La Tête rouge, ou le Mandrin du Nord

La Tête rouge, ou le Mandrin du Nord, tableaux historiques en 2 actions et à grand spectacle, avec un prologue en prose, de Frédéric [Dupetit-Méré], musique de Piccini et Darondeau, 15 mai 1810.

Théâtre des Jeux Gymniques.

Le journal des arts, des sciences et de la littérature, n° 8 du 20 mai 1810, p. 192 

[Le compte rendu place bien la date de la première au 15 mai. Le ton de l'article, c'est l'indignation devant un spectacle qui appelle les adjectifs « dégoûtant, horrible, monstrueux, horrible, révoltant, monstrueuse ». Et ce spectacle moralement inacceptable a été applaudi, e tles auteurs ont été nommés (mais le journal ne les nomme pas).]

Théâtre de la Porte Saint-Martin. – Première représentation de la Tête Rouge ou le Mandrin du Nord, pantomime en deux actes. Dégoûtante production ; assemblage horrible et monstrueux de tous les traits les plus féroces de ces brigands qui désolèrent les rives du Rhin, il y a dix ans, et à la tête desquels était Schinderhannes, dont on vient récemment de publier l'histoire. Ce chef de brigands se brûle la cervelle sur la scène, d'un coup de pistolet. Pour rendre cette action encore plus horrible, l'acteur, chargé de ce rôle, a imagine de se rougir le visage avec une éponge imprégnée de sang, à l'instant même où il se lâche le coup; et c'est dans cet état qu'il tombe sur le parquet et qu'il s'offre aux yeux des spectateurs. Peut-on imaginer quelque chose de plus révoltant ? Cependant la pièce a été vue tranquillement jusqu'à la fin, et quelques sifflets qui se sont faits entendre alors n'ont pas empêché de nommer les auteurs de cette monstrueuse production.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1810, tome 3, p. 143 :

[Le compte rendu du Magasin encyclopédique est beaucoup plus serein de celui du Journal des arts. Bien sûr, la violence de la pièce est soulignée, mais sans condamnation morale. Pour l'essentiel, le critique raconte une intrigue pleine de coups, de sabre ou de feu, con forme à ce que la pantomime montre. On retrouve le monstre, la chaste jeune fille, son vieux père. Le critique souligne le succès de la pièce, attribué à l'auteur, mais aussi à l'acteur principal, « d'une vérité effrayante.]

THÉATRE DES JEUX GYMNIQUES,

Salle de la Porte S. Martin,

La Tête rouge, ou le Mandrin du Nord,
pantomime en deux actes.

Schinderhannes, qui a fait beaucoup de bruit pendant sa vie, en fait beaucoup après sa mort au théâtre des Jeux Gymniques, où il n'épargne ni les coups de sabre, ni les coups de pistolet et de fusil.

Ce scélérat, après avoir séduit Coelie, fille de M. de Mursheim, l'a abandonnée pour se livrer à la débauche et aux crimes qui en sont les suites. Il a à sa solde une troupe de brigands, et répand partout la terreur. Il vient dans une chaumière, où sa victime s'étoit réfugiée. Coelie fuit déguisée en paysan ; elle est arrêtée sur la route et conduite chez son père qui ne la reconnoît pas. Schinderhannes a pénétré dans le parc de M. de Mursheim : le pillage, l'assassinat et l'incendie lui étant familiers, il se dispose à faire périr ce malheureux vieillard, et à dévaster ses propriétés ; mais il est obligé de se retirer avec les siens devant des forces nombreuses ; il emmène Coelie; on les poursuit.

Une fête foraine est préparée ; les brigands, méconnoissables sous divers costumes, se promettent un riche butin. Ils mettent le feu au village, et pendant le tumulte s'emparent de Mursheim, qu'ils conduisent dans leur repaire. Au moment où ils s'y attendent le moins, des troupes les attaquent, les combattent et les désarment. Mursheim et sa fille sont délivrés, Schiuderhannes se tue.

La pièce a été vivement applaudie. L'auteur est M. Frédéric ; il a été bien secondé par M. Rẻvalard, qui, dans le rôle de Schinderhannes, est d'une vérité effrayante.      T. D,

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