Oscar, fils d'Ossian

Oscar, fils d'Ossian, tragédie en 5 actes, par le C. Arnault. 14 prairial an 4 [2 juin 1796]. Dupont.

Théâtre de la République

Titre :

Oscar, fils d’Ossian

Genre

tragédie

Nombre d'actes :

5

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

14 prairial an 4 (2 juin 1796)

Théâtre :

Théâtre de la République

Auteur(s) des paroles :

Arnaud

Almanach des Muses 1797.

Oscar aime Malvina, épouse de Dermide, son ami. Absent depuis long-temps, Dermide fait naufrage, et, se croyant sûr de périr, charge un confident d'aller annoncer ses dernières volontés ; elles prescrivent à Oscar de servir d'appui à son jeune fils, et d'épouser Malvina. Cet engagement alloit être accompli, lorsqu'on apprend que Dermide a échappé à la fureur des flots, et va se rendre au tombeau de Fingal. Oscar s'y rend aussi de son côté. Il déclare à Dermide sa passion pour Malvina :

Crois-tu m'ôter, me rendre, au gré de ton envie,
Un bien qui m'est plus cher que l'honneur et la vie ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

DERMIDE.

La terre ne peut plus nous porter tous les deux.

Ils s'embrassent, et se battent ; Oscar immole son malheureux ami.

Au dernier acte, Malvina, frappée de terreur, vient pour contracter l'engagement qui doit l'unir à Oscar. Le désespoir égare cet infortuné, qui ne sait plus si ce qui s'est passé est un songe ou une affreuse vérité. Un Barde vient pour recevoir ses sermens et ceux de Malvina. Mais on apporte l'épée qui a été trouvée ensanglantée près de Dermide. Plus de doute ! c'est celle d'Oscar : il termine la pièce en se donnant la mort.

Passion vraiment tragique. Terreur portée au plus haut degré. Elle s'est accrue par tous les accessoires, par la rigueur du climat, par l'énergie des caractères, &c. Mais il faut que la terreur conduise à la pitié ; et peut-être l'auteur n'a-t-il pas su rendre Oscar et Malvina assez intéressans. C'est le secret qu'a eu Voltaire dans le développement des caractères de Zaïre et d'Orosmane.

Plusieurs belles scènes ; du talent ; quelques détails alembiqués.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Du Pont, an IV :

Oscar, fils d'Ossian, tragédie en cinq actes, Par le Citoyen Arnault. Représentée, pour la première fois, au Théâtre de la République, le 14 prairial an 4.

Amor, pieta, sdegno, dolore ed ira
Disio di morte.

Orlando furioso, Cant. 37.

Le texte de la pièce est précédé d'une préface, p. v à xv :

[Une longue préface en forme de justification : l’accueil de la pièce n’a manifestement pas satisfait son auteur, et il commence par donner des explications sur sa pièce. Il revendique hautement sa dette envers Ossian, la source où il a puisé son sujet. Et il lui a donc fallu adopter la géographie du monde d’Ossian, différente de celle du monde romain. D’où toute une série de noms fort dépaysants, pour désigner la Grande Bretagne et l’Europe du Nord. Il prend soin ensuite d’expliquer ce qu’était la civilisation des bardes et de faire l’historique de la transmission des poèmes d’Ossian. Ils sont pour lui une « inépuisable source de richesses intactes » offertes aux auteurs de théâtre. Mais plus qu’un sujet, c’est des couleurs qu’Arnault y a trouvées. Un poème lui a toutefois fourni « l’idée du quatrième acte ». Il le reproduit pour permettre au lecteur de juger. Après cette longue citation, il prend un ton polémique pour dire que son intention n’a pas été de « plaire à tout le monde ». Sa pièce ne montre ni un amour galant, ni une passion sans cruauté. Sa pièce est écrite pour ceux que ne rebutent pas les sentiments forts et les passions violentes. Et il définit clairement son public : « J’écris pour vous, mes amis », avant de dresser une liste de ses amis, dont il ne donne le nom que de façon incomplète (une belle série de devinettes !), liste qui ne pouvait pas ne pas comprendre celle qu’il paraît considérer à la fois comme a mère (adoptive ?) et son « amie ». Il conclut en évoquant la dureté des critiques qu’il a reçues, lui dont les débuts avaient été si brillants et si faciles (Marius à Minturnes en 1791).]

PRÉFACE.

J'ai intitulé mon ouvrage Oscar, fils d'Ossian, pour indiquer, par ce titre, la source où j'avais puisé mon sujet.

En mettant sur la scène les peuples chantés par Ossian, j'ai dû laisser aux lieux les noms que leur donne ce poëte.

Pouvais-je, sans faire un lourd anachronisme, désigner par un autre nom que celui de pays de Morven, la partie septentrionale de la Grande Bretagne ?

Les Romains, je le sais, la nommaient alors Calédonnie ; mais je n'introduis pas les Romains dans l'Écosse, autre nom que reçut cette contrée postérieurement à l'époque de mon action.

Selma, où cette action se passe, était le palais des rois de Morven.

Morven signifie chaîne de montagnes.

Cromla , lieu élevé.

Le pays d'Ullin est l'Irlande.

Le royaume de Loclin la Norwege.

Les îles d'Imnistore sont les Orcades.

Le Lego est le cocyte des anciens Écossais.

Les bardes étaient des druïdes d'un ordre inférieur. Trenemor, l'un des ancétres d'Ossian, les avait exceptés de la proscription, qui chassa les druïdes de ses états. Les druïdes étaient prêtres ; les bardes étaient poëtes : on ne se brouille pas avec les dispensateurs de l'immortalité.

J'invite ceux qui désireraient des détails plus étendus sur les hommes et sur les lieux, à lire la préface qui se trouve à la tête des poësies d'Ossian, traduites par Letourneur.

Je ne m'étendrai pas non plus sur ces poësies.

Dénuées d'art, mais surabondantes en génie, ces productions monotonément sublimes, sont parvenues, de bouche en bouche, depuis le troisième siècle jusqu'à notre âge.

Macpherson les écrivit le premier sous la dictée des pâtres.

Traduites dans toutes les langues sur sa version, elles ont trouvées partout des admirateurs, des enthousiastes.

En effet, quel homme, pour peu qu'il soit doué d'imagination et de sensibilité, peut entendre indifféremment le chantre de la valeur et de la mélancolie ? Fils et père des héros, héros lui-même, Ossian célèbre les exploits de Fingal, d'Oscar et les siens propres, C'est à Malvina, c'est à la veuve de son Oscar, que, vieux et aveugle comme le prince des poëtes, cet autre Homère adresse ses chants plaintifs et reconnaissans.

Quelle inépuisable source de richesses intactes ne présentaient-ils pas au poëte dramatique !

Un peuple entre la barbarie et la civilisation ; une morale qui prescrit le courage au faible, la générosité au fort, la pratique de l'hospitalité à tous ; une mythologie toute sentimentale, qui fait du monde entier le domaine du cœur, peuple les nuages des esprits des ancêtres, ouvre aux braves les palais aériens, emprisonne dans les vapeurs des marais les ombres des méchans et des lâches : tels sont les sujets les plus familiers des tableaux d'Ossian ; tels sont les trésors sur lesquels j'étais indigne de porter la main, si l'emploi ne justifie pas ma témérité.

Je dois moins à Ossian mon sujet que mes couleurs. Un très-court poëme intitulé la Mort d'Oscar, m'a donné tout au plus l'idée du quatrième acte ; le reste est purement fictif. Ce poëme m'avait déjà fourni le sujet d'une romance historique ; par laquelle je terminerai cette préface.

OSCAR ET DERMIDE,

Chant gallique imité d'Ossian,

Musique de Méhul.

Toi qui, près de ma bien-aimée,
Unis tes accens à ma voix ;
Toi qui, muette sous mes doigts,
Languis loin d'elle inanimée ;
O ma harpe ! adoucis l'ennui
Qui dévore un amant fidelle.
Si mon âme est triste aujourd'hui,
Que tes chants soient tristes comme elle.

Morven, dans ses forêts paisibles,
Possédait deux cœurs vertueux ;
Également braves tous deux,
Tous deux également sensibles.
Vaincre fut long-tems leur seul art :
Chasseur et guerrier intrépide,
Dermide égalait seul Oscar,
Oscar égalait seul Dermide.

La paix habitait dans leurs âmes,
Ils n'avaient vécu qu'à demi.
Chacun d'eux aimant son ami,
Ignorait qu'il fût d'autre flâmes.
C'était à tes yeux, Malvina,
Qu'amour gardait cette victoire :
Chacun te voit; chacun déjà
T'aime comme il aimait la gloire.

Malvina ! l'éclat que ramène
L'aurore, qui rougit les cieux,
Le cède à l'éclat de tes yeux.
Un doux zéphir est ton haleine.
Ton sein, de pudeur agité,
Ressemble à la neige légère,
Que le vent, avec volupté,
Balance sur l'humble bruyère.

Du mal qui tous les deux les blesse
L'amitié ne peut les guérir.
Ou te posséder ou mourir,
Est le vœu qu'ils forment sans cesse.
Chacun a bien droit au retour
Par la pure ardeur qui l'anime ;
Mais partage-t-on son amour
Comme on partage son estime ?

Oscar est celui qu'on préfère.
Dermide en secret a gémi,
Non du bonheur de son ami,
Mais seulement de sa misère.
Bientôt Dermide a disparu.
Oscar cherchait par-tout sa trace,
Quand au combat un inconnu,
De le provoquer a l'audace.

Les échos des bois retentissent
Du choc bruyant des boucliers ;
Déjà du sang des deux guerriers
Les ondes du torrent rougissent.
Bientôt, sous le fer du vainqueur,
L'agresseur mesure l'arène ;
L'un combattait avec fureur,
L'autre se défendait à peine.

Le coup qui finit ma carrière,
Oscar, est un bienfait pour moi ;
J'ai voulu le tenir de toi,
Dit Dermide, ouvrant la paupière.
D'un mal qui ne pouvait guérir
La main d'un ami me délivre :
L'amour m'ordonnait de mourir,
Et l'amour t'ordonne de vivre.

Il dit : il sourit, il expire.
Oscar, de douleur déchiré,
Veut fuir ce corps défiguré,
Qui le repousse et qui l'attire.
Déjà Malvina qui survient
A vu le trouble qui l'opresse :
— O mon bien aimé ! d'où te vient
Cette morne et sombre tristesse ?

— Au pin, que son sang vient de teindre,
L'écu d'un brave est suspendu.
Trois fois mon arc s'est détendu
Sans que ma flèche ait pu l'atteindre.
C'est à toi, fille des forêts,
A remporter cette victoire ;
Que l'arc, auteur de mes regrets,
Soit au moins celui de ta gloire.

Oscar fuit : l'arc qu'il abandonne
Par son amante est ramassé :
Et le trait qui siffle, est chassé
Loin de la corde qui résonne.
Le bouclier reçoit ce trait
Trop fidèle à l'œil qui le guide ;
Et le triste Oscar, qu'il couvrait,
Tombe sur le corps de Dermide.

Oscar, quelle erreur est la mienne ?
C'est moi qui te perce le sein !
— Dermide expira par ma main,
J'ai voulu mourir de la tienne.
— O mes amis ! ô mon amant !
Si nous n'avons pu vivre ensemble,
Dit l'héroïne, en se frappant,
Qu'un même tombeau mous rassemble.

Sur ce tombeau couvert de mousse,
Le chevreuil vient souvent brouter.
L'onde à rêver semble inviter
L'âme mélancolique et douce.
Le Barde instruit de ces malheurs,
A l'avenir les fait entendre.
Puissai-je obtenir tous les pleurs
Que son récit m'a fait répandre !

A QUELQUES PERSONNES.

Je ne crois pas mon ouvrage assez étranger à la nature, pour avoir jamais pensé qu'il dût plaire à tout le monde.

Ceux qui ne cherchent l'amour que dans la galanterie ; ceux qui ne voient que la férocité dans la passion, sont revenus également mécontens d'Oscar.

Ils peuvent se dispenser d'ouvrir ce livre : ce n'est pas pour eux que j'écris.

J'écris pour les cœurs simples et purs, pour les âmes fortes et sensibles, pour les hommes capables d'aimer, pour les femmes dignes d'être aimées, pour ceux que tant de fureur n'étonne pas, pour celles que tant de délire n'a point épouvantées.

J'écris pour vous, mes amis ;

Pour toi, Lég..., et puisses-tu rencontrer dans cette tragédie quelques traits que ne désavouerait pas la plume vigoureuse et poëtique, qui traça les caractères de Caïn, de Lucain et de Papirius !

Pour toi, M...t, dont la vertu fut également éprouvée par le malheur et la prospérité ; toi qui nous surpris bien moins en la développant dans les fers de l'Autriche, qu'en ne la dissimulant pas dans les hauts emplois qu'elle semblait devoir t'interdire ;

Pour toi, mon cher M. .. l, toi l'énergique et sentimental héritier de Gluck ; toi à qui les scènes d'Oscar ont quelquefois rendu ces sensations fortes, ces impressions déchirantes que je dois à ta mâle harmonie. Depuis long-tems nos cœurs s'entendaient trop bien pour qu'il n'existât entre nous qu'une simpathie.

J'écris aussi pour toi , mon bon L. N. : placé au premier rang de mes amis, tu le serais justement parmi les hommes célèbres, si ta paresse te permettait de publier les utiles projets que t'inspirent l'amour de l'humanité. Soit modestie, soit philosophie, tu dédaignes la gloire, tu n'en as pas besoin, elle ne donne pas d'amis. Vas, la gaieté de l'homme probe, la bonté de l'homme d'esprit sont des titres plus sûrs à l'amitié des hommes, qu'un peu de célébrité, que l'amour-propre et l'envie prennent trop souvent pour de la gloire.

Vous vous étonneriez de n'être point appelée ici, bonne et tendre mère d'une famille, qui est devenue la mienne. La nature ne vous a donné qu'un fils, mais vous en devez plusieurs à votre adoption.... Et moi aussi je suis votre fils !.... C'est à vous particulièrement que je voulais faire hommage d'Oscar. Et combien ce projet me faisait attacher de prix à son succès ! N'est-ce pas dans votre simple retraite, dans la vallée d'Émile, au milieu des bois où naquit Héloïse, que cet Oscar a pris naissance ? La nature, si féconde dans ces belles contrées, n'aurait-elle été stérile que pour moi ? Oh ! non. Vos larmes et celles de ces jeunes sœurs, progressivement émues par les développemens de la plus malheureuse des passions, m'ont trop souvent appris que mes larmes ne m'avaient pas trompé...

Tu ne dédaigneras pas non plus l'enfant de mon cœur, ô mon amie ! toi dont l'existence est depuis si long-tems un bienfait pour la mienne ; toi qui dûs m'entendre en écoutant Oscar ; toi qui vas me relire en le lisant. Quelques femmes ont dit : je ne voudrais pas être aimée comme cela. Que ces dames se rassurent : celles qu'effrayent un tel amour ne sont pas celles qui l'inspirent ; et tu sais, mon amie, que celui qui le ressent peut n'être pas un barbare.

O toi ! ô vous que n'épouvante pas Oscar, jouissez de la reconnaissance de son auteur, consolé par votre suffrage ! Entré bien jeune dans une bien pénible carrière, mon premier pas lui seul n'a point rencontré d'obstacles. Nés au second, ils se multiplient à mesure que j'avance dans la route que je me sens la force de poursuivre. La dent de la critique m'a souvent fait de profondes blessures ; mais en est-il que les pleurs de l'être sensible ne puissent adoucir ?

Arnault.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, deuxième année, tome 1 (1796), p. 547-553 :

[Le début du compte rendu se montre bien réticent : cette pièce sur un monde jamais mis au théâtre est certes neuve, mais le critique parle du résultat comme d’une occasion manquée (« les détails singuliers qu’elle lui offroit […] pouvoient lui promettre des succès ». Comme on s’y attend, la suite de l’article fait une large place à l’analyse du sujet, qui se ramène plus ou moins au résumé d’une intrigue plutôt compliquée. C’est « une fable [que l’auteur] a imaginée ». Elle est faite de violence, de sentiments forts, et s’achève, en bonne tragédie, par la mort du héros qui se tue pour se punir du crime qu’il a commis en tuant son ami. Le jugement porté sur la pièce est d’abord positif, comportant de belles scènes, montrant des sentiments pathétiques, pleine de poésie. Mais le critique évoque ensuite des « défauts dans le plan ». Le plus grave, c’est le peu de vraisemblance de cette histoire de meurtre commis par Oscar et dont il se souvient à peine, jusqu’à ce que le fils de la victime vienne raviver cet affreux souvenir. D’autre part, le recours à l’enfant, courant dans le théâtre de toutes les époques, est considéré comme un moyen maladroit, il revient à utiliser la naïveté de l’enfant pour faire prononcer des propos qui flattent les sentiments du public, au mépris de la vraisemblance : le père de l’enfant fait des déclarations qui ne sont pas de l’époque d’Ossian, mais de l’époque contemporaine à la pièce. Dernier reproche, un anachronisme qui semble inacceptable au critique : la description par Oscar de la circulation du sang telle qu’elle est connue depuis Harvey, mais qui était bien sûr inconnue à l’époque d’Ossian : « on ne doit pas plus confondre les époques des découvertes que celles des événemens ». Le respect de l’histoire dans toutes ses composantes est impératif. Dernier point, cette fois favorable à Arnault, la correction e son style, « digne de sa réputation » et ayant bien « le caractère qui convient à l'époque et au lieu où il a placé la scène ». Il ne reste plus à l’auteur qu’à apporter les changements qui permettront à la pièce de rester au théâtre.]

THÉATRE DE LA RÉPUBLIQUE.

Oscar, fils d'Ossian, tragédie.

Toutes les nations ont paru sur la scène à différentes époques et avec les couleurs qui leur sont propres. Cependant on n'avoit point songé à décomposer les poésies erses, à réunir quelques-uns de leurs traits les plus frappans pour en composer un ouvrage dramatique : c'est ce que vient de faire le citoyen Arnaud. Cette idée étoit heureuse et neuve , et les détails singuliers qu'elle lui offroit, traités avec le talent dont il a déjà fait des preuves, pouvoient lui promettre des succès.

Il a donc placé la scène au temps des Bardes, dans les montagnes d'Ecosse, et son héros est Oscar, fils d'Ossian, et petit-fils de Pingal. Voici la fable qu'il a imaginée.

La scène se passe, comme nous l'avons dit, en Ecosse, au troisième siècle. Dermid, chef de la ville de Selima, a été fait prisonnier par le vieux Soaran, tyran cruel qui a envahi son pays. Vaincu ensuite par la valeur d'Oscar, il a emmené Dermid et son jeune enfant, et un vieillard ami de Dermid, dans ses états, où il les retient dans une dure captivité. Mais Oscar ignore le sort de cet ami ; en vain, pour satisfaire aux devoirs que son attachement lui inspire, pour satisfaire aux desseins de Malvina, épouse de Dermid, il a cherché par-tout cet ami ; et ce n'est qu'à la fin qu'il apprend son sort et qu'il en instruit Malvina. Oscar et Malvina sont jeunes ; ils ont un cœur sensible, une ame ardente. Oscar s'est attaché fortement à Malvina ; il a conçu pour elle l'amour le plus violent, et celle-ci partage ses sentimens ; mais elle les lui cache et voudrait se les cacher à elle-même. Oscar, craignant de laisser échapper son secret, veut partir ; il feint le projet de se remettre à la recherche de Dermid. Malvina s'oppose à son dessein ; elle l'accuse d'indifférence ; elle dit que ses malheurs ont lassé sa pitié, et qu'il veut s'éloigner pour ne plus être le témoin de sa douleur qui lui est devenue insupportable. Le sensible Oscar, ne pouvant plus se contenir à ces mots, avoue sa funeste passion. Malvina est interdite ; elle prévoit que ce jour a perdu Oscar et elle. Cependant on annonce l'arrivée d'un Barde qu'Oscar avoit envoyé chez Soaran pour savoir le sort de son ami. Le vieillard raconte que le tyran a laissé sortir Dermid, mais qu'il a gardé son fils ; qu'ils sont partis tous deux pour l'Ecosse ; mais qu'assaillis par une effroyable tempête lui seul s'est sauvé, et que Dermid a péri : qu'avant de mourir il a exigé d'Oscar, comme une preuve de son amitié, d'épouser Malvina et de servir de père à son fils.

Oscar paroît devant Malvina ; il la presse de répondre avec franchise ; il ne veut la devoir ni à la tendresse maternelle, ni aux ordres d'un époux : quoi qu'elle ordonne, il délivrera son fils, il vengera Dermid ; mais si elle l'épouse, il veut que ce soit par tendresse et non par devoir. Il contraint ainsi Malvina à lui faire cet aveu qu'elle renfermoit dans son sein. Tout se prépare ; il doit l'épouser sur la tombe de Fingal, et partit le lendemain pour délivrer son fils. Mais un vieillard paroît ; c'est celui qui avoit accompagné Dermid dans sa fuite. Il reconnoît Oscar ; il lui dit que le vieux Soaran, redoutant sa valeur, l'a rendu libre avec le fils de Dermid, et que celui-ci est échappé au naufrage ; qu'il est vivant, qu'il attend son ami au tombeau de Fingal. Le désespoir d'Oscar est au plus haut degré ; cependant il court au-devant d'un ami.

Dermid est avec son fils dans une forêt sombre, près du tombeau de Fingal. Cet enfant est fatigué ; il le couche sur le tombeau. Oscar arrive ; il embrasse son ami, que son air égaré affligé. Il ne peut feindre ; il lui avoue sa fatale passion. Dermid s'accuse d'avoir perdu son ami sans le vouloir. Tous deux se demandent mutuellement la mort ; tous d'eux éperdus et hors d'eux-mêmes s'enfoncent dans l'épaisseur du bois. L'enfant se réveille à leurs cris. Le vieillard arrive et court avec lui sur leurs traces.

Oscar paroît abattu ; il sait que Dermid est mort ; il a le sentiment du crime ; il n'en a pas le souvenir : Dermid a dit, en mourant, s'être tué lui-même ; Oscar se fait répéter plusieurs fois cet avis qui le tranquillise : cependant il ne remet pas son épée ; il veut voir le vieillard ; il dit à celui-ci qu'il veut mourir, et lui ordonne de l'inhumer près de son ami. Le vieillard le détourne de ce dessein ; il doit suivre l'ordre de Dermid, épouser sa femme, donner un père à son fils : Oscar persiste dans sa résolution. Le vieillard insiste ; il lui dit qu'il doit vivre ou mourir pour venger Dermid, qui est tombé non sous ses propres coups, mais sous le fer d'un
assassin : il présente un témoin muet le glaive trouvé dans son sein ; Oscar le reconnoît, c'est le sien ; il ne doute plus de son forfait, il en est accablé. Cependant les Bardes pressent de nouveau l'union d'Oscar et de Malvina ; elle vient avec son fils qu'elle lui présente ; mais cet enfant s'épouvante et fuit à son aspect ; il reconnoît le meurtrier de son père : Oscar ne cherche point à déguiser son crime ; il l'avoue, et s'en punit en se donnant la mort.

On voit que le citoyen Arnaud n'a point suivi des routes battues, et qu'après avoir obtenu des succès mérités dans le genre admiratif, il a voulu s'exercer dans le genre pathétique. Il a bien peint toute l'énergie d'une passion telle que celle de l'amour dans une ame neuve et ardente comme celle d'Oscar ; la scène dans laquelle il vient avouer à Dermid sa fatale passion est d'une grande beauté, et la plupart des descriptions puisées dans l'état physique du ciel et de la terre, et dans les scènes variées qu'ils offrent aux habitans des montagnes, sont imitées des poésies attribuées à Ossian avec beaucoup de talent et d'habileté ; mais quelques défauts dans le plan ont empêché l'ouvrage d'obtenir un succès plus décidé.

Le principal est que les événemens qui font croire successivement à la perte, à la mort de Dermid, et qui amènent enfin son retour ne sont pas assez motivés, et est ici le défaut de vraisemblance qui nuit à l'intérêt : quelques touchans que soient les regrets d'Oscar, il est bien difficile de supposer qu'il a tué son ami, s'est endormi après, et qu'il n'en a plus qu'un souvenir confus qui lui a laissé une horreur profonde, mais qu'il ne connoît ni l'excès de son malheur , ni l'étendue de son crime.

Les enfans sont un moyen dramatique mis en usage plusieurs fois avec succès depuis Médée chez les anciens, et Inès de Castro parmi nous ; mais ce moyen est bien délicat à employer pour ne faire dire à l'enfant que ce qu'il doit dire : il est impossible de répondre avec plus de grâce et d'esprit que le jeune Joas dans Athalie ; mais on voit que ces réponses, au-dessus de son âge, naissent de l'instruction que lui donne avec soin le grand-prêtre Joad, et qu'il ne fait que répéter, pour ainsi dire, ce qu'on lui apprend chaque jour par la conversation et en la faisant lire dans les livres saints ; aussi cela justifie-t-il ces mots d'Athalie :

J'aime à voir comme vous l'instruisez ;

et ces mots rendent vraisemblable tout ce qu'a dit le jeune Joas ;mais dans Oscar, le fils de Dermid lui fait des questions dont le seul but est d'annoncer une réponse conforme aux idées du temps, et qu'un enfant qui fait de semblables demandes ne sauroit comprendre. Les réponses de Dermid sont applicables à nos idées de civisme et de liberté ; mais aussi ce ne sont point des définitions justes et convenables à la circonstance. Qu'est-ce qu'un héros, demande le jeune enfant ? et Dermid lui répond que c'est celui qui n'est ni oppresseur, ni esclave : qu'est-ce qu'un méchant ? c'est, dans sa définition, celui qui attaque la liberté de ses semblables. Ces moyens, employés pour obtenir de la multitude quelques applaudissemens éphémères, sont indignes d'un homme aussi distingué que le citoyen Arnaud ; ils manquent même leur but. L'auteur, par ces allusions, nous transporte du pays où la scène se passe dans celui que nous habitons, et détruit l'illusion et l'intérêt ; les auteurs vraiment soigneux de leur réputation, et aussi élevés que le citoyen Arnaud, doivent abandonner aux écrivains d'un ordre plus commun ces tirades-vaudevilles et parasites qui ne tiennent point au sujet ; et tout ce qui lui est étranger retarde la marche, refroidit l'action, et est nuisible du succès.

Un moment terrible, un moment où le fils de Dermid est bien placé, c'est lorsqu'il reconnoît dans celui qu'on veut lui donner pour père le meurtrier du sien.

Nous reprocherons encore au citoyen Arnaud un anachronisme qu'il aurait pu éviter. Oscar, en demandant à son ami de mettre la main sur son cœur, et en parlant de son sang, qui y puise un feu dévorant, décrit la circulation du sang d'une manière à-peu-près conforme aux principes établis par Hervey  et cependant on n'avoit, à l'époque où il fait vivre Oscar, aucune idée de la circulation du sang ; cette observation paraîtra peut-être minutieuse, cependant nous la croyons juste : celui qui se destine à écrire, dans quelque genre que ce soit, poëte ou prosateur, doit être lettré ; le citoyen Arnaud l'est sans doute, et il sentira mieux que personne qu'on ne doit pas plus confondre les époques des découvertes que celles des événemens. L'ordre des événemens de l'histoire littéraire doit être respecté comme l'ordre des événemens de l'histoire politique, et il n'est pas plus permis de déplacer l'époque d'une grande découverte que de déplacer l'époque d'une .grande bataille ou d'une grande révolution.

Le style de la tragédie du citoyen Arnaud a paru digne de sa réputation, et il a parfaitement le caractère qui convient à l'époque et au lieu où il a placé la scène. Nous ne doutons point qu'avec des changemens il ne fasse d'une composition, déjà très-estimable, un ouvrage qui restera au théâtre, et qu'on y reverra toujours avec plaisir.

A. L. M.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1796, volume (mai-juin 1796), p. 250-255 :

[Pour rendre compte d’une tragédie, il faut manifestement faire un long compte rendu, classiquement ouvert par le résumé d’une intrigue plutôt compliquée et qui ne craint pas les rebondissements. Après ce résumé, le critique tente d’expliquer le succès très mitigé de la pièce, dont il estime qu’il serait facile de l’améliorer. Cause de cet échec relatif ? Le changement radical entre début, centré sur l'amour, et fin, centrée sur la jalousie. « il n'y a pas deux actions croisées, mais deux actions successives ». Pour s’expliquer le critique rappelle le rôle respectif de la pitié et de la terreur que suscitent les tragédies. La tragédie doit susciter l’intérêt sans lequel une pièce n’attache personne, et cet intérêt repose sur l'amour, quand la jalousie ne peut montrer qu’un affreux spectacle. La terreur peut être le ressort d’une pièce, mais il faut qu’elle laisse place à des larmes qui ne soient pas seulement des larmes nées de la terreur. Le critique affirme qu’Arnaud rajoutera un cinquième acte à sa pièce, et il lui suggère d’y faire revenir le couple Oscar-Malvina : en passant de la terreur au pathétique, l’auteur soulagera « le spectateur qu'oppresse le meurtre affreux commis par Oscar ». Il souligne également la force de la grande scène de la rencontre d’Oscar et de Dermid, où Oscar demande la mort à son ami, scène « d’une extrême difficulté » tant elle semble « étrangère à nos mœurs ». Le style est aussi l’objet d’un grand éloge : la pièce est « une longue suite de beaux vers, de vers harmonieux & passionnés, dont la couleur rappelle sans cesse & les tems & les lieux de l'action », qui semblent dicter le jeu de l’acteur. La pièce a mérité son succès dans le « genre politique « , mais le critique pense qu’Arnaud ferait mieux de revenir au « genre passionné, qui est bien plus fécond, bien plus conforme à la nature de l'homme, bien plus propre aux mœurs d'un peuple paisible, sensible & policé ». Le compliment a ses limites...]

THÉÂTRE DE LA RÉP UBLIQUE;

Oscar, tragédie, par Arnault.

La scene se passe en Ecosse, & au 3e. siecle, c’est-à-dire, au tems & au pays des Bardes ; les mœurs étoient pures, mais ardentes ; l’imagination remplie d'images douces, mais toujours disposée aux passions violentes.

Malvina, épousé de Dermid, est séparée de lui depuis plusieurs années. Dermid est prisonnier d'un roi Scandinave, qui a envahi son pays. Oscar, ami de Dermid, a délivré sa patrie du tyran étranger ; mais ignorant le sort de Dermid, il s'est mis à sa recherche ; il arrive sana avoir pu le découvrir ; il annonce à Malvina l'inutilité de ses efforts.

Malvina & Oscar ont conçu dès long-tems, un amour mutuel ; mais cet amour est un secret qu'ils se sont caché à eux-mêmes.

Oscar, à peine arrivé, veut fuir Malvina ; Malvina le retient, & le presse de goûter le repos, au sein de l’amitié.

Un vieillard qui, prisonnier avec Dermid, s'est échappé avec lui de la prison, arrive. Il apprend que Dermid a péri dans un naufrage an moment de revoir sa patrie, & qu'en périssant il a sait demander à Oscar, au nom de !amitié, d'épouser Malvina, & de venger son fils.

Le vœu de Dermid devient celui du pays entier. Les Bardes pressent Oscar & Malvina de l'accomplir. Les amans s'avouent leurs sentimens, ils y cedent autant qu'au vœu de Dumid. Leur union doit être célébrée le lendemain..... Mais on annonce le retour de Dermid & de son fils, jeune enfant renfermé dans la même prison que lui.

La jalousie s'empare d'Oscar. Il va à la rencontre de Dermid ; il le trouve arrêté dans une épaisse forêt, où son fils reposoit sur un tombeau.

L'amitié se sait sentir à son cœur ; il embrasse son ami ; il lui demande la mort ; il lui déclare son amour. Dermid s'afflige ; mais à quelques paroles qui rappellent ses droits d'époux, Oscar rentre en fureur ; il tire son épée ; un combat s'engage. Oscar, pressé par le remord, semble fuir ; mais ils se rejoignent ; ils se perdent dans l'épaisseur de la forêt. Bientôt on apprend que. Dermid n'est plus.

Oscar égaré revient sur la scene. Il a le sertlinunt d'un crime ; il n'en a pas le souvenir.

Il ne sait s'il a tué Dermid; mats il sait qu'il est mort. Dans un rêve affreux, il l'a vu expirant & se donnant la mort.

Cependant, les Bardes pressent de nouveau l'union d'Oscar & de Malvina ; (ils croient que Dermid s'est tué lui-même.) A ce moment, on apporte le sabre trouvé dans le flanc de Dermid ; c'est celui d'Oscar qui le reconnoît ; Malvina approche de lui son fils, dont il va devenir l'appui ; l'enfant, qui dans la forêt s'étoit réveillé au bruit du combat, & avoit vu frapper son pere, s'écrie... Fuyons, il a tué mon pere... L'effroi est général. Oscar se donne la mort. Tel est fond de la piece. Nous parlerons aussi des détails de la composition & du jeu des acteurs.

Oscar n'a pas obtenu un de ces succès qui comblent les vœux d'un jeune poëte & sont le tourment de ses rivaux ; mais l'auteur a pu remarquer qu'il lui étoit facile de l'obtenir. S'il a observé l'impression que sa piece a faite, il a dû voir combien il pouvoit espérer de gloire de développemens plus complets ; le fond de l’ouvrage est grand, neuf, hardi. C’est à la marche de l’intérêt, à son unité, à son progrès, d'en assurer l'effet.

Je soupçonne que le défaut de la piece est de promettre de l'amour dans les premiers actes, & de ne présenter que de la jalousie dans les deux derniers.

L'intérêt est non pas divisé, mais rompu ; il n'y a pas deux actions croisées, mais deux actions successives : ce que la premiere a mis dans l’ame du spectateur, est perdu pour la seconde; dans la seconde, rien ne ramene à la premiere.

Il me semble que, dans la tragédie, l'objet est la pitié & le moyen la terreur. Il faut un intérêt pour s'attacher à un événement tragique ; c'est la pitié qui le donne. La terreur, qui fait jouer dans l’ame, au plus haut point, le ressort de la crainte, tandis que la pitié fait jouer celui de l'espérance, n'est qu'un moyeu de l'intérêt.

Quels sont les sentimens propres à inspirer l'intérêt ? Ce sont non-seulement les sentimens naturels & profonds, mais aussi les bons sentimens, ceux dont la nature humaine s’honore ; & l'amour est le premier de tous.

La jalousie effrénée ne peut, par elle-même, offrir qu'un odieux spectacle ; elle est bonne au théatre, parce qu'elle place l'amour dans des situations terribles ; mais il faut toujours qu'elle ramene à l'amour.

Que la terreur fasse le ressort d'une piece, rien de mieux ; mais après qu'elle a tourmenté l’ame du spectateur, faites que la pitié ouvre un passage aux larmes. Faites-nous frémir sans doute, mais pour nous faire pleurer ensuite ; & non pour nous avoir fait frémir.

Les amis de l'auteur font espérer qu'à une prochaine représentation d'Oscar, un nouveau cinquieme acte remplira, à cet égard, le vœu de 1’art ou plutôt celui du cœur ; & que l'on reverra l'amour malheureux, dans le sentiment du crime commis par la jalousie. Il est en effet nécessaire de rendre quelqu'intérêt à Oscar, de le remettre en scene avec Malvina, de ramener en un mot de la terreur au pathétique, si l’auteur veut soulager le spectateur qu'oppresse le meurtre affreux commis par Oscar.

Du reste, les hommes en état de juger l'expression des passions humaines dans leurs écarts comme dans leurs élans, ont dû concevoir une grande estime pour le talent d'Arnaud, en voyant la scene où Oscar, accourant au-devant de son ami, partagé entre l'amitié & l'amour, l'embrasse, lui demande la mort, & finit par la lui donner.

Cette scene étoit d'une extrême difficulté, non que l’action ne soit très conforme à la nature, mais parce qu'elle semble étrangere à nos mœurs, qui ne nous permettent gueres des passions aussi violentes. Il falloit au poëte un grand talent pour éviter d'y devenir horrible, au lieu d'y être terrible ; Arnaud a échappé au danger. Qu'il ajoute au rôle de Dermid quelques vers qui fassent voir en lui un possesseur jaloux , au moins inquiet de Malvina; sur tout que le jeu des acteurs seconde bien l'intention de l'auteur, & cette scene, déjà admirable, sera une des plus belles du théatre.

Le style de la piece mérite d'être remarqué. Nous ne nous bornerons pas à dire qu'elle renferme de très-beaux vers ; un tel éloge ressembleroit trop à ceux qu'on accorde quelquefois à certains poëtes, ordinairement barbares, aussi étrangers à l'harmonie qu'aux convenances, lesquels réservant la terreur pour la tribune, inspirent au théatre que la pitié : la piece d'Arnault est une longue suite de beaux vers, de vers harmonieux & passionnés, dont la couleur rappelle sans cesse & les tems & les lieux de l'action, & dont le mouvement toujours d'accord avec celui de l’ame, semble noter pour l'acteur la maniere de les prononcer.

Nous terminons, en observant qu'Oscar annonce dans l’auteur de Marius, non pas peut-être plus de talent, mais un autre talent que celui dont il avoit fait preuve jusqu'à présent. Le genre politique, qu'on appelle, je ne sais pourquoi, admiratif, lui a mérité de nombreux applaudissemens ; il est sûr d'en recueillir bien davantage, dans le genre passionné, qui est bien plus fécond, bien plus conforme à la nature de l'homme, bien plus propre aux mœurs d'un peuple paisible, sensible & policé.

(Journal des spectacles.)

D'après la base César, la tragédie d'Arnaud a été jouée 11 fois au Théâtre français de la rue de Richelieu, du 2 juin au 3 novembre 1796.

La base La Grange de la Comédie Française indique qu’elle est entrée dans ce théâtre le 5 mars 1800 et qu’elle y a été jouée 5 fois jusqu’en 1801. Si cette entrée au Théâtre Français de la République est bien signalée dans le Courrier des spectacles comme première représentation de la reprise de la pièce, je n’ai pas trouvé dans les exemplaires des jours suivants d’article sur cette représentation.

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