en voyage, comédie-vaudeville en un acte, joué le 2 juillet.
Deux amans de village sont prêts à s'unir. On va signer le contrat, lorsqu'il s'élève une discussion entre les parens. Les têtes s'échauffent ; on déchire le contrat, on jette à terre les bouquets, et, au lieu d'aller à la noce, on va chez le procureur du lieu qui entame un bon procès, et se charge des deux causes. Heureusement qu'un comédien, parrain du marié, arrive dans le village. Il est pris pour confident par les deux amans, et se charge de réconcilier les parens, en leur faisant peur des procès. Racine et Molière viennent à sou secours ; il débite à la mère, la fameuse tirade des Fourberies de Scapin, et au père la scène de Chicaneau dans les Plaideurs. Les parens, effrayés, deviennent raisonnables, donnent pour dot à leurs enfans l'argent qu'ils alloient porter au Procureur, et tout le village revient pour célébrer la noce que le Démon de la Chicane avoit interrompue. Ce petit ouvrage
a eu un succès mérité : il est de MM. Merle et Brazier.

Le Spectateur ou Variétés historiques, littéraires, critiques etc. (Malte-Brun), tome II, livraison n° XII, p. 90 :

LA NOCE INTERROMPUE, ou LE COMÉDIEN EN VOYAGE, comédie-anecdote en un acte, par MM. Merle et Brazier.

L'aubergiste Lerond et la fermière Morin, au moment de signer le contrat de mariage de leurs enfans, ont tout-à-coup une vive discussion d'intérêt : voilà la Noce interrompue ; au lieu de ses préparatifs, on s'occupe de ceux d'un procès qu'un honnête procureur se charge de mener bon train ; les deux amans sont prêts à se quitter lorsque survient le comédien en voyage, LASOZELIÈRE (celui qui est mort en 1812 secrétaire du théâtre des Variétés). Il s'intéresse à leurs amours, et promet de rétablir l'union entre les parens ; à cet effet, il déclame à Lerond ces vers des Plaideurs :

Ecoute un fait : depuis quinze ou vingt ans en ça,
Au travers d'un mien pré certain ânon passa, etc.

et à la fermière, le morceau des Fourberies de Scapin : De l'argent ! il vous en faudra pour les exploits, la consultation , etc.

Ce plat de son métier lui réussit complètement, et, au grand regret du procureur, la paix et le contrat se signent, et la noce se continue.

Cette bagatelle a été applaudie ; le jeu de Bosquier-Gavaudan et celui de madame Baroyer en ont assuré le succès.

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