Le Tonnelier

Le Tonnelier, opéra-comique en un acte, paroles d’Audinot et Quétant, musique nouvelle de Nicolo Isoard, 29 floréal an 9 [19 mai 1801].

Opéra-Comique-National.

La pièce est annoncée dans le Courrier des spectacles, n° 1541 du 29 floréal an 9 [19 mai 1801] de la manière suivante :

« Aujourd. la premiere représ. de la reprise du Tonnelier, opéra en 1 acte, avec une nouvelle musique parodiée de l’italien ».

Titre :

Le Tonnelier

Genre

opéra-comique avec une nouvelle musique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

29 floréal an 9 (19 mai 1801)

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique National

Auteur(s) des paroles :

MM. Audinot et Quétant

Compositeur(s) :

M. Nicolo Isoard

Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 234 (24 floréal an 9) p. 978 :

[Annonce de la pièce. Elle n’est pas vraiment nouvelle ! Elle a d’abord été jouée en Italie.]

Le citoyen Nicolo, compositeur italien. connu par, plusieurs ouvrages, et notamment par l'Avis au Marié et Artaxerces, trouva à Naples la piece du Tonnelier, traduite en italien. Il en fit une nouvelle musique qui obtint les suffrages du public – Le citoyen Nicolo, arrivé depuis peu en France, a desiré faire connaître son ouvrage, l’a proposé aux artistes du théâtre de l'Opéra-Comique-National, lesquels se sont empressés de satisfaire à ses vœux.

Courrier des spectacles, n° 1542 du 30 floréal an 9 [20 mai 1801], p. 2 :

[C’est prendre un risque de renouveler la musique d’une œuvre, d’autant qu’il s’agit de remplacer une musique de Gossec, dont on connaît la popularité (en fait, de Gossec et de plusieurs autres (créée le 16 mars 1765). Le renouvellement partiel de la musique de cet opéra comique est jugé assez sévèrement par le critique qui consacre l’essentiel de son compte rendu à comparer les deux musiques, pour dire que celle de Nicolo Isouard est décevante. Des remarques précises laissent apercevoir en arrière plan la querelle entre musique française et musique italienne, entre tradition et nouveauté. La musique de Nicolo ne manque pourtant pas de qualités, en particulier le critique lui reconnaît le mérite d’être « l’ennemi des effets exagérés et des bruits inutiles ». Il faudrait seulement qu’il travaille « sur un patron neuf ». L’ouverture du Tonnelier montre qu’il est capable de fournir une musique « charmante » et appréciée des spectateurs.]

Théâtre Favart.

Il paroît très-délicat de remplacer par une musique nouvelle une musique ancienne, mais dont le mérite a résisté au temps, mais qu’on entend toujours avec plaisir, quoique bien d’autres genres aient prévalu depuis. On a l’exemple au surplus de différens compositeurs qui n’ont pas craint l’écueil des comparaisons. A-t-il été habilement évité par celui qui vient de changer une partie de la musique du Tonnelier ? C’est une question qu’on aura bientôt décidée, s’il est reconnu que le stile léger, orné, quelquefois même sentimental, convient moins à cet opéra-comique qu’un stile vif, animé, souvent marqué avec une sorte d’énergie, et toujours nourri d’accompagnemeus dans le caractère des personnages comme dans celui des situations. On ne trouve pas toujours ces qualités dans la composition nouvelle. Elle a peu de gaîté, elle manque aussi quelquefois de naturel ; le premier dua [sic] veut être excepté de cette remarque ; il rend toutes les intentions, et les deux parties en sont heureusement liées. Mais l’air bachique, et celui substitué à l’ancien air : Travaillez, bon tonnelier, laissent certainement des regrets que ne rachète nullement la finale. Pourquoi encore toutes les introductions sont-elles faites par des instrumens à vent, tantôt la flûte, tantôt le hautbois, tantôt la clarinette ? Rien n’est plus maigre, et ce défaut est saillant, surtout au premier morceau, en ce que la basse-taille, pendant plusieurs mesures de suite, est accompagnée d'une flûte seule.

Cependant , une infinité de tours gracieux ont fait pressentir ce dont le cit. Nicolo seroit capable s’il travailloit sur un patron neuf. Il est du moins l’ennemi des effets exagérés et des bruits inutiles ; mais pour mieux juger de son talent il suffit d’entendre la nouvelle ouverture, qui est charmante, et qui, aussi, a obtenu des appiaudissemens bien mérités.

Une partie des spectateurs a demandé le musicien , et il a paru.

B * * *          

Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 248 (8 prairial an 9) p. 1036 :

[Deux éléments à retenir : le succès mitigé de l’intervention de Nicolo Isouard, sa musique nouvelle ne faisant pas oublier l’ancienne ; puis une lettre de Quétant, qui revendique la paternité des paroles de la pièce.]

Le théâtre de l'Opéra comique vient de remettre le Tonnellier, l'une des plus anciennes pieces de son répertoire, avec une nouvelle musique de la composition du citoyen Nicolo Isouard. Le succès de cette reprise n'a pas été très-brillant : le caractere de la nouvelle composition a paru peu propre à celui des personnages : on a trouvé cette musique agréable, vive, légere, ingénieuse ; on y a applaudi des motifs de chant heureux, des accompagnemens pleins de grace et de fraicheur : mais l'expression propre, le ton convenable au sujet ne se retrouvaient plus : on a regretté les anciens airs, pleins de franchise et de gaieté, que le tonnellier avait fait passer de bouche en bouche ; ces airs qui, suivant l'expression heureuse qui a été si vivement applaudie à la derniere distribution des prix aux éleves du conservatoire, sont toujours retenus facilement , et ne sont jamais répétés sans plaisir.

L'opinion publique attribuait le Tonnellier à Audinot. Ce dernier se rendait, dit-on, à la seconde représentation de la reprise de cet ouvrage, lorsqu'il mourut : en rapportant cette triste et singuliere circonstance, les journaux ont nommé Audinot l'auteur du Tonnellier ; leur assertion a donné lieu au citoyen Quétant d'écrire la lettre suivante :

Au rédacteur.

Citoyen, je viens de lire dans votre journal du 7, un article où vous attribuez au citoyen Audinot la piece du Tonnelier, qui vient d'être remise au théâtre de l'Opéra-Comique-National avec une nouvelle musique. Je dois au public, à vous et à moi-même, de réclamer contre cette erreur.

En 1763, le citoyen Audinot donna , sous le titre du Tonnelier, et sous son nom , à la comédie italienne , une piece qu'il me dit lui-même avoir été composée par un auteur connu déjà par quelques succès. L'idée était heureuse ; mais la conduite était faible, sans action, les personnages sans caractere, et le dialogue étrangement négligé. On attendait tout de la musique, qui en effet était saillante ; mais elle ne sauva pas la piece. Le public l'accueillit avec une humeur peu commune ; on ne voulut pas écouter jusqu'à la fin, et le théâtre fut couvert des exemplaires qu'on avait fait imprimer et vendre avant la représentation. Le citoyen Audinot me crut capable de rendre la vie à cet enfant mort-né ; je resistai long-tems, mais je devais au talent du citoyen Audinot le succès du Maréchal, il avait rempli le rôle principal. J'osai donc entreprendre le Tonnelier. Je remis la piece entierement à neuf, parodiant la musique, et conservant seulement quelques morceaux, entr'autres la jolie chanson Dans un verger Colinette.

La piece, dans ce nouvel état, fut jouée à l'Isle-Adam, et fit plaisir. Audinot me pressa de la présenter aux Italiens ; j'y consentis, mais la lecture n'eut pas un sort favorable : la mémoire du sujet et de sa mauvaise fortune était récente encore ; la piece fut refusée ; la protection s'en mêla, les rôles furent distribués, aux répétitions, on apperçut des effets dont on augura bien ; mais je craignis, à mon tour le préjugé, et j'obtins des comédiens que la premiere représentation serait affichée sous le titre du Mariage de Vendanges ; peut-être me sut-on gré de ce ménagement ; le succès surpassa mes espérances , et dès le lendemain je rendis à la piece le nom du Tonnelier ; j'abandonnai au citoyen Audinot tout le produit utile, me réservant la propriété du manuscrit que je fis imprimer à mon nom.

Telle est, citoyen, l'histoire véritable du Tonnelier, qui vient d'être ranimé une seconde fois par la musique du citoyen Nicolo.

Je ne tire point vanité, citoyen, d'une production que je crois fort inférieure à d'autres du même genre ; mais j'ai dû à cette bagatelle quelques momens de l'approbation publique. Permettez-moi de revendiquer ce bien dont je me suis honoré.

Votre concitoyen                        Quétant.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 7e année, 1802, tome I, p. 274 :

[La pièce n’est pas nouvelle : c’est l’opéra-comique d’Audinot et de Quétant, musique de Gossec, Kohault, Philidor et Trial, qui a reçu une nouvelle musique. Et cette nouvelle musique ne plaît guère à l’auteur du compte rendu : trop de « roulades savantes », pas assez de gaieté et de naturel. Certes, Nicolo Isoard est un « artiste distingué », mais cela ne suffit pas à justifier la nouvelle musique.]

THÉATRE FAVART.

Il semble qu'on veuille mettre à la mode, depuis quelque temps, de faire de la nouvelle musique sur d'anciens opéra. Déja, on a fait des roulades savantes pour les paroles simples d'Annette et Lubin, qui alloient si bien sur des airs gais, que tout le monde répétoit avec plaisir. Le 29 floréal, on a joué le Tonnelier avec une musique nouvelle, parodiée de l'italien : la comparaison n'est pas à son avantage ; elle manque de la gaieté et du naturel de l'ancienne musique. On a remarqué cependant le premier duo comme très-chantant et rempli d'expression : mais l'air à boire, et celui qui a remplacé l'ancien air : travaillez bon tonnelier, n'approchent pas de ceux d'Audinot. Il faut convenir aussi qu'il n'est pas avantageux pour l'auteur de mettre de la musique nouvelle sur des paroles qui ne peuvent convenir qu'à des vaudevilles, et qui sont connues et répétées partout depuis plusieurs années,-Le C. Nicolo Isoard, auteur de celle-ci, est un artiste distingué. Il l'a prouvé par l'ouverture qui est charmante, et qui a été justement applaudie. Quelques spectateurs l'ont demandé après la pièce, et il a paru.

Commentaires

  • Rassat

    1 Rassat Le 06/11/2023

    Bonjour.
    On la trouve dans " La chanson française illustrée " vol. 1.
    A défaut je l'ai placée sur mon site consacré aux chants populaires français, quoique elle ne soit pas d'origine traditionnelle elle mérite pour sa musique d'en faire partie.

    J'ai placé son texte sa musique originale et un arrangement de moi-même à :

    http://www.chants-populaires-francais.com/normale/page_247/princip.html
  • Driollet

    2 Driollet Le 11/07/2023

    J’aimerais avoir la musique de. Dans un verger colinette.
    Merci.

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