L'Orang-outang, ou les Amants du désert, pantomime en 3 actes et à grand spectacle, d'Édouard-Alexandre Bignon, 25 septembre 1806.
Théâtre de la Gaîté.
Le 25 septembre, le Courrier des spectacles, n° 3516, annonce la première représentation de « l'Orang-Outan, ou l‘Homme des bois, pantomime historique en 3 actes à grand spectacle, ornée de danse, musique , décors et costumes nouveaux ». Ce n'est pas le titre proposé par la brochure (absente de Google Books) et par la Bibliotheque Dramatique de Monsieur de Soleinne, tome 3, p. 220, mais c'est néanmoins bien la pièce de Bignon.
Courrier des spectacles, n° 3517, du 26 septembre 1806, p. 2 :
L'Ourang Outang, ou l'Homme des bois. pantomime en trois actes, représentée hier au Théâtre de la Gaîté, n’a obtenu quelques succès que dans les deux premiers actes ; le troisième a éprouvé des marqués d’improbation qui n’ont pas permis de nommer l’auteur.
Courrier des spectacles, n° 3518, du 27 septembre 1806, p. 2 :
[Le compte rendu complet ne revient pas sur l'échec pourtant assez net évoqué la veille dans un court article, le journaliste se limite à évoquer le sort difficile du pauvre singe, avant de dire qu'il ne joue dans la pièce un rôle modeste. Le résumé de l'intrigue laisse entrevoir un assez net manque d'invention : la pièce joue sur l'habituelle confrontation des sauvages et des civilisés, ici un équipage de vaisseau. Et comme il y a des sauvages qui s'opposent, l'équipage est lui aussi divisé. Bien sûr, il y a un couple d'amants qui ont bien de la peine à s'unir. L'orang-outang joue le rôle éprouvé du lion blessé à la patte, sauvé par un Occidental compatissant, et montrant ensuite sa reconnaissance. Comme il s'agit d'une pantomime, il y a bien sûr le lot habituel des combats, des enlèvements et emprisonnements, précédés d'évasion. Dans le souci de ménager le suspense, on a droit un bon lot de revirements et de surprises, mais tout finit par s'arranger, et le singe se voit même récompensé en devenant matelot sur le navire européen, signe de la supériorité de la civilisation sur la sauvagerie, humaine comme animale. La conclusion de l'article est sévère : « beaucoup de mouvement et peu d’effet » sur la scène, et il manque tout de même un ballet des sauvages : la présence d'un ballet dans une pantomime est en effet régulière, mais le vœu d'un ballet des sauvages est tout de même fort peu original. L'article s'achève par une série de compliments pour les interprètes. Mais toujours pas de nom d'auteur.]
Théâtre de la Gaîté.
L'Ourang-Outang , ou l'Homme des bois.
Le nouveau singe qui vient d’être amené à la Gaité n’a pu, malgré ses tours, ses grimaces, ses gentillesses, résister à l’influence maligne du climat. Des sauvages l’avoient épargné, le peuple le plus policé du monde a eu la cruauté de le tuer ; voilà de la barbarie. On savoit cependant en venant le voir qu’il ne s’agissoit pas d’un singe qui parleroit français comme à Paris, et qu’il ne s’exprimeroit qu’en pantomime. Il a assez bien rendu cette partie de son rôle ; mais d’ailleurs il fait trop peu de choses pour intéresser, et quand il ne paroitroît pas du tout sur la scène, la pièce n’en iroit peut-être pas moins.
Une peuplade de sauvages se dispose à célébrer l’union de deux jeunes amans ; une peuplade voisine et ennemie vient troubler la cérémonie et enlève les futurs époux. Un coup de canon tiré près de la côte les disperse. L’équipage d’un vaisseau européen débarque, et amène le capitaine contre qui il s’est réyolté. Ce dernier est lié à un arbre et ahandonné ; il parvient à briser ses chaînes, et armé d’un fusil, il parcourt le rivage, lorsqu'il apperçoit un gros singe pris dans des filets. Il lui porte des fruits et le délivre. L’Ourang-Outang lui témoigne sa joie et sa reconnoissance. La jeune fiancée, qui s’est échappée des mains des ennemis, rencontre le capitaine, qui l’emmène dans une grotte ; mais le sauvage son amant arrive avec une troupe considérable, et assiège l’arbre où le capitaine l’a fait cacher près de lui. Comme l’équipage en se retirant a laissé des provisions et de la poudre, le nouveau Robinson a transporté des fusils et des pétards sur son arbre, et c’est de là qu’il verse sur les assiégeans une pluie de feu qui les désarme et les fait tomber aux pieds d’un homme qu’ils regardent déjà comme une puissance surnaturelle. Il est beau d’être généreux quand on est vainqueur. L'Européen remet lui-même la jeune personne à sou époux, et on le porte en triomphe dans l’habitation. Les sauvages ennemis reviennent bientôt â la charge. Le combat s’engage ; le capitaine et sa troupe sont vaincus; et lui-même, fait prisonnier, est enchaîné sur un rocher ; mais le singe vient le délivrer. Le Capitaine reprend alors ses avantages, les ennemis sont vaincus , et l’Ourang-Outang, en habit de matelot, est admis à faire partie d’un vaisseau qui retourne en Europe.
Cette pantomime offre beaucoup de mouvement et peu d’effet. On s’est étonné, avec raison, de n’y point voir au moins un ballet. Les sauvages des deux peuplades pouvaient fournir assez de matière au compositeur. Du reste les décorations sont assez soignées ; plusieurs présentent des vues pittoresques ; les combats sont exécutés avec vivacité et précision ; Marty, dans le rôle du Capitaine ; Renauzy, dans celui de l’Ourang-Outang, et Mlle. Chéza, dans celui de la jeune Sauvage,, se sont acquittés de leurs rôles d’une manière très-satisfaisante.
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