Les Quiproquo espagnols

Les Qui pro quo espagnols, opéra en deux actes en prose, paroles de Jean-Élie-BedenoDejaure, musique de Devienne; 10 décembre 1792.

Théâtre de la rue Feydeau.

La date du 10 décembre provient du Dictionnaire lyrique de Félix Clément, Pierre Larousse, p. 561.

Titre :

Qui pro quo espagnols (les)

Genre

opéra

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

10 décembre 1792

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Dejaure

Compositeur(s) :

Devienne

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 3 (mars 1793), p. 327-330 :

[Encore un opéra-comique où la musique vaut mieux que le livret (sans valoir nécessairement beaucoup : le critique ne s’avance guère sur ce point. Il suffit de lire : « La conduite de cet opéra est si absurde qu'elle en est ridicule. Passe encore si elle étoit amusante ; mais l'ennui le plus mortel a saisi tous les spectateurs. Le dialogue le plus insignifiant, une absence totale d'esprit, une platitude impardonnable de style, ne pouvoient produire que cet effet. »

THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.

Les qui pro quo espagnols, opéra en deux actes en prose.

Un Espagnol a deux filles. Une d'elles avoit un amant, parti depuis long-tems pour les Indes, & qu'un long silence fait croire mort ; car il en coûte apparemment un peu plus de le croire indifférent. Un autre amant se présente ; il a mis la soubrette dans ses intérêts, ce qui annonce qu'il n'y a pas mis encore sa maîtresse. Le pere, qui appréhende pour ses filles quelque intrigue d'amour, épie la maligne soubrette ; mais, comme il est d'usage au théatre, & même dans le monde, la soubrette déjoue la surveillance qui la poursuit. Les deux jeunes personnes s'aiment beaucoup, & se confient ce qu'elles pensent du jeune homme, qui recherche l'une d'elles. La plus jeune éprouve pour lui un sentiment qu'elle suppose à sa sœur qui la désabuse, & qui ne songe qu'à l'amant qu'elle a perdu. Cette confidence faite, il s'agit de trouver les moyens de réunir les deux amans, & l'aînée des sœurs fait donner par la soubrette un rendez-vous au jeune homme dans un pavillon du jardin. Cependant une réunion inattendue se prépare, pour cette sœur si serviable. L'amant qu'elle croit mort, est revenu en secret. II est jaloux ; il veut connoître, sans se découvrir, le sentiment qu'a pu produire sa longue absence. L'heure du rendez-vous nocturne, donné par les deux sœurs, est arrivée. Les prétendus rivaux se rencontrent près du jardin ; on se bat, comme de raison , & l'homme au rendez-vous, qui étoit venu avec ses gens, fuit avec eux. Au bruit qui s'est fait, le pere arrive. Il questionne l'amant resté, & sur ses réponses intéressantes, il lui propose un asyle chez lui ; l'asyle, on le voit bien, est vivement accepté. Le rendez-vous appelle l'autre amant, qui s'introduit enfin dans la maison , mais qui ne sait pas qu'un rival a pris sa place. Le pere, qui le rencontre, le prend pour celui qu'il a recueilli, & dans son erreur le rassure & lui conseille l'espérance. Le jaloux, qui évite toujours le pere, pour chercher la fille, arrive enfin dans un pavillon où les deux sœurs doivent se rendre. Il en est reconnu, & après la surprise & la joie d'une part, les reproches & la douleur de l'autre, l'arrivée du pere le force à se cacher. Des gardes viennent chercher l'homme qui a été recueilli dans cette maison, & contre lequel ont porté plainte ceux qu'il a fait fuir. Le pere, qui, dans sa méprise, a mis en sûreté l'autre jeune homme, est tout étonné quand il voit le jaloux s'offrir tout-à-coup aux gardes qui le demandent. Il se fait connoître pour celui à qui l'asyle a été donné, & avec de l'or on renvoie la garde. L'amant, objet de la méprise., & que le pere va chercher pour le mettre hors de sa maison, vient pendant que celui-ci est à sa perquisition, & en présence des deux sœurs, .il est obligé de tirer l'épée contre son rival. Le pere arrive avec des flambeaux. Les deux rivaux se reconnoissent ; ce sont les deux freres. On s'explique, & on fait un double mariage.

Tel est le fond de cet ouvrage , dont on a tâché de rendre l'analyse, au moins un peu raisonnable. La conduite de cet opéra est si absurde qu'elle en est ridicule. Passe encore si elle étoit amusante ; mais l'ennui le plus mortel a saisi tous les spectateurs. Le dialogue le plus insignifiant, une absence totale d'esprit, une platitude impardonnable de style, ne pouvoient produire que cet effet. Il est tems que la critique fasse justice des mauvais ouvrages, & nous rendrons courageusement ce service aux talens. La musique des Qui pro quo méritait un autre poëme.

César : pas de quiproquo espagnols dans la base... Elle est pourtant connue de la Biographie universelle et portative des contemporains, tome deuxième (Paris, 1834), p. 1262 (dans la biographie de Jean-Elie-Bedeno Dejaure) et 1361 (dans la biographie de François Devienne).

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