L’Officier aux arrêts, vaudeville en un acte, de Delestre-Poirson, 5 juillet 1814.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Officier aux arrêts (l’)
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Genre
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vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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prose, avec couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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5 juillet 1814
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Delestre-Poirson
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Le Spectateur, ou Variétés historiques, littéraires, critiques (Malte-Brun), tome second (été 1814), n° XII, p. 90-91 :
[Compte rendu peu élogieux, mais qui souligne que la pièce ne dépare pas le théâtre du Vaudeville : c’est une production à l’image de la médiocrité de tout ce qu’on y joue (intrigue usée, quasi plagiat). « Le parterre exigeroit-il par hasard une pièce bien conçue, une intrigue, sinon neuve, au moins fine et délicate, avec des caractères tracés de main de maître, dans le court espace d'une demi-heure, et pour la modique somme de 33 sous ? »]
Vaudeville.. — L'Officier Aux Arrêts, vaudeville en un acte, par M. Delestre.
Si l'art de siffler étoit susceptible de quelque perfectionnement, il faudroit l'attendre des habitués du Vaudeville. Depuis quelque temps il semble qu'à ce théâtre les sifflets soient une partie obligée dans la musique de chaque pièce nouvelle : témoin Psyché, Barbanéra, et tout récemment ce pauvre Officier, dont le public vouloit, dès la première représentation, convertir les arrêts en réclusion perpétuelle.
Cette petite pièce, si maltraitée , n'est cependant pas plus mauvaise que beaucoup d'autres jouées souvent au même théâtre : l'intrigue en est usée, peu naturelle, et a surtout le défaut d'offrir une réminiscence tronquée de Guerre ouverte [comédie de Dumaniant en trois actes et en prose, 1786 (titre complet: Guerre ouverte, ou ruse contre ruse] ; mais il y a quelques détails, quelques couplets agréables. N'est-ce point en faveur de semblables ouvrages qu'on a rajeuni le proverbe : la sauce fait passer le poisson. Le parterre exigeroit-il par hasard une pièce bien conçue, une intrigue, sinon neuve, au moins fine et délicate, avec des caractères tracés de main de maître, dans le court espace d'une demi-heure, et pour la modique somme de 33 sous ? S'il en étoit ainsi, comment le Vaudeville pourroit-il chaque soirée jouer régulièrement trois pièces, ce qui en. fait pour l'année mille quatre-vingt-quinze.
Les changemens que M. Deleslre a fait subir à la sienne lui ont valu plusieurs représentations plus heureuses que la première. La situation bien rendue d'un geôlier enivré par son prisonnier a fait rire le public. J'ai dit que l'Officier aux arrêts avoit du moins le mérite de quelques couplets spirituels et bien tournés : j'en citerai un fort joli d'un valet à son maître :
On me cherchoit toujours chicane,
Lorsque l'Amour vous couronnoit :
Je recevois cent coups de canne,
Pour un baiser qu'on vous donnoit.
J'agissois pour vous près des dames,
Mais de nos exploits réunis,
Vous étiez payé par les femmes,
Moi, je l'étois par les maris.
Hyppolite rend avec beaucoup de gaieté le rôle du geôlier; la romance ne paroît point le genre de mademoiselle Rivière ; Henri joue bien froidement le rôle de l’officier aux arrêts ; mais quel rôle joue-t-il autrement? A. R.
Le Journal des arts des sciences et de la littérature, septième volume (dix-huitième de l’ancienne collection, 1814), n° 306 (10 juillet 1814), signale une seconde représentation le 9 juillet, au cours de laquelle « l’auteur a eu le courage de se nommer sur l’affiche ; c’est M. Delestre ».
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VIII, août 1814, p. 295-297 :
[L’article commence à raconter l’intrigue, et s’interrompt assez vite pour rectifier le titre, mal choisi. Le résumé reprend ensuite et l’intrigue suit son cours sans guère de surprise, jusqu’à ce que le prisonnier gagne le pari fait avec son oncle et retrouve la liberté. On peut en déduire que cette gageure réussie s’accompagne d’un mariage... Le jugement porté sur la pièce est sans appel : le critique y voit un cas de vol manifeste, que la qualité de la pièce nouvelle ne permet même pas de justifier. Le public n’a pas été long avant de murmurer, puis de siffler, et la tentative d’un acteur de nommer l’auteur n’a pas abouti : le mystère subsiste sur l’auteur, un jeune auteur sans doute, dont le critique imagine qu’il en voulait au public pour livrer une telle pièce.]
Première représentation de l’Officier aux arrêts , comédie-vaudeville en un acte.
Fréderic est un jeune officier bien brave, mais bien étourdi, qui courtise toutes les femmes, joue, perd, fait des-dettes, ne les paie pas, enfin un jeune homme charmant que sa cousine Adèle croit propre à faire un excellent mari. Mais M. de Volmar, père d'Adèle, vieux militaire, qui n'est pas aussi passionné que sa fille pour les brillantes qualités de son neveu, prétend, avant de consentir à ce mariage, donner au jeune fou une leçon de sagesse. De concert avec le colonel de Fréderic, il le retient prisonnier dans le château-fort qu'il commande; car ce n'est pas l’Officier aux arrêts, mais bien l’Officier en prison. Un officier est aux arrêts chez lui, sur sa parole, ou tout au plus avec un factionnaire à sa porte, quand les arrêts sont forcés ; mais il n'est pas sous la garde d'un geôlier.
Heureusement celui de Fréderic est un ivrogne qu'il est facile de griser pour gagner une gageure dont la main d'Adèle est le prix : c'est un pari qui est le sujet de la pièce. Notre officier et son valet Fritz avaient pris d'abord assez gaîment leur parti ; l'étourdi se félicitait même d'avoir enfin du repos, de n'être plus dès le matin assiégé par d'importuns créanciers, et entraîné le reste du jour par des coquettes ou de jeunes libertins ; il était l'esclave de tout le monde, et ce n'est que depuis qu'il est en prison qu'il jouit d'un peu de liberté. Ces réflexions philosophiques ne l'empêchent pas de solliciter la fin de sa détention ; M. de Volmar a bien le projet de lui rendre la liberté,
Mais, avant de lui pardonner,
Il condamne à l'esclavage,
Sans doute afin de lui donner
Un avant-goût du mariage.
Il rejette la prière de son neveu qui, piqué au jeu, parie avec lui qu'il parviendra à s'échapper. La gageure est acceptée, et le dénouement d'un vaudeville s'opère par un moyen de mélodrame. Secondé par son Fritz, le prisonnier enivre le geôlier, lui dérobe la clef d'une porte condamnée ; il se dispose à fuir, mais surpris par son oncle, il n'a que le temps de se couvrir du bonnet et du manteau de Grégoire, et c'est M. de Volmar lui-même qui, croyant renvoyer le geôlier ivrogne, met sou neveu hors de prison. La gageure est gagnée.
On composerait un répertoire assez nombreux de toutes les pièces dont celle-ci rappelle vivement le souvenir, et une comédie, qui ressemble à tout finit par ne ressembler à rien. Pour comble de mésaventure, l'auteur a oublié l'indulgent article du code littéraire, qui permet de voler quand on tue celui qu'on vole ; il a volé beaucoup de monde et n'a tué personne : c'est humain, mais c'est maladroit.
On peut donner encore un air de jeunesse à un sujet usé en l'ornant de détails gais et de couplets piquans. Une vieille femme a besoin de parure, mais l'auteur n'a voulu tromper personne ; pour le récompenser de sa franchise, tout le monde lui a dit la vérité, et la lui a dite durement. Les murmures, qui. ont commencé de bonne heure, n'ont cessé que pour faire place aux sifflets. Seveste, pour obéir au vœu de quelques curieux malins, a essayé de nommer l'auteur ; mais la compatissante majorité l'a contraint à garder son secret ; est-ce le violer que de dire qu'on attribue généralement cet infortuné vaudeville à un jeune auteur qui, dans un moment de dépit contre le public, avait juré de lui garder une rancune éternelle.... On sait ce que valent les sermens des ivrognes, des joueurs, des amans et des auteurs.
Martainville.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome IV, p. 183
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
L'Officier aux arrêts, vaudeville en un acte, joué le 5 juillet.
Un jeune officier, qui se donne pour très-rusé, n'imagine cependant rien de plus malin pour fuir du château où il est aux arrêts, que de griser son geolier, et de se revêtir de son manteau. Il est cependant arrêté à la porte, et un oncle débonnaire, enchanté de la ruse de l'officier, l'engage à se corriger de son étourderie, et lui fait épouser sa jeune cousine.
Deux ou trois couplets n'ont pu sauver de la chûte une pièce dont le fonds est insignifiant, et l'intrigue mal conduite. L'auteur a voulu se faire connoître, malgré les opposans. On a nommé M. Delestre.
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