Le Trame deluse, ou les Complots découverts, opéra en 3 actes de Domenico Cimarosa, 16 juin 1792.
Théâtre de la rue Feydeau.
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Titre :
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Trame deluse (le), ou les Complots découverts
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Genre :
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opéra italien
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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16 juin 1792
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Théâtre :
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Théâtre de la rue Feydeau
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Auteur(s) des paroles :
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Giuseppe-Maria Diodati pour la version italienne
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Compositeur(s) :
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Cimarosa
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L’opéra de Cimarosa a été créé à Naples en 1786. Son livret est de Giuseppe-Maria Diodati, mais la version jouée en France en 1792 reposait sur un autre livret.
Mercure universel, tome 16, n° 477 du mardi 19 juin 1792, p. 303 :
[En bon opéra italien, le Trame deluse a un livret détestable et une musique délicieuse. Inutile de faire l'analyse de ce qui n'est qu'un fouillis indigeste aux longueurs insoutenables. Quel dommage d'avoir associé « une intrigue aussi mal conduite » à une aussi belle musique que celle de Cimarosa ! Mais il faut aussi souligner le talent des chanteurs italiens et la qualité de l'orchestre.]
Théâtre de la rue Feydeau.
Le peu d'ensemble et de liaison de l’opéra del trame de luse ou les fourberies découvertes, donné au théâtre de Monsieur, en rendroit l’analyse aussi inutile que fastidieux [sic]. À travers des longueurs insoutenables on distingue seulement une compilation indigeste d’un opéra connu en Italie. Nous regrettons qu’une intrigue aussi mal conduite soit cousue à la musique la plus délicieuse que l’on puisse entendre ; elle est de Cimarosa.
Cette représentation nous fournit une nouvelle occasion de rendre justice aux talens des chanteurs italiens et à la parfaite exécution de l'orchestre.
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 176 du dimanche 24 juin 1792, p. 734 :
[Un opéra italien, dont tout le mérite repose sur la musique. Si le livret est moins mauvais que ceux qu'on a dans la majorité des opéras italiens (« les pièces de ce genre »), il a une « intrigue absurde et ennuyeuse » qu'on a substitué à l'intrigue d'origine, « révoltante » parce que « basse ». La musique, elle, est couverte d'éloges, très supérieure à ce qu'on entend d'ordinaire au Théâtre Feydeau, malgré la présence regrettable de « morceaux étrangers à la partition » (mais on sait que c'est une pratique répandue). Elle est de Cimarosa, qui mériterait d'être mieux connu en France ; trop rarement joué, il est « le génie le plus original qu'il y ait actuellement en Italie ». Les interprètes, orchestre et chanteurs, ont été excellents.]
Théatre de la rue Feydeau.
Le Trame deluse, les Trames déjouées, ont été données le samedi 16 de ce mois à ce théâtre avec un succès dû tout entier à la musique.
Le poëme original, mieux fait, plus fortement intrigué, plus adroitement conduit que la plupart des pieces de ce genre, était néanmoins très-vicieux pour le fond ; l'action en était basse, et les principaux personnages odieux. On a voulu faire disparaitre cette intrigue révoltante; mais on en a substituée une absurde et ennuyeuse ; ce qui n'a pas empêché de distinguer plusieurs morceaux de la musique la plus belle, peut-être, ou au moins la plus originale et la plus soutenue qu'on ait encore entendue à ce théâtre. Tel est, entre autres, un quintetto qu'on peut regarder comme un chef-d'œuvre. On n'a pas manqué, selon la coutume, d'interposer plusieurs autres morceaux étrangers à la partition, qui ne font que répandre de la confusion dans l'ouvrage et en détruire l'unité. C'est une des plus belles productions de Cimarosa, auteur trop peu connu en France, et dont, à ce théâtre, on nous fait trop rarement entendre la musique, mais que les amateurs regardent comme le génie le plus original qu'il y ait actuellement en Italie.
L'ouvrage est exécuté avec la perfection ordinaire par l'orchestre et par Mesdames Morichelli, Martin, Parisot, et MM. Brocchi, Rovedino et Mengozzi.
Mercure Français, n° 29 du 21 juillet 1792, p. 80 :
[Comme pour la majorité des opéras italiens, le compte rendu commence par démolir le livret, peu compréhensible : au livret italien « de trop mauvaises mœurs pour qu’on le joue en France, mais qui avait le mérite (rarement concédé à ce genre de pièces) d’être « intrigué avec assez d’art », on a apporté des modifications : le changement n’a rien apporté, au contraire : toujours de mauvaises mœurs, et une intrigue mal ficelée. Par contre la musique de Cimarosa ne recueille que des éloges, et le jeune compositeur « est peut-être encore plus original & plus varié que son digne rival », le grand Paisiello. Bonne note aussi pour l’orchestre et les chanteurs.]
On a donné au Théâtre de la rue Feydeau un Opéra Italien intitulé le Trame deluse, les Complots découverts, musique de Cimarosa. Autant que nous avons pu deviner ce Poëme, l’un des plus insignifians de ce Théâtre, il est question d'un Chevalier d'industrie qui séduit la femme d'un Limonadier, & qui finit par être arrêté pour ses escroqueries. Ce sujet n'est pas celui du Poëme original ; on l'avait trouvé de trop mauvaises mœurs. Cela peut-être ; mais du moins il était intrigué avec assez d'art. Les changemens qu’on y a faits l'ont affaibli & défiguré sans le rendre plus honnête. Mais en ne s'arrêtant pas à ce fond, & ne prenant garde qu'à la musique, on en a peu entendu à ce Théâtre d'aussi originale, d'aussi brillante, où la partie de l'Orchestre soit aussi riche, aussi variée, & dont les chants soient aussi piquans. Cimarosa & Paisiello sont aujourd'hui les Génies les plus féconds de l' Italie & les plus fermes soutiens de l'Art musical. Le premier est peut-être encore plus original & plus varié que son digne rival. Cette Piece est parfaitement exécutée de la part de l'Orchestre & des Chanteurs.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 9 (septembre 1792), p. 330-331 :
[Comme il s’agit d’un opéra italien, le critique traite le livret avec une grande sévérité, et porte la musique aux nues. « Rien de plus mal tissu, de plus mal conduit, de plus incohérent que l'intrigue de cet opéra bouffon », « mille inutilités dégoûtantes d'ennui », « des allées & des venues dont même on ne devine pas les motifs » : « le poëme est médiocre ». Mais « la musique est de la premiere beauté » (le critique dit qu’il faudrait tout citer), et l’exécution instrumentale est excellente, tout comme l’interprétation par les chanteurs.]
THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.
On a donné, le samedi 16 juin, la premiere représentation de Le trame delude, (les intrigues déjouées) opéra italien, musique du célebre Cimarosa.
Rien de plus mal tissu, de plus mal conduit, de plus incohérent que l'intrigue de cet opéra bouffon. Un chevalier d'industrie s'est introduit chez un cafetier, dont il a capté la confiance, & bien davantage celle de son épouse. Il abuse de cette confiance, pour écarter du bonhomme tout ce qui peut servir à lui donner des lumieres sur les dangers que courent, à la fois, son honneur & sa fortune ; & il réussit long-tems dans tout ce qu'il imagine ; mais une conversation indiscrete finit par démasquer le perfide, qui, reconnu pour un frippon, que la justice fait chercher pour lui faire expier ses crimes, est livré à des cavaliers chargés de le poursuivre & de le constituer prisonnier en Espagne.
C'est à travers mille inutilités dégoûtantes d'ennui, qu'il faut chercher cette portioncule d'action, & encore à travers des allées & des venues dont même on ne devine pas les motifs.
Mais si le poëme est médiocre, en récompense la musique est de la premiere beauté : c'est, sans contredit, une des meilleures & des plus brillantes compositions du célebre Cimarosa. Il faudroit citer tous les morceaux, les uns après les autres, pour en faire connoître le mérite. Nous nous contenterons d'indiquer le quinquetto du premier acte, morceau qui peut être mis en comparaison avec tout ce qu'on a entendu jusqu'ici, dans ce genre, de plus parfait & de plus mélodieux. L'exécution instrumentale ne sauroit obtenir trop d'éloges ; elle est portée à un point de goût, d'adresse & d'intelligence dont, en France, l'orchestre de ce théatre offre seul le modele.
Mdes. Morichelli & Martin, Mlle. Parizot, MM. Brochi, Rovédino & Mengozzi chantent, dans cet opéra, avec une supériorité qui obtient toujours les mêmes applaudissemens.
D’après la base César, le Trame deluse ont connu 6 représentations, du 16 juin au 31 août 1792, au Théâtre de la rue Feydeau. Pour sa part, André Tissier en comptabilise 7.
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