La Tour du sud ou l'Embrasement du château de Lowinska

La Tour du sud ou l'Embrasement du château de Lowinska, mélodrame en 3 actes, de Bonel et Boirie, musique de Leblanc, ballet de Hus le jeune, 25 floréal an 12 [15 mai 1804].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, an 12 [1804] :

La Tour du sud, ou l'Embrasement du château de Lowinska, mélodrame en trois actes, A grand Spectacle, orné de chants, danses, combats, pantomime, incendies, explosions, etc. Par MM. Bonel et Boirie, Musique de M. Leblanc, Ballets de M. Hus, le jeune ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 20 Floréal, an XII de la République Française.

La date de la première n'est pas exacte : le Courrier des spectacles donne comme date de première mle 25 floréal an 12 [15 mai 1804].

Courrier des spectacles, n° 2636 du 26 floréal an 12 [16 mai 1804], p. 2 :

[L'auteur du compte rendu ne s'est pas facilité la tâche en commençant par un paragraphe peut-être ironique sur le goût immodéré des romans modernes pour les « descriptions minutieuses » (et leur goût non moins immodéré pour les décors médiévaux). La pièce nouvelle entraîne le spectateur vers une « tour du sud » d'un château dans lequel un seigneur cruel tient prisonnière celle qu'il veut forcer à l'épouser. Le père de la jeune fille est devenu ermite. Le critique peine un peu à donner une idée précise de l'intrigue, fort embrouillée (mais le critique n'ose pas le dire), mais tout finit bien sûr par un combat dans lequel le méchant est vaincu, et il fait alors sauter son château. Sans doute que la jeune fille épouse celui qui a aidé son père à vaincre le méchant, mais le critique ne le dit pas. Le critique a bien aimé la scène de l'explosion du château, juge que l'acte deux est un peu faible. Il trouve que le style de la pièce n'est guère soigné, que les acteurs jouent avec ensemble, que les costimes sont « très soignés », que les ballets réunissent des danseurs « de différens âges » que le public a appréciés, et il finit en félicitant Ribié, le directeur du théâtre, pour son travail efficace qui permet à sa salle de retrouver un public. Les auteurs sont enfin énumérés.]

Théâtre de la Gaîté.

Première représentation de la Tour du Sud.

Il n’y a rien de si plaisant que les descriptions minutieuses qui se trouvent dans les romans du jour. Ici ce sont des ponts levis, là une tour du nord, à l’opposé celle du sud, ailleurs des escaliers, des souterreins, tout y est énoncé avec une exactitude scrupuleuse ; le romancier ne vous fait pas grâce d’un barreau, d’un degré, d’une pierre : on a souvent ri de ces descriptions, et la Tour du Nord a été mainte fois renversée par l’arme du ridicule. Quant à la Tour du Sud, elle semble avoir échappé à la proscription, et tandis qu'elle est encore debout, deux auteurs ont cru qu’elle pouvoit leur servir à y établir le lieu de leur scene.

Roskoff, seigneur polonais, après avoir acheté par ses crimes et ses assassinats la possession du château de Lindorf, y conduit incognito la jeune Caroline, fille du baron de Lindorf , qu’il veut contraindre à l’épouser. Ce dernier se déguisant sous une barbe épaisse et sous des habits d’hermite, habite depuis quelque temps dans le voisinage, et y est l'objet de la vénération et de la reconnoissance des paysans des environs. Il attend l’heure de la vengeance. L’arrivée du jeune Ladislas, dont le pere a péri sous les coups de Roskoff, lui offre l’occasion d’exécuter ses projets. Roskoff lui demande son ministère pour l'unir à minuit avec Caroline, et pour s’assurer de sa fidélité, il emmène au château Ladislas et son écuyer que l’hermite a lait passer pour ses parens. Tandis qu’ils sont au château, il écrit à Roskoff que Ladislas est près de lui, parmi ses gardes ; Roskoff cherche à le découvrir, et le surprenant avec Caroline, il va l’immoler, lors que l’hermite, qui a pénétré dans le château par des issues qu’il connoît seul, se présente aux yeux de l’assassin enveloppé dans un drap blanc , et prenant Ladislas dans ses bras, le dérobe aux coups de .son ennemi ; puis à l'heure indiquée, il se rend au château par le même chemin, et comme personne ne l’a vu entrer par la porte qui est surveillée avec soin, il est accusé d être l’ennemi de Roskoff et le complice de Ladislas.

Celui-ci caché avec son écuyer dans un mausolée, voyant son rival s’élancer sur l'hermite qui a quitté son déguisement et qui tient sa fille renversée sur son sein, sort de sa retraite, fond sur Roskoff et le désarme. Ce dernier dont les soldats sont attaqués par des paysans, fait alors sauter le château et cherche à s'ensevelir sous ses ruines.

Ce dernier coup de théâtre est très beau et présente le coup-d'œil le plus pittoresque. Le premier acte est assez bien rempli et marche av»e rapidité. Le second est un peu court et n'a pas autant satisfait les spectateurs. Le troisième offre du mouvement et la catastrophe est bien amenée.

Cet ouvrage dont le style auroit pu être plus soigné, a été en général assez applaudi ; il est joué avec ensemble par MM. Revalard, Marty, Riviere et Lafitte ; les costumes sont très soignés. Le ballet du premier acte est gracieux et plein de fraîcheur. On y a vu figurer plusieurs sujets de différens âges, qui ont réuni tour-à tour beaucoup de suffrages.

Le soin avec lequel ce mélodrame est établi fait honneur à l’activité et à l’intelligence de M. Ribié qui voit chaque jour se remplir de curieux une salle qui naguères étoit presque déserte.

Les auteurs de cet ouvrage sont MM. Bonel et Boirie, celui de la musique M. Leblanc, celui du ballet M. Eugène Hus.

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