L'Oncle valet

L'Oncle valet, comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, d'Alexandre Duval, musique de Della-Maria. 18 frimaire an 7 [8 décembre 1798].

Théâtre de la rue Favart, Opéra-Comique

Titre :

Oncle valet (l’)

Genre

opéra-comique (comédie mêlée d’ariettes)

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

ariettes

Date de création :

18 frimaire an VII (8 décembre 1798)

Théâtre :

Opéra-Comique, rue Favart

Auteur(s) des paroles :

Alexandre Duval

Compositeur(s) :

Della Maria

Almanach des Muses 1800

Un oncle, déguisé sous l'habit de son valet, revient chez lui, et veut éprouver ses neveux. Il découvre que l'un, dissipateur, est au fond très-aimable et très-sensible ; et que l'autre, économe, est un hypocrite intéressé.

Fonds léger, dont l'auteur a su tirer parti. Des scènes bien conduites et des détails heureux. Musique qui ajoute à l'opinion qu'on avait déjà prise du talent du C. Della-Maria.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1811 :

L'Oncle-valet, comédie en un acte, en prose, mêlée de chant ; Par Alexandre Duval. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de l'Opéra-Comique en l'an 8, et remise en décembre 1810. Deuxième édition.

Courrier des spectacles, n° 656 du 19 frimaire an 7 [9 décembre 1798], p. 2 :

[Le compte rendu de la pièce nouvelle s’ouvre sur un bouquet d’éloges : tout est bon dans cette pièce, cadre agréable, intrigue, scènes comiques et bien enchaînées, dialogue. Les auteurs ont paru au milieu de l’enthousiasme général. L’intrigue est une nouvelle incarnation de l’oncle qui veut savoir ce que valent ses héritiers présumés. Rien de bien neuf, la servante complice, l’oncle déguisé en valet, et une ruse qui finalement échoue comme toujours. La musique est jugée « légère, gracieuse et savante », et le critique cite deux airs très réussis, ce qui permet de donner la liste des interprètes.]

Théâtre Favart.

Un cadre extrêmement agréable, une intrigue bien conduite, des scènes très-comiques et fort bien amenées, un dialogue facile ont dû contribuer pour beaucoup au succès de l’opéra donné hier à ce théâtre, sous le titre de l’Oncle Valet. Ce charmant ouvrage est des cit. Duval et Della Maria. Ils ont été demandés avec un juste enthousiasme, et ont paru au milieu des applaudissemens.

Dolban, marin fort riche, revient des isles, et avant de se faire conuoître à ses deux neveux, Dumont et Florvel, il veut éprouver leurs caractères. Celui qu’il trouvera le plus digne de son amitié aura la main d’Elise sa pupile. Il a mis dans sa confidence Marie, suivante d’Elise, et se fait passer pour Picard, valet-de-chambre de Dolban, qu’il dit s’être arrêté pour quelque tems à Lorient. Sous ce déguisement, il découvre bientôt que Dumont, qui passe pour une espèce de philosophe, n'est qu’un hypocrite qui, pour obtenir la riche dot destinée à l’époux d’Elise, forme le projet de perdre son cousin dans l’esprit de leur oncle. Florvel, au contraire, est un jeune étourdi, criblé de dettes, mais assez honnête pour rejeter les conseils que lui donne le faux Picard d’enlever Elise pour s’assurer de sa main. On juge que ce dernier caractère plaît assez à l’oncle, disposé à pardonner des erreurs de jeunesse en considération des bonnes qualités du cœur.

Dumont, pour mettre le comble à sa perfidie, ouvre en particulier, avec le prétendu Picard et Marie, un avis qu’il croit propre au succès de ses prétentions sur Elise, c’est de trouver quelqu’un qui se donne pour l’oncle de Florvel, et qui lui enjoigne de retourner à Paris ou de se rendre à l’armée ; Marie pense que Picard feroit l’oncle à merveille, et Dumont donne dans ce piège. Dupe de sa curiosité, Elise qui écoutoit, prend, bien entendu, la chose au sérieux, et informe Florvel de ce complot ; en-sorte que quand l’oncle se présente sous son vrai nom, les amans s’obstinent à ne reconnoître en lui que Picard, et à le traiter toujours comme tel : celui-ci l’embrasse avec une affectation très-ironique ; celle-là trouve étrange qu’il la tutoie, et lui commande le respect. Dolban parvient à se faire reconnoître. Bientôt Dumont arrive, et feint de prendre pour son oncle celui qu’il ne croit au fond que le valet déguisé de Dolban : mais il est fort étonné, quand il voit Picard accorder la main d’Elise à Florvel.

Que l’on joigne à cette agréable intrigue une musique légère, gracieuse et savante, dont on citera l’air chanté en premier lieu par le citoyen Martin, jouant le rôle de Dumont, et le duo entre les cit. Elleviou et Chenard, chargés des rôles de Florvel et de Dolban, et l’on concevra que cette pièce ne pouvoit manquer de réussir.

Tous ces rôles sont joués d’une manière très-piquante, et la cit. St-Aubin, dans celui d'Elise, a charmé les spectateurs, en réunisant la finesse à la naïveté.

La Décade philosophique, littéraire et politique, n° 9 (an VII, Ier trimestre, 30 Frimaire), p. 551-552 :

[Article repris dans l’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, volume IV, nivôse an 7 [janvier 1799], p. 188-189.

Le compte rendu s’ouvre sur la généalogie de la pièce, depuis le roman de Fielding, Tom Jones, jusqu’a toute une collection de pièces en un acte qui reprennent l’opposition de deux frères, entre « un caractère étourdi, léger, mais franc »et « un scélérat hypocrite », en passant par la pièce de Sheridan the Scool for Scandal, qualifié de "drame moral". La pièce de Duval s’inscrit donc dans une riche lignée, mais sous forme d’un « très-court et très-joli petit acte », que le critique qualifie d’esquisse. Il s’agit ici d’un oncle prenant l’habit de son valet pour éprouver ses neveux, et découvre la nature de chacun. La pièce est gaie mais un peu facile sur un sujet qui pouvait être mieux exploité. La musique est qualifiée d’« agréable et facile. Bien jouée par les premiers sujets du théâtre, la pièce a réussi, et les auteurs ont eu l’honneur d’être demandés.]

Théâtre de l'Opéra-Comique-National, rue Favart.

L'Oncle Valet.

L'heureuse opposition d'un caractère étourdi, léger, mais franc et loyal, avec celui d'un scélérat hypocrite qui, sous le masque emprunté de la vertu, parvient à usurper une réputation, et qui calomnie son frère pour le perdre, est une création heureuse de Fielding, dans l'immortel roman de Tom-Jones, et rien n'était plus dramatique.

Sheridan, auteur anglais, a transporté ce sujet sur la scène, dans une excellente pièce que nous appelons improprement l'École du scandale ; The School for Scandai veut dire réellement l’École de la calomnie.

Nous avons plusieurs fois essayé en France de reproduire les situations et les caractères de ce drame moral, et je connais une foule de petits actes qui roulent sur cette base et sur ces deux caractères.

La pièce de l'Oncle Valet n'en est encore qu'une imitation très-légère, mais le C. Duval n'a pris du sujet que ce qui pouvait prêter au comique, et en a fait un très-court et très-joli petit acte, sans s'amuser au développement : c'est une espèce d'esquisse.

Un oncle qui revient et se déguise sous l'habit de son propre valet, pour éprouver ses neveux, et qui parvient ainsi à découvrir que le dissipateur est au fond très-sensible et très-aimable, tandis que l'homme soi-disant rangé, n'est qu'un bas hypocrite intéressé, voilà tout le plan, et l'auteur en a tiré tout ce qu'il était possible d'en tirer dans un acte, et dans un acte mêlé de musique ; mais l'on ne peut s'empêcher de se plaindre un peu de la facilité avec laquelle on déflore ainsi des sujets heureux et des conceptions dramatiques intéressantes, en les traitant avec le pinceau de la miniature. Quoiqu'il en soit, le petit ouvrage fait un très-joli pendant à celui du Prisonnier.

La musique est du grand feseur de petits actes, du C. Della Maria. Elle est agréable et légère, et peut-être même plus soignée que celles qui l'ont précédée.

La pièce, jouée par les premiers sujets, a fort bien réussi, et les auteurs ont été demandés.

L. C.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, tome quatrième, an VII, 1798, p. 530-531 :

[Constat du succès, résumé de l’intrigue, éloge des interprètes, qui ont joué « avec le plus grand ensemble » (c’est loin d’être toujours le cas) et dont on nomme deux acteurs principaux.]

Les auteurs du Prisonnier, les citoyens Duval et Dellamaria, viennent de donner au théâtre Favart un ouvrage qui est digne de ses auteurs, et qu'on a justement applaudi : il est intitulé l'Oncle valet, et voici quelle en est l'intrigue. Dolban, marin fort riche, revient des îles, et avant de se faire connoître à ses deux neveux, Dumont et Florvel, il veut éprouver leur caractère : celui qu'il trouvera le plus digne de son estime aura la main d'Elise sa pupille. Il se fait passer pour Picard , valet-de-chambre de Dolban, qu'il dit s'être arrêté pour quelque temps à l'Orient. Sous ce déguisement il découvre bientôt que Dumont, qui passe pour un philosophe, n'est qu'un hypocrite, et que Florvel au contraire est un jeune étourdi criblé de dettes, mais assez honnête pour rejeter les mauvais conseils du faux Picard.

Dumont, pour mettre le comble à sa perfidie, cherche quelqu'un qui, se donnant pour l'oncle de Florvel, lui enjoigne de retourner à Paris ou de se rendre à l'armée. Picard se charge du personnage de l'oncle ; mais Élise, qui a tout entendu, avertit Florvel de ce projet ; en sorte que quand l'oncle se présente sous son vrai nom, les amans s'obstinent à ne reconnoître en lui que Picard. Cependant il parvient à se faire connoître ; et Dumont, qui arrive, est tout étonné de voir Picard accorder à Florvel la main d'Elise.

Cette pièce a été jouée avec le plus grand ensemble : le citoyen Chenard dans le rôle de l'Oncle valet, et la citoyenne Saint-Aubin dans le rôle d'Elise, ont été justement applaudis.

 

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