Les Trois Souhaits, vaudeville en un acte, attribué à Dumolard, 4 février 1815.
Théâtre du Vaudeville.
L’attribution de la pièce à Dumolard provient d’un article du Nain jaune du 10 février 1815.
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Titre :
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Trois Souhaits (les)
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Genre
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vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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4 février 1815
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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M. Dumolard (auteur de Vincent de Paule) ?
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Journal des débats politiques et littéraires, 7 février 1815, p. 3-4 :
[Une pièce qui ne tient pas les promesses de son titre : juste une adaptation du conte de Perrault avec des couplets trop envahissants. Le critique nous raconte la pièce et le conte (c’est la même histoire), en ajoutant la description de la fin houleuse de la représentation. Pas moyen de donner le nom de l’auteur. Le public s’est montré bien sévère envers une pièce qui en valait bien d’autres.]
THEATRE DU VAUDEVILLE.
Première Représentation des Trois Souhaits.
Un couplet d'annonce d'un assez mauvais goût, nous avoit promis une pièce de Carnaval. On s'attendait à de la gaîté et même à un peu de folie, ce qui est bien permis dans ces jours d'indulgences plénières. Les espérances ont été trompées : la pièce est d'une sagesse et d'une régularité désespérantes ; c'est tout simplement le conte de Perrault, orné de couplets, ou pour mieux dire, étouffé sous des couplets.
Blaise est un pauvre bûcheron à qui un bon Génie a promis que trois de ses vœux seroient aussitôt exaucés que formés. Il n'y compte guère. Toutefois, il paroît que les promesses de MM. les Génies ne sont pas comme celles des gens de cour ; car a peine Blaise a-t-il formé un de ces souhaits vagues, et qui échappent souvent sans dessein, que ce souhait se trouve accompli. Blaise est au désespoir ; car, qu'a-t-il desiré ?' Un boudin ! C'étoit bien la peine d'employer le crédit d'un être surnaturel pour obtenir un boudin, il se promet bien de faire un meilleur usage des deux souhaits qui lui restent ; mais sa femme qui ne peut lui pardonner le boudin, est tentée de le battre ; elle accable d'injures ce pauvre mari qui, dans son impatience, s'écrie : « Puisse ce maudit boudin te pendre au bout du nez ! » Aussitôt dit, aussitôt fait : :voilà le nez de Mlle Baudin orné d'un énorme boudin. Cette métamorphose qui n'est pas d'un genre tout-à-fait aussi gracieux que celles d'Ovide, a déplu au parterre ; il s'est chargé de former le troisième souhait : c'étoit qu'on baissât la toile. Le Génie qui n'avoit rien promis au public, a été sourd ; les acteurs ont aussi fait la sourde oreille, et ils ont continué de chanter avec accompagnement de sifflets.
Quelques voix ont demande l'auteur : :un des acteurs s'est avancé pour le nommer ; mais il a fait de vains efforts, et s'est retiré, emportant avec lui son secret.
Le public du Vaudeville a montré, dans cette occasion, une rigueur qui ne lui est pas ordinaire. Je lui ai vu applaudir des pièces qui à coup sûr ne valoient pas mieux que les Trois Souhaits. Il paroît que les vaudevilles ont aussi leurs destinées. C.
Le Nain jaune, ou Journal des arts, des sciences et de littérature, n° 348 (cinquième année), 10 février 1815, p. 181-182 :
Petits Théâtres.
Vaudeville. — Rivarol disait qu'il y avait des gens qui ne quittaient pas un mot spirituel sans en avoir fait une bêtise ; ce trait pourrait s'appliquer à beaucoup d'auteurs qui s'imaginent qu’un bon conte peut faire une bonne pièce. Je conviens que cette manière de faire des comédies ou des vaudevilles est assez commode pour des imaginations paresseuses, qui trouvent par ce moyen une partie du travail toute faite ; mais en revanche le public se montre beaucoup plus exigeant pour ces sortes d'ouvrages ; il arrive avec une pièce composée d'avance dans sa tête, sur un sujet qui lui est connu, et quand l'auteur ne s'est pas rencontré avec lui, il trouve la pièce mauvaise. On assure que les Trois Souhaits, joués au Vaudeville, samedi dernier, étaient reçus depuis long-temps, et qu'on attendait une circonstance pour les faire passer ; il était difficile de la choisir plus mal. On l'a donnée pour le carnaval, et je doute qu'elle eût même la dose de gaieté nécessaire pour le carême. L'auteur a tout simplement mis en scène le conte de Perrault ; Perrault a eu son moment de vogue, il y a quelques années ; presque tous ses contes ont été traités avec un grand succès, et il faut convenir que plusieurs ne l'ont dû qu'au crédit dont jouissait à cette époque l'auteur de Peau-d'Ane ; mais je doute que la pièce des Trois Souhaits eût pu réussir, même dans ce temps d'indulgence pour les contes de fées ; elle est tombée et semblait avoir été faite pour une chute. On assure qu'il y avait cabale, c'est aujourd'hui la consolation de tous les auteurs malheureux au Vaudeville. Je me garderai bien de la ravir à celui de la pièce nouvelle ; il ajoutera même, si cela peut lui faire plaisir, qu'elle a été dirigée par quelques auteurs, ses confrères, envieux de ses succès et de ses talens ; et comme le public se range souvent du parti qu'on opprime, je souhaite que cela puisse procurer quelques représentations à sa pièce. La cabale l'a empêché d'être nommé ; mais, malgré ma bienveillance , je ne puis pas attribuer à la cabale les mauvais couplets, les scènes insignifiantes, les niaiseries et les détails ennuyeux qui se trouvent dans cette folie de carnaval, qu'on attribue à l'auteur de Vincent de Paule.
Mercure de France, journal littéraire et politique, tome soixante-deuxième, n° DCLXX (samedi 11 février 1815), p. 245-246 :
Théâtre du Vaudeville. — La pièce intitulée les Trois Souhaits, représentée à ce théâtre le 5 du courant, n'a eu aucun succès : comme elle a disparu de l'affiche dès le lendemain, je n'en donnerai point l'analyse, et je n'en ferai pas ressortir les nombreux défauts, de peur que l'auteur ne s'écrie : Bis morior. Le sujet est d'ailleurs trop connu pour qu'il soit besoin de le rappeler : depuis 1660, les dix ou douze générations qui nous ont précédés, ont toutes lu, de père en fils, ce conte de Perrault, où l'on voit comme quoi un homme que le destin avait laissé le maître de faire des souhaits désira pouvoir manger un plat de boudin, comme quoi ensuite, impatienté par sa femme, il désira que ces boudins lui pendissent au nez, ce qui ne laissa pas de défigurer la dame, et de la rendre douce et bonne, de méchante et de hautaine qu'elle était dans son ménage.
C'est de ce vieux conte qu'on a essayé de faire une pièce nouvelle ; mais la mauvaise humeur du public n'a pas permis qu'elle fût achevée : peut-être que jouée au théâtre des Jeunes élèves, devant des bonnes et des pensionnaires, elle ne serait pas tombée ; mais les spectateurs du Vaudeville n'ont pas voulu rire : ce qui a décidé la chûte, c'est le talent fort singulier d'un mécontent, très-bon musicien, qui accompagnait tous les airs avec un sifflet, dont il tirait un parti merveilleux : jusqu'à présent cet instrument aigu n'avait pas paru susceptible de modulations si douces et de variations si nombreuses : le siffleur mérite un brevet d'invention, c'est une manière de ne pas ressembler à l'auteur.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année, 1815, tome I, p. 400 :
Les trois Souhaits, vaudeville en un acte, joué le 4 Février,
Tout le monde connoît le conte de Pérault, et l'aune de boudin qui saute au nez de la femme
du bucheron. Ce sujet, déjà traité à plusieurs théâtres, n'a pas réussi à celui du Vaudeville.
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