La Nourrice républicaine ou les Plaisirs de l'adoption, vaudeville en 1 acte. Par le c. Piis, 5 Germinal [an 2] [25 mars 1794].
Théâtre du Vaudeville.
La Bibliothèque dramatique de Monsieur de Soleinne, tome 2, p. 178, fait de cette pièce une des nombreuses œuvres communes de Piis et Barré.
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Titre :
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Nourrice républicaine (la), ou les Plaisirs de l’adoption
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Genre
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vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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5 germinal an 2 (25 mars 1794)
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Piis (et Barré ?)
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Almanach des Muses 1795.
Action très-simple.
Le père et la mère Deschamps ont quatre enfans ; la mère Deschamps nourrit le dernier, mais elle a en outre un nourrisson, fils d'un ci-devant, qu'elle croit un bon patriote, parce qu'il a été à la guerre. Son fils aîné, qui revient de l'armée, lui apprend que ce lâche ci-devant vient d'émigrer. Les père et la mère Deschamps prennent le parti généreux d'adopter l'orphelin.
De jolis couplets ; du sentiment.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez le Libraire du Théâtre du Vaudeville, an deuxième :
La Nourrice républicaine, ou les plaisirs de l'adoption ; comédie en un acte mêlée de vaudevilles par le C. Piis. Représentée sur le Théâtre du Vaudeville, le 5 Germinal, an deuxième de la République.
P. 15, une note signale après une suite de trois couplets sur les victoires récentes (Toulon, Spire, Landau...) qu'« on substitue des couplets im-promptus à ceux-ci, dès qu'il y a de nouvelles victoires à célébrer ».
L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-troisième année, tome VI (juin 1794), p. 277-281 :
[La pièce est patriotique, impossible d’en douter : de bons patriotes qui adoptent l’enfant d’un ci-devant, lorsqu’ils apprennent que le père de l’enfant a rejoint l’immigration. Après avoir résumé l’intrigue (fort mince, le critique ne le cache pas), l’article cite une série de couplets qui exaltent les valeurs nouvelles.]
THEATRE DU VAUDEVILLE, RUE DE CHARTRES.
La Nourrice républicaine.
Toutes les pieces qui attaquent les sentimens de la nature sont d'un effet sûr ; c'est ce qui a fait le succès de la Nourrice républicaine, ou les Plaisirs de l'adoption, vaudeville en un acte, joué au milieu des plus vifs applaudissemens sur ce théatre. L'action en est très-simple : le pere & la mere Deschamps ont quatre enfans : la mere Deschamps nourrit le dernier; mais elle a en outre un nourrisson, fils d'un ci-devant noble qu'elle croit bon citoyen, en ce qu'il est allé à la guerre. Son fils aîné, qui revient de l'armée, lui apprend que ce noble vient d'émigrer. Quelle douleur ! Le pere & la mere Deschamps prennent soudain un parti généreux; c'est celui d'adopter l'orphelin que son pere vient d'abandonner en trahissant sa patrie. Tel est le fonds très-léger de cet ouvrage, dont les détails sont d'un intérêt peu commun. Peut-être l'action marche-t-elle lentement ; peut-être aussi est-il ridicule de voir le fils aîné se trouver mal en appercevant l'enfant de l'émigré : quoi qu'il en soit, un sujet si simple avoit besoin d'une grande force de couplets pour se soutenir pendant plus d'une heure, & c'est le mérite qu'on y trouve : tous les couplets de cette bagatelle sont aiguisés par un trait de sentiment, & leur mérite croît avec l'intérêt de l'ouvrage : nous allons citer quelques-uns de ceux que le public a redemandés : Deschamps va donner une leçon de lecture à ses deux plus jeunes enfans, & il chante :
Air: Va, va , mon pere, &c.
Jusqu'à ce qu'un plus habile homme
Puisse leur donner des talens,
C'est la nature qui me nomme
L'instituteur de mes enfans. (Bis.)
Rougirois je d'un pareil titre ?
Bien au contraire. .-. Appuyez-vous !
Mon pauvre pere !
Je me souviens que ses genoux
M'ont servi de premier pupitre. (Bis.)
Le fils Deschamps soulage sa bile, en parlant de l'émigré :
Air : La Parole.
Ce lâche & traître ci-devant,
Dont il faut que le nom s'oublie,
A, malgré notre exploit brillant,
Gagné la frontiere ennemie.
Qu'il faut avoir le cœur méchant !
Qu'il faut avoir de barbarie,
Pour laisser sa maison, son champ,
Pour laisser là son pauvre enfant,
Et pour laisser (bis) sa patrie ! (Bis)
Pendant la cérémonie de l'adoption, le pere & la mere Deschamps chantent sur le berceau.
AlR : Daignez m'épargner le reste.
Être suprême, en son berceau,
Protege-le, je t'en conjure :
Tu ne permets pas qu'un oiseau
Manque ici-bas de nourriture.
Nous le sauvons premièrement
De l'abandon le plus funeste ;
Nous le nourrirons sainement,
Nous l'instruirons civiquernent :
C'est a toi de faire le reste. (Bis.)
Le maire & le fils aîné Deschamps couvrent le berceau de drapeaux.
AlR du vaudeville de la piété filiale.
Puisse-t-il de ce beau drapeau
Distinguer les. couleurs civiques !
Puisse t-il au faisceau des piques
Sourire au fond de son berceau !
Papa, maman, je vous supplie,
N'allez pas en être jaloux :
Il vous a plu de l'adopter pour vous ;
Nous l'adoptons pour la patrie ! (Bis.)
Ces deux couplets du vaudeville sont simples & pleins de sentimens :
Air de Figaro
Femme à tons, femme à caprices,
Tu fais voir un vain dépit,
Quand ton fils, chez sa nourrice,
En te carressant te fuit.
C'est pourtant une justice ;
Et, d'un seul geste, il te dit :
Est bien mere qui nourrit ! (Bis.)
Si d'être un homme inutile
Quelque vieux garçon rougit,
Qu'il vole au fond de l'asyle
Où l'enfant trouvé gémit :
D'une voix douce & fragile
Tous lui crieront de leur lit :
Est bien pere qui nourrit! (Bis.)
Ce joli ouvrage est de Piis, l'un des peres du vaudevile. On l'a demandé à grands cris ; il ne s'est point présenté. Sa piece est très-bien jouée.
(Annonces & avis divers.)
La base César donne deux auteurs à cette pièce : Pierre-Yvon Barré et Pierre-Antoine-Augustin de Piis.
Elle a été jouée 37 fois au Théâtre du Vaudeville, du 25 mars 1794 au 16 mai 1795.
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