L’Oncle supposé

L’Oncle supposé, comédie en prose et en trois actes, de M. Valville, 28 frimaire an 2 (18 décembre 1793).

Date fournie par l’Almanach historique et chronologique de tous les spectacles, 2e partie (1794), p. 6

Théâtre de Louvois.

Titre :

Oncle supposé (l’)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en prose

Musique :

non

Date de création :

28 frimaire an 2 (18 décembre 1793)

Théâtre :

Théâtre de Louvois

Auteur(s) des paroles :

Valville

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 1 (janvier 1794), p. 331-334 :

[Après le résumé de l’intrigue, non pas un jugement, mais des conseils pour améliorer la pièce : une meilleure intégration à l’intrigue du rôle de la Gilotière, la suppression de deux rôle qui sont jugés inutiles, et bien entendu la suppression de longueurs (de toute façon, si on supprime deux rôles...). Et puis encore; il faudrait simplifier l’exposition. Après ces transformations, qui ne sont pas minces, la pièce « restera au théâtre ». Le compte rendu s'achève sur l’éloge de l’auteur, qui est en même temps acteur du théâtre, et qui a tenu de manière remarquable le rôle de Champagne. Un acteur qui est tellement bon qu’il a failli rejoindre l’opéra comique national : les théâtres sont hiérarchisés !

Remarque en passant : le cadeau de Champagne à Finette (la bourse de la Gilotière) fait penser aux méthodes de « l’intrigant Mirabeau, qui ne dédaigna pas, dit-on, d’en employer quelquefois de pareilles ». Allusion politique finalement plutôt rare dans les comptes rendus...]

L'Oncle supposé, comédie en prose & en trois actes ; par M. Valville.

M. Dumont a promis sa fille Eléonore au fils de Valcourt, son ami ; mais celui-ci, qui aime en secret la belle Angélique, est bien loin de pouvoir s'unir à celle que son pere lui destine. Ah ! sans cette passion, que seroient devenus Florval & Eléonore, qui se sont jurés une fidélité éternelle ? Cependant, comment rompre un engagement sur le point d'être terminé ? Comment faire consentir M. Dumont au mariage d'Eléonore avec son amant, & comment sur-tout obtenir l'agrément de la pigrieche Mme. Dumont ? Champagne, le valet de Florval, & Finette, suivante d'Eléonore, qui s'aiment aussi fort tendrement, conduiront à bien cette aventure.

Ils apprennent de Mme. Dumont que, piquée de ce qu'on ne l'a pas consultée sur le mariage projetté d'Eléonore & de Valcourt, elle veut mettre tout en usage pour l'empêcher de réussir, & que c'est pour cela qu'elle a écrit à un gentilhomme manceau, M. la Gilotiere, de venir à Nantes, s'il veut obtenir la main d'Eléonore. Cet espece d'imbécile arrive ; mais comme Champagne sait qu'un oncle, dont la Gitotiere attend un héritage considérable, quoiqu'il ne le connoisse que par correspondance, ne peut pas venir, & que cependant la Gilotiere compte sur son arrivée, il prend le parti de se faire passer pour cet oncle, & de mettre par ce moyen tous les obstacles imaginables au mariage de l'imbécile gentilhomme.

Il fait tant & si bien, en effet, qu'il y parvient, & que la Gilotiere, dégoûté d'Eléonore, ne soupire plus qu'après l'instant de son départ. Un des moyens que Champagne emploie, & qui offre une situation très comique, est celui où voulant engager Finette à dire tout ce qu'elle sait sur le compte d'Eléonore, sa maîtresse, il feint d'avoir oublié sa bourse, qu'il a l'air de chercher pour récompenser la rusée suivante ; il ne la trouve pas, comme on le pense bien, & la Gilotiere offre la sienne, que Champagne fait accepter à Finette. Cette maniere de faire un cadeau à sa maîtresse eût peut-être été digne de l'intrigant Mirabeau, qui ne dédaigna pas, dit-on, d'en employer quelquefois de pareilles.

Mais revenons à notre sujet. Tout se découvre à la fin, & cette Angélique, aimée par Valcourt, se trouve être la fille du premier lit de M. Dumont, au secours de laquelle ce généreux jeune homme étoit venu en la recevant dans son navire avec sa tante , & les amenant en France. Dumont les croyoit mortes, parce qu'il avoit appris que le vaisseau sur lequel elles étoient embarquées avoit fait naufrage. Mais heureusement il étoit échoué sur une isle déserte, d'où ces infortunées furent retirées par l'équipage du vaisseau de Valcourt.

Qu'on juge de la joie de cette famille, lorsqu'après tant de revers , elle se trouve réunie ! dès-lors plus d'obstacle. Valcourt épouse son Angélique, à la grande satisfaction de son pere, qui vouloit le déshériter avant de savoir qu'elle étoit la fille de son ami Dumont ; celui-ci consent au mariage d'Eléonore & de Florval ; le gentilhomme manceau décampe, après avoir été bien & durement mystifié ; & Champagne en se découvrant, punit assez Mme. Dumont de la démarche hasardée qu'elle a faite, en attirant chez elle, à l'insu de son époux, un imbécile auquel elle vouloit accorder la main de sa fille.

Il sera facile de faire un ouvrage très-agréable de cette comédie, en liant plus intimement au sujet, le rôle de la Gilotiere , en supprimant ceux de la tante d'Angélique, & même de Mme. Dumont, qui sont inutiles, & en faisant disparoître quelques longueurs. Il seroit nécessaire aussi de simplifier un peu l'exposition des événemens qui se sont passés avant l'ouverture de la scene ; mais ces changemens une fois faits, nous croyons que l'Oncle supposé restera au théatre.

Le public accueillit fort bien cette piece à la premiere représentation, & on demanda l'auteur, qui parut. Il avoit lui même joué le rôle de Champagne, & l'avoit joué avec l'entente & le goût que l'on connoît depuis long-tems à cet artiste estimable, qu'on a cru pendant quelque tems appellé au théatre de l'opéra comique national, à cause du succès qu'il y avoit obtenu dans ses débuts.

(Journal des spectacles., &c.)

Je n’ai pas trouvé trace d’un Oncle supposé dans la base César.

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