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Nantilde et Dagobert

Nantilde et Dagobert, opéra en trois actes, en vers, de Piis, musique de Cambini, 1er octobre 1791.

Théâtre de la rue de Louvois.

Titre :

Nantilde et Dagobert

Genre

opéra

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en vers

Musique :

oui

Date de création :

1er octobre 1790

Théâtre :

Théâtre de la rue de Louvois (Théâtre des Amis de la patrie)

Auteur(s) des paroles :

Piis

Compositeur(s) :

Cambini

Mercure universel, tome 8, n° 217 du lundi 3 octobre 1791, p. 30-31 :

[La première idée développée dans le compte rendu, c'est le goût prononcé de Dagobert pour les femmes. Et c'est de ce trait de caractère que le sujet est tiré. L'intrigue montre Dagobert aux prises avec l'évêque de Paris pour faire sortir Nantilde du couvent malgré l'opposition du peuple qu'il faut convaincre que le roi ne fait rien d'impie. Ce qui compte le plus dans cet opéra, c'est la musique, dont le critique dit qu'elle plait beaucoup par son accord avec le goût du temps, sans être d'une excessive complexité. Décors et costumes, deux domaines où les théâtres font de grands progrès, sont très soignés. Les principaux interprètes sont félicités, et les auteurs ont été demandés, paroles et musique.]

Théatre de Louvois.

Dagobert, roi de France, eut beaucoup de faiblesses pour les femmes ; il en eut trois en même tems, sans parler des concubines ; et dans la suite, sur les remontrances de St.-Amand, il reprit Nantilde, sa seconde femme.

Voilà d’où est tiré le sujet de l’opéra donné avant-hier avec beaucoup de succès, sous le titre de Nantilde et Dagobert. Ce roi occupé des moyens d’arracher sa maîtresse aux vœux du cloître, découvre que l'abbesse de la communauté, a des liaisons avec l'évêque de Paris ; obligé d’user de son autorité pour obtenir Nantilde, il l’amène à sa cour ; mais le peuple égaré par les trames de l'évêque de Paris, vient réclamer Nantilde ; alors le roi, pour conjurer l’orage, fait entendre au peuple que son mariage avec Nantilde ne blesse en rien les intérêts du ciel.

La marche de cet opéra est lente, mais il est écrit, et c’est beaucoup pour un opéra. La musique est riche, abondante, et dramatique, de grands airs, des morceaux d’ensemble, et des beautés d’orchestre ont excité de vifs applaudissemens ; l’expérience apprend que de tous les beaux arts, la musique est le plus dépendant de l’influence de la mode ; par conséquent, la musique qui plaît le plus, n’est pas toujours la plus savante, mais la plus adoptée au goût du siècle.

Rien n’a été négligé pour l’ordonnance des décorations et des costumes ; ils sont fidèlement observés, et transportent le spectateur au tems de l’action. Nous voyons avec plaisir que cette partie essentielle du théâtre fait chaque jour des progrès, et qu’il règne parmi les spectacles une heureuse émulation qui tourne à 1'avantage du public. M. Ducaire, déploye dans le rôle de Dagobert, une justesse et un agrément de chant dignes d’éloges ; madame Ducaire n’en mérite pas moins dans celui d'abesse [sic], dont elle a bien saisi l’attitude. Madame Maillard a débuté avec succès par le rôle de Nantilde, sa manière de chant simple et naturelle, est à la. fois élégante et noble.

On a demandé les auteurs ; M. Piis est celui du poëme, M. Cambini, celui de la musique.

Tome X de la Réimpression de la Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 282 du 9 octobre 1791, p. 62 :

[La pièce est un succès. Son intrigue en fait un des ouvrages dans lesquels on attaque l’institution monastique. Nantilde et Dagobert s’attaque à la fois à l'immoralité des gens d'Église et aux vœux imposés aux jeunes filles dans les monastères. On y voit un roi ramenant ses adversaires « aux lois de la raison et de l'humanité », ce qui permet le mariage de Dagobert et de Nantilde, l’ancienne religieuse qu’il a fait sortir du couvent. L’opéra est « un très-beau spectacle », avec de magnifiques décorations et de superbes costumes. Le livret comporte des « couplets fort plaisants, dont on peut se demander, comme pour le fauteuil du roi, s’il ne faut pas y voir des allusions à la chanson bien connue...]

THÉÂTRE DE LA RUE DE LOUVOIS.

Nantilde et Dagobert, opéra en trois actes et en vers, paroles de M. Piis, musique de M. Cambini, obtient sur ce théâtre beaucoup d'applaudissements.

Nantilde est religieuse malgré elle dans l'abbaye de Romilly. Le roi Dagobert, entré un jour par hasard dans le couvent, est devenu fort amoureux de la jeune professe. Il veut l'arracher au cloître.

L'abbesse, qui parait avoir une intrigue secrète avec l'évêque de Paris, envoie au prélat, par le jardinier du couvent, une lettre et des fleurs. Le galant message tombe dans les mains du roi, qui, chassant aux environs de Romilly, a rencontré le jardinier.

Dagobert vient dans l'abbaye, suivi d'un grand cortège de prélats et d'officiers. Il demande la liberté de Nantilde. Ou la lui refuse d'abord; mais il menace tout bas l'évêque de Paris et l'abbesse de trahir leur secret, dont il est possesseur, et ces pieux personnages consentent à tout ce qu'il désire pour éviter le scandale. Il emmène Nantilde à la cour.

Cependant le peuple, soulevé par des prêtres fanatiques, pénètre jusque dans le palais, et demande que Nantilde soit remise dans sa clôture. Dagobert harangue ces furieux, et les ramène aux lois de la raison et de l'humanité. Ils s'apaisent, et célèbrent dans leurs chants l'union des deux amants.

Cet opéra produit un très-beau spectacle. La partie des décorations et des costumes y est traitée avec soin et magnificence. On se doute bien que le fauteuil du roi Dagobert n'est pas oublié.

On distingue dans les paroles, et l'on fait ordinairement répéter des couplets fort plaisants, dont le refrain est à peu près ce proverbe, qui doit être bien vieux : II n'y a si bonne compagnie qu'il ne faille quitter, disait le roi Dagobert à ses chiens.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 47 du samedi 19 novembre 1791, p. 99-100 :

[Si le critique peut parler d’une pièce jouée sur le tout jeune Théâtre de la rue de Louvois, c’est parce que les anciens théâtres sont peu actifs, ou malheureux dans leurs productions nouvelles. Ce nouveau théâtre veut prendre place parmi les grands théâtres lyriques, et Nantilde et Dagobert a réussi. Mais le critique ne donne les noms ni de l’auteur des paroles, ni du compositeur, alors qu’il apprécie le travail de l’un et de l'autre.]

SPECTACLES.

Le repos des anciens Théâtres, ou le peu de succès de leurs tentatives, nous laisse le temps de parler de ceux qui viennent de s'élever. Celui de la rue de Louvois, qui s'est montré d'abord assez faible dans la Comédie, mais en annonçant la prétention de rivaliser avec tous ceux dont le Chant est l'objet principal, paraît déjà capable de soutenir, à beaucoup d'égards, cette prétention. Ses premiers essais avaient réussi, mais sans amener cette foule qui ne suit que les Ouvrages ou les Acteurs de marque. Nantilde & Dagobert, Piece d'un Auteur distingué, d'ailleurs écrite avec beaucoup d'esprit, & ornée d'une très-jolie musique, a commencé la fortune de ce Théâtre, & en a fait connaître les Acteurs.

L’annonce de la première représentation de Nantilde et Dagobert figure dans le n° 274 du 1er octobre 1791 (tome IX de la réimpression de la Gazette nationale ou le Moniteur universel). Le même journal du 20 novembre 1791 (n° 324), tome X, annonce la 18 e représentation de la pièce.

Dans la base César, la représentation du 20 novembre 1791 n’existe pas, et la pièce est crédité de 24 représentations du 1er octobre 1791 au 2 août 1792 (17 représentations en 1791, 7 en 1792). Le théâtre où ces représentations ont eu lieu est appelé Théâtre des amis de la patrie.

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