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Orgon dans la Lune

Orgon dans la lune ou le Crédule trompé, opéra en 3 actes, paroles de Lepidor [Michel-Julien Matthieu], musique de Paisiello, 27 avril 1789.

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Orgon dans la lune ou le Crédule trompé

Genre

opéra bouffon

Nombre d'actes :

3

Vers ou prose ,

Musique :

oui

Date de création :

27 avril 1789 [11 juin 1777 à Versailles]

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

Lepidor [Michel-Julien Matthieu]

Compositeur(s) :

Paisiello

La création parisienne est de 1789, mais l’opéra a été joué à Versailles « à la comédie de la ville » le 11 juin 1777 (Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des Lettres, tome X (1778), p. 164).

Mercure de France, n° 20 du samedi 16 mai 1789, p. 133-137 :

[La pièce présentée est un opéra parodié, c’est-à-dire qu’il utilise la musique d’un opéra antérieur avec de nouvelles paroles, ici il Credulo deluso [le Crédule trompé], et qui imitait il Mondo della Luna. Le compte rendu comporte l’analyse de l’intrigue, un jugement peu enthousiaste (« de l’invraisemblance » comme dans tous les opéras italiens, une fois de plus des longueurs, dont certaines subsistent après des coupures : il faudrait même élaguer la musique, très belle, mais qui ralentit parfois l’action ; et les actes s’achèvent par des airs, et non par des « finals » : cette rupture avec l’usage est condamnée (« Après un morceau d'ensemble, un air seul, si beau qu'il soit, fait toujours beaucoup moins d'effet »). L’histoire de la pièce originale est ensuite évoquée (succès antérieurs, reprise de morceaux à un autre opéras du même compositeur). Il ne reste plus qu’à évoquer les interprètes, dont trois débutants, jugés prometteurs.]

THÉATRE DE MONSIEUR.

Le Lundi, 17 de ce mois, on a donné à ce Théatre, Orgon dans la Lune, imitation del Mondo della Luna, Opéra Bouffon, que l'on trouve dans les Œuvres de M. Goldoni, & qui a été mis en musique par le célèbre Paisiello, sous le titre de Il Credulo deluso. C'est la musique de ce Maître qu'on a parodiée.

Un Vieillard, entiché d'Astrologie, a deux sœurs dont il est Tuteur, & qu'il refuse de marier. Leurs Amans se proposent de profiter de l'ineptie & de la crédulité d'Orgon, pour arracher son consentement. L'un d'eux s'introduit dans sa maison comme un Savant, & parvient à lui persuader qu'il peut le faire voyager dans la Lune. Il est aidé dans ce projet par une Gouvernante qui s'est mis en tête d'épouser le Vieillard, par l'Amant de la jeune sœur, qui prête sa maison, & par plusieurs subalternes. On donne à Orgon un somnifère. Pendant son sommeil, on le transporte dans un jardin qu'on a eu soin d'arranger d'une manière fantastique. Il se croit dans l'Empire de la Lune. L'Impératrice, qui n'est autre que sa Gouvernante Lisette, parvient à le séduire à force de belles promesses. Il con sent à l'épouser ; il signe aussi le contrat de sa sœur aînée avec le Philosophe qui lui a procuré cette belle fortune, & celui de la jeune avec le prétendu Empereur. Quand il s'est engagé sans retour , on le désabuse. Le caractère difficile & jaloux de la sœur aînée produit encore dans la Pièce quelques incidens dont nous ne parlons pas.

Cet Ouvrage , qui participe un peu à l'invraisemblance de l'original , est écrit d'ailleurs avec esprit, mais conçu & dialogué trop longuement. Quelques expressions, à la première représentation, ont paru de mauvais goût, qui peut-être auroient été fort applaudies si l'ennui n'avoit si mal disposé l'esprit des Spectateurs. On les a retranchées aux représentations suivantes ; on a fait beaucoup de coupures, & les Scènes, devenues plus rapides, ont infiniment mieux réussi. On désireroit encore que l'Auteur fît quelques sacrifices dans la musique, comme il en a fait dans ses paroles. Ce n'est pas que chacun des morceaux isolés ne soit fort beau, mais ils ne sont pas toujours heureusement placés, & plusieurs font languir l'action : on ôteroit ainsi un peu de monotonie, & les morceaux conservés ressortiroient davantage. On peut aussi reprocher à l'Auteur de n'avoir pas terminé tous ses Actes par des finals, comme dans la Pièce originale. Après un morceau d'ensemble, un air seul, si beau qu'il soit, fait toujours beaucoup moins d'effet.

Au reste, cette Pièce a déjà obtenu à Versailles, & dans quelques villes de Province, un succès assez grand pour justifier le choix qu'en a fait l'Administration du Théatre de Monsieur, & pour lui en faire espérer un pareil à Paris.

Cette Musique a été écrite par Paisiello environ trois ans avant la Frascatana qu'il fit pour une autre ville. Il employa, dans ce dernier Ouvrage, plusieurs morceaux qui appartenoient au premier. Les plus remarquables sont le rondeau qui commence le second Acte d'Orgon, & l'air des Echos qui se trouve au troisième. On auroit donc tort de reprocher ce double emploi à l'Auteur de cette Traduction.

Plusieurs nouveaux Sujets ont débuté avec succès dans cette Pièce ; 1°. Mde. Hédoux de Verteuil, qui, dans l'emploi des Duègnes, joint au talent d'Actrice consommée celui de Chanteuse excellente. Sa voix est fraîche, flexible, naturelle, & n'a aucun des défauts qu'on reproche avec raison à l'Ecole Françoise. Son jeu est plein de feu, d'intelligence & d'esprit. Cette réunion de qualités aussi précieuse que rare, la rend une des meilleures acquisitions que ce Théatre ait pu faire. 2°. M. Gavaux, qui joue les Amoureux & chante le tenore : sa voix est très-agréable & d'un timbre charmant ; il la conduit avec adresse, & montre en général infiniment de goût. Attaché à un Théatre qui lui offre d'excellens modèles, & avec l'intelligence qu'il montre, il faut espérer qu'il ne fera que perfectionner encore son talent, & qu'il n'abusera pas de son extrême facilité. 3°. M. Deschamps, Basse-taille comique. Son rôle est trop peu important dans cette Pièce, pour qu'on puisse l'apprécier à sa juste valeur. Cependant il y donne de lui une idée avantageuse. Sa voix a paru franche, sonore. On voit qu'il est bon Musicien, & comme Acteur, il annonce beau coup d'entente de la Scène.

Les autres Acteurs déjà connus du Public, méritent aussi des éloges, & particulièrement M. Fleury, qui sait varier sa manière dans les différens rôles, & qui a saisi parfaitement celui d'Orgon.

D’après la base César, Orgon dans la lune, opéra imité du Mondo della luna de Goldoni, a pour parolier Michel-Julien Matthieu, dit Lepidor et pour compositeur Giovanni Paisiello. Il a eu 6 représentations du 27 avril au 19 mai 1789 sur le Théâtre de Monsieur.

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