L'Oncle et le neveu

L'Oncle et le Neveu, opéra en un acte, d'André-Joseph Grétry neveu, musique de Solié, 6 frimaire an 12 [28 novembre 1803].

Théâtre Montansier

Almanach des Muses 1805

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Chambon, an 12 [1804] :

L'Oncle et le neveu, comédie en un acte et en prose, mêlée de chant ; Par A. Grétry, neveu, Musique de M. Solié. Représentée pour la première fois sur le Théâtre Montansier, le 6 frimaire an 12.

Courrier des spectacles, n° 2459 du 7 frimaire an 12 [29 novembre 1803], p. 2 :

[Il faut un bon paragraphe pour féliciter le Théâtre Montansier d’avoir fait le nécessaire pour devenir un lieu respectable, où on va pouvoir écouter les pièces sans être incommodé par la présence de dames de peu de vertu. Le compte rendu passe ensuite à la pièce, en commençant par la musique agréable, avec deux morceaux remarqués, puis en disant du « poëme » qu’il est bien faible, et que son auteur, Grétry neveu, a voulu aller trop vite, et a gâché son sujet, que le critique résume : une histoire de neveu qui veut se marier autrement que ce que souhaite son oncle. L’oncle lui joue un vilain tour en se mettant sur les rangs des prétendants de sa fiancée. Mais il se laisse prendre à une méchante ruse de valet, et les deux amans se marient avec son assentiment. Encore un oncle victime de la ruse du valet de son neveu. Les interprètes masculins ont joué « avec assez d’ensemble » (un demi compliment...). Mais l'interprète féminine a besoin d’apprendre son métier d’actrice : elle chante bien mais ne sait pas se tenir en scène.]

Théâtre Montansier.

Première représentation de l’Oncle et le Neveu.

Avant de rendre compte de cet opéra, commençons par rendre grâce à l’administration, de l’ordre et de la décence qu’elle a rétablis dans ce théâtre, félicitons-la d’avoir écarté du foyer, sallon aussi riche qu’élégant, cet essaim de femmes galantes dont la présence, le luxe et le ton en éloignoit les personnes honnêtes. Grâce à cette heureuse sévérité, le spectateur attentif, placé du côté de ce foyer, pourra ne rien perdre des ouvrages qu’il lui plaira d’écouter, tandis qu’auparavant il avait à se plaindre d’un bourdonnement presque continuel, occasionné par ceux ou celles qui, durant la représentation, s’y amusoient à causer ou à rire. On s’est déjà apperçu depuis plusieurs jours de ce changement favorable, et hier une société nombreuse et choisie s’étoit réunie dans la salle pour voir l’opéra nouveau.

On connoissoit l’auteur de la musique, et l’on s’attendoit à entendre quelque chose d’agréable. On a été sur-tout satisfait d’un trio entre Valere, Frontin et M. Dormeuil, et d’un duo entre les deux amans qui ne dément point le faire léger et gracieux de M. Solié.

Quant au poëme il est foible, et l’auteur, M. Grétrv neveu, pour avoir voulu mettre de la rapidité, a un peu étranglé son sujet. Du reste il a réussi,quoique quelques sifflets se soient fait entendre à la fin. Les auteurs ne doivent pas s’en formaliser, ceux qui ont sifflé sont sans doute les mêmes que l’on voit applaudir avec enthousiasme ou Jocrisse ou Cadet-Roussel. Leurs improbations sont plutôt un éloge qu’une cri tique.

Valere a quitté depuis trois mois la maison de son oncle Dormeuil qui vouloit le marier contre son inclination. Il s’est introduit avec son valet Frontin chez Lisimon , ancien ami de Dormeuil, dont il aime la fille Lucile. L’oncle en arrivant chez Lisimon y rencontre son neveu dont il apprend les projets de mariage. Pour se venger de •l’abandon où l’a laissé Valère, il feint de vouloir se marier, et demande à Lisimon sa fille pour lui-même.

Valere, désespéré de ce contre-tems, se dispose à partir. Dormeuil craignant quelque nouvelle folie, veut renoncer à sa ruse ; mais Frontin qui s’est apperçu de ses regrets, engage son maître à feindre de l’éloignement pour Lucile et à presser son oncle de l'épouser. Cela ne fait pas le compte du Vieillard, qui est forcé de déclarer qu’il n’a voulu que s’amuser un instant aux dépens du jeune homme, et qui unit, lui-même les deux amans.

Tel est le fonds de cette piece, qui est jouée avec assez d’ensemble par MM..Dubois, Frédéric et Bosquier-Gavaudan.

Mlle Laurenzetti remplissoit le rôle de Lucile. Elle a chanté avec assez de goût et de méthode , mais elle a besoin de travailler pour devenir actrice, et hier son chant seul a pu faire excuser la maniere dont elle s’est tenue en scene au commencement du joli duo qu’elle exécute avec M. Frédéric.

F. J. B. P. G ***.

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