Odon de Saint-Amans, grand-maître des Templiers

Odon de Saint-Amans, grand-maître des Templiers, mélodrame historique en 3 actes et en prose, paroles de Michel B. D. R. (Balisson de Rougemont), musique de Lemoine, 25 fructidor an 13 [12 septembre 1805].

Théâtre de la Cité.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an XIV, (1806).

Odon de St.-Amans, grand-maître des Templiers mélodrame historique en trois actes et en prose, paroles de Michel B. D. R. Musique de Lemoine. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de la Cité, le 25 fructidor an XIII.

Courrier des spectacles, n° 3134 du 26 fructidor an 13 [13 septembre 1805], p. 2 :

Après un article assez surprenant intitulé Les Templiers retrouvés, consécutif à une représentation des Templiers de Raynouard, article qui est peut-être une attaque de plus contre Geoffroy, le valeureux critique du Journal de l’Empire qui a beaucoup écrit contre la tragédie de Raynouard, le mélodrame de Rougemont a droit à un très court entrefilet :

Odon de St-Amans, Grand-Maître des Templiers, mélodrame en trois actes, .a obtenu hier un succès complet-au théâtre de la Cité.

Courrier des spectacles, n° 3135, du 27 fructidor an 13 [14 septembre 1805], p. 2-3 :

[DE ce compte rendu, on retiendra d’abord qu’il est malheureusement tronqué : l’exemplaire du journal a été mal numérisé, et la page 3 qui doit contenir la din de l’article n’est pas présente. Cela nous prive de la fin de l’intrigue, et surtout du jugement porté par le critique. Ensuite, la façon dont l’article est construit est plus qu’étonnante à nos yeux. Tout le début de l’article, plus d’une demi page, est consacrée à raconter un haut fait des Templiers et de leur grand-maître, mais c ehaut fait est sans rapport avec la pièce. Enfin, le début de l’intrigue raconté ensuite est l’accumulation habituelle des traits classiques des mélodrames. La fin se devine aisément. Et il suffit de lire les dernières scènes de la pièce pour voir qu’il n’y a pas d’originalité dans cette accumulation de poncifs, dont le public était manifestement friand.]

Théâtre de la Cité.

Odon-de-Saint-Amans, Grand-Maître de l'Ordre des Templiers, mélodrame.

Odon-de-St.-Amans, est le septième grand-maitre des Templiers ; il fut élu en 1171, à l’époque où Saladin s’étoit rendu si redouta bledans l’Egypte et la Palestine. Odon-de-St.-Amans a rendu son nom recommandable par un rare exemple de dévouement ; il avoit fait élever un fort au-delà du Jourdain, près du lieu appelé le Gué de Jacob. C’étoit un boulevard important qui pouvoit arrêter long-tems les efforts des Sarrasins. Saladin, qui n’avoit pu en empêcher la construction, sentoit combien il lui étoit important de s’en rendre maître ; il s’avança jusques sur les bords du fleuve, après avoir mis en déroute un corps de Croisés. Baudoin, roi de Jérusalem, occupoit une hauteur ; ses barons lui proposèreut de tomber sur l'ennemi et vinrent se porter entre le fleuve et l'armée des Musulmans. Cette manœuvre hardie pouvoit être décisive, car les Mamelucks étant au-delà du fleuve, Saladin se trouvoit séparé de sa cavalerie. Les Mamelucks sentirent aussi le désavantage de leur position, et se jettant à la nage dans le fleuve, tentèrent de s’ouvrir un chemin au milieu des Chrétiens. Les Croisés les reçurent bravement, les dissipèrent, et les mirent en fuite. S’ils s’étoient contentés de cet avantage, Saladin étoit vaincu ; mais ils voulurent poursuivre les fuyards, rompirent leurs rangs, et se trouvèrent ainsi séparés et en désordre. Saladin profita de l’occasion, tomba sur l’armée de Baudoin, en fit un horrible carnage, et la força de regagner la montagne. Le Roi fut à peine sauvé, le comte de Tripoli s’enfuit à Tyr, le Grand-Maître de l’Hôpital, parcé [sic] de coups, se réfugia dans Beaufort. Odon-de-St.-Amans restoit seul avec ses Chevaliers. Il se battit en désespéré, et se seroit fait tuer à la tête de sa troupe, si Saladin n’eût voulu l’épargner pour l’avoir prisonnier. Après cette défaite, la forteresse ne put tenir, elle fut prise d’assaut, et tous les Templiers qui la défendoient, après avoir été exposés à toutes les insultes de la soldatesque, furent sciés en deux par le milieu du corps. Saladin avoit de son côté perdu un neveu, que les Chevaliers du Temple avoient fait prisonnier, il offrit au Grand-Maître sa liberté, à condition qu’on la rendroit au jeune Emir son neveu : « A Dieu ne plaise, dit Saint-Amans, que je donne à mes Chevaliers un exemple si pernicieux. Un Templier ne doit donner pour se racheter que sa ceinture ou son épee. Vaincre ou mourir, c’est ma devise, c’est celle du corps que j’ai l’honneur de commander ». Il mourut dans les fers après quelques mois de captivité.

Ce trait d'héroïsme méritoit d’être célébré sur la scène ; cependant ce n’est pas celui qu’a choisi l’auteur du nouveau mélodrame. Odon-de-St.-Amans n’y joue même qu’un rôle accessoire et subordonné. Le héros principal est Walther de Montbarry, jeune prince, fils de Richard, roi d’Angleterre. Il y a deux ans que l’on publia avec succès un roman historique, sous ce nom. C’est dans cette source que l’auteur de la nouvelle pièce a puisé son sujet. Ce moyen est plus facile que celui d’inventer ; il ne s’agit que de couper le récit et de le mettre en dialogue. Voici à peu près le sujet du mélodrame.

Dans le tems où Odon-de-St-Amans étoit captif, le jeune Walther, fils de Richard, forma la résolution de se faire Templier; il se pré senta devant Théodoric, qui remplissoit les fonctions de Grand-Maître. Théodoric n’aimoit point Walther, dont il envioit la haute renommée, et il habitoit le château du Comte Alfredi, qui autrefois avoit eu une querelle avec Walther, et avoit fui devant lui. Mais Alfredi avoit une sœur nommée Matilde, qui avoit inspiré à Walther les sentimens les plus tendres, mais les plus respectueux. Néanmoins, Théodoric consent à recevoir Walther, et le jeune Prince fait toutes les dispositions nécessaires pour son admission, lorsqu’Alfredi survient. Il s’engage entr’eux un nouveau différend ; ils s’ajournent l’un et l’autre au champ d’honneur. Matilde prévenue de cet incident, profite de son ascendant pour engager Walther à ménager Alfredi ; le Prince lui promet de n’avoir avec son adversaire qu’une explication verbale. Mais un nouvel acteur se mêle aux événemens. Ferdinand qui a des motifs particuliers pour haïr Walther, instruit du lieu et de l’heure qu’il a choisis pour le rendez vous, s’y trouve lui-même, et profilant de l’obscurité de la nuit, frappe Alfredi, croyant tuer Walther. On rapporte Alfredi mourant ; on

Malencontreusement, le numéro du Courrier des spectacles est incomplet sur le site Retronews et laisse le lecteur dans le doute sur la fin de la pièce, sauf s’il sait comment fonctionne le mélodrame (et qu’il lit la fin de la pièce dans la brochure !). Tout finit bien sûr par s’arranger : les soupçons qui pèsent sur Walther sont balayés, et Ferdinand est menacé du pire des châtiments.

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