L'Opéra-Comique en un acte, de Ségur jeune et Dupaty, musique de Della-Maria, 21 Messidor an 6 [9 juillet 1798].
Théâtre de la rue Favart
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Titre :
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Opéra-Comique (l’)
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Genre
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opéra-comique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ,
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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21 messidor an 6 [9 juillet 1798]
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Théâtre :
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Théâtre de l’Opéra-Comique National, rue Favart
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Auteur(s) des paroles :
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Ségur jeune et Dupaty
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Compositeur(s) :
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Della Maria
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Almanach des Muses 1799.
Un jeune auteur dramatique est amoureux de Laure ; il croit que le plus sûr moyen de s'introduire auprès d'elle, est de flatter la manie d'un oncle qui fait des opéras-comiques ; il lui propose donc d'en faire un avec lui. L'oncle n'est pas dupe de la ruse, mais il s'y prête. Le sujet qu'il choisit est analogue à leur situation respective ; il distribue les rôles, met les amans en scène, précipite ou retarde la marche de la pièce, et la termine en prouvant au jeune homme qu'il eût pu s'épargner la peine de chercher à le tromper, puisque, depuis long-temps il lui destinait sa nièce.
Très-joli ouvrage, musique très-agréable.
Sur la page de titre de la brochure, Avignon, chez les Frères Bonnet, an 7 :
L'Opéra comique, opera-comique en un acte, en prose et ariettes ; Par J. Sêgur le jeune, et Em. Dupaty ; Représenté, pour la première fois, sur le theâtre de l'Opéra-Comique National, rue Favart, le 21 Messidor an VI de la République.
Courrier des spectacles, n° 504 du 22 messidor an 6 [10 juillet 1798], p. 2 :
[L’Opéra-Comique, la pièce nouvelle, a le mérite « d’une contexture simple et tout-à-fait ingénieuse ». Il s’agit d’une histoire d’oncle qu’il faut tromper pour qu’il accepte de donner sa nièce à un jeune homme qui s’introduit chez lui en se présentant comme auteur de théâtre, capable de l’aider dans ses propres productions. Cela conduit à une scène de théâtre dans le théâtre, les personnages jouant leur propre situation. L’oncle feint d’avoir démasqué sa nièce et son amant, avant de cesser de feindre, et de donner son accord à leur mariage, ce qui passe aux yeux du critique pour « une excellente leçon de morale ». La pièce a bien des qualités : détails charmants, vivacité et gaîté, couplets spirituels, et musique tout à fait adaptée aux paroles. Succès complet donc, les auteurs sont nommés, et les trois acteurs principaux sont félicités à égalité.]
Théâtre Favart.
L’Opéra donné hier à ce théâtre, sous le titre de l’Opéra-Comique, est d’une contexture simple et tout-à-fait ingénieuse.
Un homme qui a la manie de faire des pièces de théâtre, et qui d’ailleurs a un véritable enthousiasme pour les poètes, vit dans la plus grande retraite avec une nièce, à l’éducation de laquelle il a donné le plus grand soin, au point qu’elle compose la musique des opéras que fait son oncle. Celui-ci a une pièce commencée, mais qu’il ne peut finir, et court en voir une nouvelle que l’on va représenter pour la première lois. Pendant son absence, Armand qui a fait connoissance de Laure au spectacle, et qui loge devant ses fenêtres, lui demande un entretien chez elle-même, et sacrifie à ces instances le temps qu’il auroit dû naturellement employer à aller voir représenter une pièce qu’il vient de donner ; car il est poëte aussi. Sa pièce a le plus grand succès ; pour s’introduire chez l’oncle, il la lui dédie ; et lui propose ses services pour adapter quelques idées à la pièce que compose c nouveau métromanie. L’oncle n’est pas dupe du stratagême, mais trouve plaisant de s’en amuser. Armand est admis, on compose de compagnier, on convient des rôles d’une manière tout-à-fait plaisante ; Armand doit faire un amoureux, Laure l’mante, et l’oncle une dupe qui doit ensuite annoncer le plus grand courroux. On répète une scène, justement celle de l’aveu ; et cet aveu est exprimé dans une romance composée par l’oncle lui-même, et que, bien mieux, il accompagne au forté, attendu qu’il est tout-à-la-fois et le public et l’orchestre ; vient ensuite le moment de colère de l’oncle désabusé ; celui-ci, pour lors, feignant de remplir son rôle, adresse les plus vifs reproches au jeune homme de s’introduire, sous un prétexte peu plausible, pour tromper un oncle honnête, et séduire sa nièce ingénue. Les jeunes gens apperçoivent que leur flamme et leur feinte sont découvertes, et se retirent confus. L’un gagne lentement la porte et l’autre lentement sa chambre. Eh bien, dit l’oncle, vous vous en allez comme cela ? Attendez , il y a encore une scène ; et cette scène est celle où il embrasse les jeunes gens, et les unit après une excellente leçon de morale.
Tel est le plan de cette pièce dont les détails sont, tous charmans, dont la marche est vive et gaie, dont les couplets sont pleins d’esprit, et dont la musique, parfaitement adaptée aux paroles, porte tout le caractère dont elles sont susceptibles. Le succès de cette agréable production a été complet ; les auteurs ont été demandés,on a nommé pour les paroles les cit. Dupati et Ségur, pour la musique le cit. Della-Maria ; quant au jeu des acteurs on ne sait qui mérite le plus d’éloges du cit. Chenard, de la citoyenne St-A ubin, ou du cit. ElIeviou.
Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 298 du 28 messidor an VI, p. 1194 :
[Un grand succès, pour un opéra comique appelé l’Opéra-Comique, sur le Théâtre de l’Opéra-Comique... Son grand mérite ? Ramener sur la scène une pièce comique, au lieu des opéras larmoyants qui l’occupent le plus souvent et que le critique appelle un « genre monstrueux ». La grande caractéristique que le compte rendu met en avant, c’est la simplicité de l'œuvre : trois personnages, une seule situation, mais une situation ingénieuse, des scènes bien filées, un dialogue naturel. Après avoir résumé l’intrigue en évitant de déflorer le dénouement, c’est la musique qu’il évoque. D’abord la musique a paru inadaptée, et le critique ne peut qu’émettre plusieurs hypothèses : « quelque défaut d'exécution, [...] des paroles trop négligées, ou [...] des coupures musicales auxquelles nous ne sommes pas accoutumés ». Mais la suite a au contraire « réuni tous les suffrages ». Interprétation remarquée, les trois acteurs étant également applaudis.]
THÉATRE DE L OPERA COMIQUE NATIONAL.
C'est avec une bien véritable satisfaction que nous annonçons le succès brillant et soutenu d'un ouvrage dont les représentations se succèdent à ce théâtre avec rapidité. Le titre est l'Opéra comique, et l'ouvrage est lui-même un des plus jolis opéras comiques que nous ayons. Les auteurs ont prêché d'exemple ; puissent-ils avoir de nombreux imitateurs ! Ils ont fait, sans paraître y prétendre , la censure la plus complette du genre monstrueux auquel nos théâtres lyriques mêmes ont été trop long-tems abandonnés ; ils ont heureusement éprouvé que le goût du public était bien loin de ne demander que des opéras larmoyans, des drames en musique ou de véritables pantomimes mêlées d'ariettes, et que le comique véritable, fort de sa simplicité, sait toujours lui plaire.
Leur succès a été complet, et cependant, dans leurs moyens, il n'y avait de peu ordinaire que le goût avec lequel ces moyens ont été employés. Le fond de l'ouvrage est extrêmement léger ; trois personnages lui suffisent. L'acte entier ne présente, à bien dire, qu'une situation ; mais elle est ingénieuse, et les scènes sont si bien filées, le dialogue est tellement naturel, si bien coupé, si facilement spirituel, que cette situation se prolonge sans monotonie. En voici une idée.
Laure, jeune artiste, compose la musique des opéras de son oncle ; un jeune homme, nommé Armand, n'a vu Laure qu'au spectacle, et il en est devenu très-amoureux ; il n'a pu entretenir la jeune personne qu'une fois, et de sa fenêtre. Auteur d'un opéra qui vient de réussir, il imagine un moyen de se présenter chez l'oncle de Laure.
« Je sais, lui écrit-il, que vous composez un opéra sur le même sujet que moi ; je m'empresse de vous rendre le dépositaire de mon ouvrage, si vous ne préférez le terminer ensemble. » L'oncle reconnaît la ruse, et cependant consent à jouer la comédie avec Armand, puisque celui-ci l'a désiré. L'entrevue a lieu ; il s'agit de mettre en répétition, et d'essayer l'effet de l'opéra-comique auquel on travaille. Armand est chargé du rôle d'amant ; Laure sait le sien par cœur, et l'oncle conserve celui auquel il est accoutumé. On dresse le plan, on arrange les scenes, on convient du dialogue, on répète; et dans cette situation , l'amour des jeunes gens et leur vif desir d'être unis, la ruse d'Armand et son embarras sur le moyen de sortir d'affaire tout se découvre aux yeux de l'oncle déjà prévenu : il se charge du dénouement de l'intrigue ; une vive réprimande est adressée au jeune homme ; il lui reproche l'abus de confiance dont il s'est rendu coupable, l'artifice dont il s'est servi.... Déconcertés et tremblans, les deux amans s éloignent.... « Attendez (dit l'oncle qui veut jouer la comédie jusqu'à la fin), il y a encore une scène.... » Il les rappelle, c'est pour les embrasser et les unir.
Nous ne donnerons pas plus de détails sur cette jolie production due aux citoyens Dupaty et Ségur jeune : moins le spectateur est prévenu, plus la représentation d'un tel ouvrage est agréable.
La musique est du citoyen della Maria : c'est celui de ses ouvrages où l'auteur du Prisonnier est le plus facilement reconnu. Nous ne savons si les premiers morceaux ont dû leur peu de succès à quelque défaut d'exécution, à des paroles trop négligées, ou à des coupures musicales auxquelles nous ne sommes pas accoutumés ; ils ont complètement déplu ; mais le duo excellent entre l'oncle et l'amant, le trio de situation, les airs détachés et les couplets, ont réuni tous les suffrages.. Les accompagnemens sont toujours d'une fraîcheur, d'une élégance, d'une simplicité remarquables ; c'est le cachet particulier du jeune compositeur dont nous parlons.
Nous avons dit que trois personnages seulement paraissaient dans l'Opéra-Comique. Ces trois rôles sont joués par la citoyenne Saint-Aubin, Ellevion [sic] et Chenard. Le public ne les a point distingués dans ses nombreux applaudissemens : nous devons les confondre dans l'éloge sincère que nous nous plaisons à leur donner.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1798 (vingt-septième année), tome VIII (août 1798, thermidor, an VI), p. 219-220 :
[Sur un canevas connu (l’oncle-tuteur et sa pupille, le jeune amant, et comment s’introduire auprès de la jeune fille pour la séduire et l’épouser : on a déjà vu bien des fois cette configuration, seuls les détails font la différence), une pièce qui a rencontré un vif succès : dialogue vif, ariettes ingénieuses, situations « neuves, comiques & bien amenées ». Et la musique aussi, de Della Maria, dont le nom n’est pas cité, mais qui est reconnaissable puisqu’on cite un de ses titres célèbres, est digne d’éloges : « remplie de goût, de chant, & même d'harmonie ».]
THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL, RUE FAVART.
L'OPÉRA comique.
Armand, jeune auteur dramatique, déjà couronné par un succès , est amoureux de sa voisine Laure, nièce & pupile [sic] d'un homme âgé, qui a aussi le goût du théâtre, & qui travaille avec elle à un opéra comique, dont elle fait la musique. Ne sachant comment s'introduire dans une maison où il croit n'être pas connu, Armand écrit à cet oncle, pour le prévenir qu'il traite un sujet semblable au sien, qu'ils peuvent se faire un tort réciproque, & qu'il conviendroit mieux de se réunir pour refondre leurs plans dans un seul ; le vieillard, qui apprécie au juste l'intention du jeune homme, fait semblant d'en être la dupe, & le reçoit comme collaborateur ; il va même jusqu'à lui procurer une entrevue avec l'aimable virtuose qui doit mettre leurs paroles en musique ; & , dans une scène consacrée en apparence à la répétition préliminaire de leur ouvrage, il a occasion de reconnoître que les deux jeunes gens sont d'intelligence ; de scène en scène, ils en viennent à une déclaration d'amour, faite avec le ton le plus naturel ; l'oncle se prête à l'illusion, en jouant lui-même un rôle de tuteur, & quand la marche de la pièce lui paroît assez avancée, il la termine par un consentement. Ce dénouement fictif devient aussitôt une réalité, & nos deux amans, quoique dupes de leur propre ruse, sont enchantés de son résultat.
Tel est le fonds de la petite pièce (à trois personnages), donnée sur ce théâtre sous le nom de l'Opéra comique. Elle a obtenu & mérité le plus brillant succès. Le dialogue en est vif, délicat & plein d'esprit ; les ariettes, qui se rapprochent un peu du vaudeville, offrent les idées les plus ingénieuses ; enfin, toutes les situations y sont neuves, comiques & bien amenées. Ce petit ouvrage, nous osons le dire, peut être placé à côté de nos meilleurs en ce genre, & nous retrace toute l'amabilité piquante des Favart & des Voisenon.
Quant à la musique, elle est remplie de goût, de chant, & même d'harmonie, moins simple que celle du Prisonnier ; elle est aussi mélodieuse & peut-être encore plus soignée.
D'après la base César, la pièce a été jouée 57 fois au Théâtre Italien (salle Favart) du 9 juillet 1798 au 6 novembre 1799.
D'après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, il a été repris le 5 octobre 1801 à la Salle Feydeau, et a été joué jusqu'en 1839.
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