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Les Otages

Les Otages, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Radet, Barré, Desfontaines, Maurice [Séguier] et Dupaty, 24 frimaire an 8 [15décembre 1799].

Théâtre du Vaudeville

Le 15 décembre, la pièce est annoncée par le Courrier des spectacles comme un « fait historique en 1 acte ».

Titre :

Otages (les)

Genre

comédie en vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

24 frimaire an 8 [15 décembre 1799]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Radet, Barré, Desfontaines, Maurice [Séguier] et Dupaty

Almanach des Muses 1801

Pièce dans laquelle l'esprit et la gaîté se sont armés contre une loi tyrannique, absurde et barbare, connue sous le nom de la loi des ôtages.

Courrier des spectacles, n° 1017 du 25 frimaire an 8 [16 décembre 1799], p. 2-3 :

[Pièce de circonstance : il s’agit de célébrer l’abolition de l’odieuse loi sur les otages (votée le 23 messidor an 7 [11 juillet 1799] et abrogée après le 18 brumaire an 8 [9 novembre 1799] : elle permettait aux autorités locales de dresser des listes d'otages tenus pour responsables de certaines infractions pénales). Pour cela, l’intrigue raconte une petite histoire de femmes prises en otages, au grand scandale de tous. Et bien sûr, le dénouement, plus que prévisible, fait plaisir à tout le monde. Fonds léger, c’est le moins qu’on puisse dire. Une fois de plus, ce sont les couplets qui sauvent la pièce. Et le critique en cite quatre, « les plus dignes d’être cités ». Le critique prend bien soin de ne pas parler de politique dans son compte rendu. Le sujet de la pièce s'y prêtait pourtant...]

Théâtre du Vaudeville.

Gros-Pierre a soi-disant été attaqué par des mal-intentionnés, et sur-le-champ, d’après sa plainte, il est ordonné à Froment, agent municipal, de faire arrêter comme ôtages deux femmes estimées et chéries de tout le monde, Mad, Dormeuil et sa cousine. Froment, que la loi et l’ordre dont il est porteur révoltent également , consulte son substitut Dupré, qui s'oppose à l’exécution de la loi. Cependant il s'agit de sauver les deux victimes ; l’un et l’autre n'hésitent pas à s’offrir pour ôtages. Mad. Germeuil et sa cousine en sont informées, et leur présence occasionne un combat de générosité qui finit à l’arrivée d’un gendarme, porteur de la loi qui abroge celle des ôtages.

Tel est le sujet de la pièce donnée hier pour la première fois, avec le plus grand succès, à ce théâtre, sous le titre des Otages.

Ce fonds est sans doute bien léger, mais quel est le cadre que n’embelliroient pas les citoyens Barré, Radet, Desfontaines, Maurice et Emmanuel Dupaty, auteurs de cette jolie production ? Parmi plusieurs couplets saillans et que l'on a fait répéter, voici ceux qui nous ont paru les plus dignes d’être cités.

Blaise, jardinier, dit à Claudine :

Jeune fille et naissante fleur
D’abord ont quelque ressemblance ;
Mais bientôt, pour notre bonheur,
Entr’elles quelle différence !
Sous la main qui vient la saisir
L’une aussi-tôt se décolore :
Lorsque l’on vient de la cueillir,
L’autre paroît plus belle encore.

Dupré plaint les deux dames qui sont sur point d'être incarcérées :

Air : Femmes, voulez-vous éprouver.

Dans nos chagrins, dans nos malheurs
N’avons-nous pas recours aux femmes ?
Leurs soins toujours consolateurs
Portent le calme dans nos âmes.
Quand nous voyons s’accumuler
Les maux dont l’univers abonde,
Pourrions-nous vouloir désoler
Celles qui consolent le inonde.

Le même :

Air : Dans cette maison à quinze ans.

Faut-il enfermer les coquins ?
Je suis prêt à donner main forte :
Sur eux, pour le bien des humains,
Tu me verras fermer la porte.
Mais ces êtres qu’il faut aimer,
Ces femmes si douces et si belles,
Je ne voudrois les enfermer,
Je ne pourrois les enfermer,
Qu’en m’enfermant avec elles.

Le Gendarme.

Air : du Curé de Pomponne.

Un héros se laisse emporter
      Par sa bouillante audace.
Sa valeur ne peut éviter
      Le fer qui le menace.
Sur son corps le coup va porter,
      Vous le couvrez du vôtre :
      En ce cas il est doux,
            Voyez-vous,
      De payer pour un autre.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an VIII, premier trimestre, n° 9 (30 Frimaire), p. 565 :

On a donné au même théâtre [le théâtre du Vaudeville] , les Otages, action légère, fondée sur un des mille inconvéniens de cette absurde loi [la loi des otages] ; beaucoup de couplets satiriques contre elle , et quelques-uns de galans pour le beau sexe : cinq auteurs, les CC. Radet, Barré, Desfontaines, Maurice et Dupaty.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome IV, nivôse an 8 [décembre 1799-janvier 1800], p. 226-228 :

[Une petite pièce ayant un grand succès, avec un sujet léger (c’est presque la règle au théâtre du Vaudeville), mais les auteurs sont des gens expérimentés, capables de transformer n’importe quel sujet en pièce à succès. Le résumé de l’intrigue confirme la minceur du sujet : une loi cruelle, qui amène tous les braves citoyens (et citoyennes) à montrer leur grandeur d’âme. Et le dénouement, c’est fort simplement l’abolition de la loi... Cinq auteurs, et leur union produit un dialogue et des couplets d’une grande variété de tons. Et ils ont été servi par de bons acteurs. L’article s’achève par deux couplets « que nous avons pu retenir » (est-ce juste une question de mémoire ?).]

THEATRE DU VAUDEVILLE.

Les Otages.

Cette petite pièce a eu le plus grand succès. Le sujet est léger, comme la plupart de ceux qui y sont traités ; mais les auteurs qui l'ont adopté trouvent tant de ressources dans leur propre fonds, qu'ils n'ont besoin que d'un cadre quelconque pour présentes leurs-productions.

Un particulier dans un village a été attaqué. Sur sa plainte, on ordonne, d'après la loi, de faire arrêter deux ôtages. Le choix se porte sur deux femmes, généralement estimées. L'agent municipal répugne à cet acte tyrannique ; il consulte son substitut, qui s'y refuse également. Cependant pour concilier leur devoir & leur sensibilité, tous deux s'offrent pour ôtages. Les deux femmes, informées de ces circonstances, se présentent ; non moins généreuses que les deux honnêtes citoyens, elles refusent leur sacrisice. Ce combat généreux se termine par l'arrivée du gendarme, porteur de l'abrogation de la loi.

Cette pièce est des CC. Barré, Radet, Desfontaines, Maurice & Dupaty. Un seul auroit suffi pour en assurer le succès ; mais leur réunion a jeté dans le dialogue & dans les couplets, une variété de tons que le public a beaucoup applaudie. Les acteurs ont contribué au succès, par l'emploi de leurs talens.

Voici deux couplets que nous avons pu retenir.

Le substitut de l'agent municipal s'exprime ainsi, sur les deux dames requises pour ôtages :

Air : Femmes voulez-vous éprouver ?

Dans nos chagrins, dans nos malheurs,
N'avons-nous pas recours aux femmes ?
Leurs soins toujours consolateurs,
Portent le calme dans nos ames.
Quand nous voyons s'accumuler
Les maux dont l'univers abonde,
Pourrions-nous vouloir désoler
Celles qui consolent le monde ?

Air : Dans cette maison à quinze ans.

Faut-il enfermer les coquins ?
Je suis prêt à donner main-forte :
Sur eux, pour le bien des humains,
Tu me verras fermer la porte.
Mais ces êtres, qu'il faut aimer,
Ces femmes-si douces & si belles,
Je ne voudrois les enfermer.
Je ne pourrois les enfermer,
Qu'en m'enfermant avec elles.

Une loi des otages a été votée le 24 Messidor an VII (12 juillet 1799) pour museler toute opposition au Directoire, vivement contesté à l'intérieur du pays (la Terreur blanche). Elle permet l'arrestation comme otages des nobles, des parents d'émigrés et des ascendants de présumés coupables. Mais elle n’est que peu appliquée, et immédiatement après le coup d'État de brumaire, elle cesse d’être appliquée, et les quelques otages enfermés d’après cette loi sont libérés.

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