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Le Nouveau Magasin des Modernes

Le Nouveau Magasin des Modernes, vaudeville en un acte, de Deschamps et Després, 18 frimaire an 7 (8 décembre 1798).

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Nouveau Magasin des Modernes (le)

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

18 frimaire an 7 (8 décembre 1798)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Deschamps et Després (et Ségur jeune ?)

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le Libraire au Théâtre du Vaudeville, an VII :

[Pas de nom d’auteur sur la brochure.]

Le nouveau Magasin des modernes, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles. Représentée pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 18 Frimaire, an 7.

Courrier des spectacles, n° 656 du 19 frimaire an 7 [9 décembre 1797], p. 2-3 :

[La pièce nouvelle n’est qu’un prétexte à chanter « des couplets très-piquans et très-épigrammatiques », dont beaucoup ont plu. Et les auteurs, signe de succès, ont été nommés. Sinon, une vague intrigue qui enchaîne des « scènes à tiroir », tournant autour du théâtre, ridiculisant divers types d’auteur, ce que le public du temps devait décrypter avec bonheur. D’autres scènes montrent des personnages à la mode, tel ce « banquier de biribi », un jeu de hasard se rapprochant du loto, pour finir par « le bon Pannard » (1689-1765, auteur d’un Magasin des modernes, opéra-comique créé en 1736). Le grand mérite de la pièce, ce sont ses couplets, et l’article s’achève sur deux de ceux que le public a redemandés.]

Téàtre du Vaudeville.

Le Nouveau Magasin des Modernes, vaud. en un acte, a été donné hier avec succès. Les auteurs ont été demandés, ce sont les citoyens Deschamps et Desprez, fort connus par d’autres jolies productions.

Mercure chassé de l’Olympe par Jupiter, s'est décidé à passer le tems de son exil à Paris, et à y établir un magasin de modernes. On voit se présenter à lui plusieurs personnages épisodiques, entr’autres un auteur qui n’a pas pu réussir même dans un opéra-comique, et qui s’est borné à faire des pantomimes ; un autres auteur de scènes à spectres, à cavernes, à tombeaux et autres gentillesses de cette nature ; et enfin un certain Tapagio, musicien à grand fracas, et préférant le bruit de deux canons obligés à la plus douce mélodie. Ces trois personnages sentent le besoin de se réunir pour faire leurs beaux chefs-d’œuvres, ils auraient dû au moins ne point oublier le décorateur, qui leur est de la plus grande utilité. Les autres personnages sont : un fat ignorant, comme on en voit tant aujourd’hui ; la déesse de la mode, qui subjugue toutes nos belles ; un banquier de biribi ; un entrepreneur de jardin public ; enfin le bon Pannard, qui le premier fit le Magasin des Modernes, opéra joué en 1736 à la Foire St-Germain.

Ces différentes scènes à tiroir ne sont placées que pour faire ressortir des couplets très-piquans et très-épigrammatiques : beaucoup ont été vivement applaudis. Voici ceux que le public a le plus goûtés ; quelques-uns ont été redemandés.

Couplet chanté par le Jeune fat ignorant.

Air : D'Exaudet.

        Tel de qui
        Le wiski
        A des ailes,
Tel qui sait papillonner,
Danser, valser, lorgner,
Nommer toutes les belles,
        En jockeis,
        En bocquets
        Se connoitre
Au spectacle, au cours, au bois,
Presque par-tout a la fois
        Paroitre
Près de la beauté suivie,
Remplir ses rivaux d’envie,
        A leurs yeux
        Etre heureux,
        Infidèle
Pour réussir en effet :
Voilà le plus parfait
        Modèle.

Pannard.

Air Nouveau du citoyen Rosières.

Nous disons de maint drame triste,
Dont le style est d’horreur bouffi,
                                Fi.
Nous disons aux auteurs d’Egisthe,
De Marius, d’Epicharis,
                                Bis.
Nous disons voyant l'étalage
De certains Crésus prospérants
                                Rends.
Nous disons de maint équipage
D’un grand éclat et d’un grand prix,
                                Pris.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an VII, IIe trimestre, n° 17 (20 Ventôse), p. 505-506, annonce ainsi la publication de la brochure :

Le Nouveau magasin des modernes, comédie en un acte mêlée de Vaudevilles, représentée pour la première fois sur le théâtre du Vaudeville, le 18 Frimaire an VII ; prix 1 fr. 5o c., avec 16 airs notés. A Paris, chez le libraire du théâtre du Vaudeville , rue de Malte.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, 1798, tome IV, p. 540-541 :

[Le succès de cette pièce épisodique n’interdit pas au critique de souligner sa parenté avec une pièce contemporaine, le Marchand de ridicules (sans doute Arlequin, marchand de ridicules de Dumersan, joué au théâtre Sans Prétention). Une parenté dont il affirme qu’elle est « sur le même plan », mais aussi qu’elle ne porte pas sur les détails, qui « n’ont rien de commun ».]

Le Nouveau Magasin des Modernes, au Vaudeville.

On a donné au théâtre du Vaudeville, le 18 frimaire, avec le plus grand succès , une pièce épisodique intitulée Le Nouveau Magasin des Modernes.

Mercure, chassé du ciel, est l'entrepreneur de ce nouveau Magasin, et la déesse de la mode lui amène des pratiques. Viennent alternativement un auteur de pantomimes, qui se donne pour un muet du sérail d'Apollon ; un parvenu, dont l'ignorance est telle qu'en voyant les noms .d'auteurs célèbres, tels que Voiture, Perse, Descartes, etc. il trouve ridicule qu'on mêle ensemble des choses aussi disparates, que des cartes, des étoffes et des équipages. Un entrepreneur de fêtes et un directeur de jeux se succèdent, et viennent prier Mercure d'honorer de sa présence leur maison, afin d'y amener la foule.

Enfin Mercure évoque, du fond des enfers, l'ombre de Pannard, qui, soixante ans auparavant, avoit fait un Magasin des Modernes, et cette scène, qui est une des plus saillantes, termine la pièce. En général elle est très-bien écrite, les couplets en sont fins et soignés, et les idées neuves et piquantes. Cependant nous avons cru remarquer, pour le fond, quelque ressemblance avec un Vaudeville donné avec succès, il y a peu de temps, sur l'un des théâtres du boulevard.

Cet ouvrage est intitulé Le Marchand de Ridicules. La scène de l'auteur semble faite absolument sur le même plan : il y a de même un petit-maître parvenu, et au lieu d'un entrepreneur, c'est un faiseur de ballons qui a aussi un jardin, dans lequel on entre en payant pour le voir vo1er ; nais les détails n'ont rien de commun.

D'ailleurs, Le Nouveau Magasin des Modernes ne peut qu'ajouter à la réputation des citoyens Deschamps et Déprés ses auteurs.

Le Magasin des Modernes, la pièce de Pannard (et Fromaget), opéra comique en un acte, date de 1736, et elle a été joué à la Foire Saint-Germain jusqu’en 1742.

Je n’ai pas trouvé trace dans la base César du Marchand de ridicules. Il faut voir probablement à Arlequin, marchand de ridicules.

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome IV, nivose an 7 (janvier 1799), p. 203-205 :

[La pièce est « une petite bluette pleine d’esprit », qui rend hommage à Panard. Elle a qualités : ses couplets (mérite devenu rare, et souvent mal compris), le refus des allusions personnelles (ce qui limite les plaisanteries possibles). Deux exemples de couplets sont destinés à nous en convaincre. Un ultime paragraphe revient sur la nature de la pièce : une pièce à tiroir certes réussie, mais d’un genre facile, et dont le public pourrait finir par se lasser, tant le théâtre du Vaudeville en produit.]

Le Magasin des Modernes.

On a donné depuis au même théâtre une petite bluette pleine d'esprit, intitulée le Magasin des Modernes.

C'est une imitation du cadre choisi jadis par Panard ; aussi les auteurs, pour lui rendre hommage, ont-ils évoqué son ombre.

Le mérite de ce léger ouvrage est surtout dans la facture & dans le style des couplets, mérite assez rare aujourd'hui, & peut-être senti par assez peu de personnes.

On doit aussi savoir gré aux CC. Deschamps & Després d'avoir banni de leur plan tout ce qui pouvoit prêter aux allusions, de près ou de loin : c'étoit se restreindre beaucoup & sacrifier des succès certains ; ils en ont eu le courage & n'ont pas moins réussi.

Nous citerons les deux couplets suivans.

Il s'agit des nouvelles modes, on a délibéré dans l'Olympe sur un nouveau vêtement composé d'air tissu, & c'est Vénus qui s'est opposée à son introduction :

Seule à peu prés de son côté,
Vénus très-haut sonna l'alarme ;
Elle sentit que la beauté
Doit à la pudeur tout son charme.
Et que les attraits qu'en tous lieux
Sans voile aujourd'hui l'on admire,
A force de parler aux yeux,
Au cœur ne laissoient rien à dire.

L'autre est dans le genre de Panard, & c'est lui qui le chante : on lui demande ce que disent les morts de nos nouvelles mœurs ; il répond :

Nous disons de maint drame triste
Dont le style est d'horreur bouffi,
                                                 fi

Nous disons aux auteurs d'Egypte,
De Marius, d'Epicharis,
                                  ris.

Nous disons, voyant l'étalage
De certains Crésus prospérans,
                                          rens.

Nous disons de maint équipage
D'un grand éclat & d'un grand prix,
                                                    pris.

C'est enfin une des jolies pièces à tiroir de ce spectacle ; mais c'est une pièce à tiroir & l'on ne peut s'empêcher de dire que ce genre est plus facile qu'un autre, qu'il n'a pas assez d'intérêt par lui-même, & que le public pourroit s'en lasser bientôt. On pourroit presque dire que les pièces du vaudeville ne sont aujourd'hui que de jolis almanachs chantans.

Annales dramatiques: ou, Dictionnaire général des théâtres, tome septième (Paris, 1811), p. 47-48 :

NOUVEAU MAGASIN DES MODERNES (le), comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, par MM. Ségur jeune, Deschamps et Després, au Vaudeville, 1798.

Cette comédie fait suite à un opéra comique de Pannard, intitulé : Le Magasin des Modernes. On y remarque une critique fine et spirituelle des ridicules, des travers et des vices de nos jours. Parmi les couplets, en voici un très-piquant que les auteurs ont mis dans la bouche de Pannard, qui, quoique mort depuis long-tems, paraît être au fait de tout ce qui se passe.

Nous disons de maint drame triste,
Dont le style est d'horreur bouffi : Fi ! fi !
Nous disons aux auteurs d'Egyste,
De Marius, d'Epicharis : Bis, bis.
Nous disons, voyant l'étalage
De certains Crésus prospérans : Rends, rends.
Nous disons de maint équipage,
D'un grand éclat et d'un grand prix : Pris, pris.

D’après la base César, la pièce a été joué 33 fois au théâtre du Vaudeville du 8 décembre 1798 au 7 octobre 1799, et 1 fois au Théâtre du Marais (26 décembre 1798). Seuls sont cités comme auteurs Deschamps et Desprès, Ségur ne figure pas dans la liste...

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