Les trois Cousins, comédie en deux actes, en prose, de Levrier-Champrion, 18 juin 1792.
Théâtre de la rue de Richelieu.
-
Titre :
|
Trois Cousins (les)
|
Genre
|
comédie
|
Nombre d'actes :
|
2
|
Vers / prose
|
prose
|
Musique :
|
non
|
Date de création :
|
18 juin 1792
|
Théâtre :
|
Théâtre de la rue de Richelieu
|
Auteur(s) des paroles :
|
Levrier-Champrion
|
Mercure universel, tome 16, n° 482 du dimanche 24 juin 1792, p. 383 :
[Le compte rendu est un peu tardif, à cause de ce qu'il a fallu écrire à propos de la prestation de Larive dans Roméo et Juliette. Les Trois cousins ont réussi : la pièce a trois qualité, « de la gaieté, de la morale, un ton de patriotisme ». La pièce n'a pas été « annoncée avec emphase », mais elle amuse plus le spectateur, « sans avoir la prétention d'un ouvrage dramatique » (la formule est étonnante : qu'est-ce que peut bien être la pièce). C'est la qualité de l'interprétation qui est mise en avant : elle a été au service du « comique que l'auteur a répandu dans sa pièce » (l'auteur qui n'est pas nommé...).
On n'apprend rien de l'intrigue dans ce bref compte rendu.]
Theatre François de la rue de Richelieu.
La représentation de Roméo et Juliette, tragédie, dans laquelle M. la Rive a joué le rôle de Montaigu, nous a empêché de parler plutôt [sic] des trois Cousins, comédie en 2 actes et en prose, qui a réussi à ce théâtre.
De la gaieté, de la morale, un ton de patriotisme ; voilà ce que l’on trouve dans cette jolie pièce, qui, sans avoir la prétention d’un ouvrage dramatique, amuse davantage le spectateur, que des productions annoncées avec emphase. Le jeu de MM. Dugazon, Michaut, Dévigny et Baptiste, fait régulièrement ressortir le comique que l’auteur a répandu dans sa pièce.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 9 (septembre 1792), p. 328-330 :
[La pièce, dont le fonds (le désir de deux cousins ruinés d'épouser la fille d'un troisième) est qualifié d'« assez plaisant », est un succès, et le critique l’explique facilement : « du naturel & de la gaieté dans le dialogue » ; certes, « par-fois de la charge & de l'invraisemblance dans quelques caracteres », mais tout cela est compensé par la présence d’un comique devenu si rare au théâtre. L’interprétation occupe une bonne part du compte rendu : si la majorité des acteurs remplissent très bien leur rôle, ce n’est pas le cas d’un des acteurs, qui est accusé de ne pas savoir son rôle, et de remplacer le texte de l’auteur par « tout ce qui lui passe par la tête », au risque de faire accuser l’auteur de longueurs qui ne sont pas de son fait.]
THÉATRE DE LA RUE DE RICHELIEU.
On a donné le lundi 18 juin , la premiere représentation des trois Cousins, comédie en deux actes & en prose.
Les deux freres de Thibaut, riche fermier, étoient, l'un marchand, & l'autre meunier : tous deux aveuglés par l'ambition, se sont ruinés pour élever leurs enfans. Le marchand a fait, du sien, un capitaine, & le meûnier a poussé son fils dans l'état ecclésiastique. Leurs deux peres morts, le capitaine & l'abbé ont mangé leur bien, &, réduits à mandier le secours de leur cousin Thibaut, ils viennent lui exposer leur infortune. Thibaut est sur le point de marier sa fille, Lolotte à Adolphe, jeune berger du village : Thibaut donne à sa fille quarante mille écus. Les deux cousins, éblouis par l'éclat de cette dot, cherchent à épouser leur petite cousine, & en obtiennent séparément un rendez-vous. Lolotte le leur promet pour se moquer d'eux. A sa place elle envoie Maître-Jacques, charretier, qu'elle habille en fille, & qui reçoit les vœux des deux cousins. Au même instant ils sont surpris par Thibaut, qui leur reproche leur peu de délicatesse, unit, devant eux, sa fille à Adolphe, & n'en promet pas moins de leur faire un sort avantageux.
Tel est le fonds, assez plaisant, des trois Cousins, comédie donnée avec succès, & qui rappelle le genre de Dancourt. Il y a du naturel & de la gaieté dans le dialogue : on y trouve par-fois de la charge & de l'invraisemblance dans quelques caracteres ; mais elle offre du comique, & le comique est si rare depuis quelque tems, que dès qu'il se présente, il efface bien des défauts. M. Michaut joue, avec le talent qu'on lui connoît, le rôle de Thibaut. MM. Devigny & Baptiste, mettent une caricature très-piquante dans les rôles du capitaine & de l'abbé ; & M. Dugason joue, avec sa gaieté ordinaire, celui de Jacques, charretier ; mais il est aisé de voir que M. Dugason ajoute considérablement à ce rôle, qu'il y dit, sans se gêner, tout ce qui lui passe par la tête. Quoique les in-promptus de M. Dugason soient toujours très jolis, nous croyons qu'un comédien doit apprendre son rôle & le jouer à la lettre, quelque chose que l'auteur lui ait fait dire, & non comme d'après un cannevas de proverbe. Ainsi l'on peut trouver des longueurs dans une piece, quand l'auteur s'est étudié à l'écrire correctement, & à n'y rien mettre de trop... On a demandé celui des trois Cousins, & M. Baptiste est venu nommer M. Lévrier.
D’après la base César, l'auteur est Guillaume-D.-T. Lévrier de Champ-Rion. La pièce a été jouée 28 fois du 18 juin 1792 au 31 janvier 1794.
Ajouter un commentaire