Les Trois aigles ou les Mariages lithuaniens, pantomime historique et militaire de J.-G.-A. Cuvelier et Henri Franconi, 8 août 1812.
Cirque Olympique.
Publication : à Paris, chez Barba, 1812
Journal de l'Empire, du 15 août 1812, p. 4 :
[C'est un bien grand honneur pour un modeste mélodrame du Cirque Olympique qu'un article dans le feuilleton du Journal de l'Empire, sous la plume redoutée de Geoffroy. Mais cet intérêt pour la pièce tient largement à des considérations politiques : le Cirque Olympique, une fois de plus, a su traiter un sujet qui intéresse « la gloire de la nation ». Par une allégorie ingénieuse, il a su chanter « cette grande révolution qui, dans ce moment, attache les regards de l'Europe sur la Pologne ». La pièce célèbre cette guerre qui va « réparer de grandes injustices et soutenir le droit des nations ». L'intrigue est vite résumée, une histoire de mariage, comme toujours, entre nobles lithuaniens, dont le critique a surtout retenu la beauté du décor : une statue équestre de Napoléon, des statues « en pied » de rois de Pologne, et trois aigles, l'aigle russe, vaincue, encadrée des aigles françaises et polonaises. La dernière phrase fait l'éloge de la pièce en termes généraux : « Cette pantomime est parfaitement exécutée, et le sujet est fait pour exciter le plus vif intérêt ». Mais on voit bien que ce n'est pas ce qui compte le plus.]
CIRQUE OLYMPIQUE.
Les Trois Aigles, ou les Mariages lithuaniens, pantomime historique et militaire en deux actes, à grand spectacle.
Ce théâtre se signale toujours par son empressement à saisir tous les événemens qui intéressent la gloire de la nation : son local se prête à la pompe nécessaire pour les représenter dignement. Sur aucune autre scène, les marches, les cavalcades, les évolutions militaires ne s'exécutent avec plus d'appareil et de dignité. Cette pantomime est une ingénieuse allégorie, une allusion brillante à cette grande révolution qui, dans ce moment, attache les regards de l'Europe sur la Pologne. Le rétablissement de ce royaume, sous les auspices du grand Napoléon, est, en quelque sorte, l'ouverture des succès qui vont couronner les armes d'un héros dans cette guerre à jamais mémorable, entreprise pour réparer de grandes injustices et soutenir le droit des nations.
L'action de cette pantomime est très simple : un seigneur lithuanien opprimé par les Russes est secouru par l'arrivée triomphante des Français en Lithuanie ; il épouse une comtesse lithuanienne unie avec lui par les mêmes malheurs et les mêmes sentimens d'honneur et de liberté : voilà les Mariages lithuaniens. Cette simplicité est embellie par des accessoires brillans, convenables à la circonstance, et surtout par le superbe spectacle d'un arc de triomphe sous lequel ou voit la statue équestre de Napoléon-le-Grand. ayant à ses côtés les statues en pied de Casimir Sigismond, Sobieski et Stanislas, rois de Pologne. Ce seigneur lithuanien dépose aux pieds de la statue équestre du héros l'aigle russe qu'il a enlevée ; à droite on place l'aigle qui porte la foudre de l'Empire français ; et à gauche l'aigle blanche de Pologne : voilà les Trois aigles. Cette pantomime est parfaitement exécutée, et le sujet est fait pour exciter le plus vif intérêt.
Geoffroy.
Louis-Henry Lecomte, Napoléon et l'Empire racontés par le théâtre, 1797-1899 (1900), p. 225-256 :
[Le compte rendu de Lecomte donne de nombreux détails sur l'intrigue dont il donne une image plus théâtrale que celle de Geoffroy. Mais on voit sans cesse percer la dimension politique sous un pseudo-mélodrame. Les Polonais et les Lithuaniens soutiennent ardemment la venue des Français, et la fin de la pièce est une belle mise en scène du rôle positif de la France, soutien des Polonais opprimés par la Russie.]
Cirque-Olympique, 8 août 1812 : Les Trois Aigles, ou les Mariages lithuaniens, pantomime historique et militaire en 2 actes, par Cuvelier et Eranconi jeune.
Miclowitz, grand bailli russe, aime Stéphana, fille de la comtesse lithuanienne Zamoska, et la demande en mariage. Stéphana repousse avec mépris Miclowitz, ainsi que les officiers Ikanoff et Ronoffzo qui lui déclarent leur amour ; elle aime Lowinski, capitaine de cavalerie polonaise, pour qui elle a brodé un étendard. Attaqué par les trois amants refusés, Lowinski se défend vaillamment, quand des paysans lithuaniens le secourent ; ils se sont armés au bruit de l'arrivée de troupes françaises en Lithuanie. Les Français, en effet, paraissent bientôt et, aidés des Polonais, battent les Russes et leur enlèvent leur aigle. Lowinski s'est distingué par sa bravoure, il reçoit des mains du général français la croix d'honneur et épouse Stéphana, en même temps que s'unissent deux couples dotés par l'assemblée des seigneurs. Le théâtre change alors et représente une campagne fleurie, ornée d'un arc de triomphe sous lequel apparaît la statue équestre de Napoléon-le-Grand ; à ses côtés sont les statues en pied de Casimir, Sigismond, Sobieski et Stanislas, roi de Pologne ; devant ce groupe héroïque des guerriers placent, entre l'aigle française et l'aigle de Pologne, l'aigle russe, trophée de victoire, et un divertissement termine la pièce.
Inspirée par l'entrée des Français en Pologne, cette pantomime à spectacle dut à sa décoration finale la meilleure part de son succès.
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