Les Trois tantes (1797)

Les Trois tantes, comédie-vaudeville en deux actes, du baron de Frénilly, 26 germinal an 5 [15 avril 1797].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Trois Tantes (les)

Genre :

comédie vaudeville

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

germinal an 5

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

baron de Frénilly

Almanach des Muses 1798.

Il s'agit d'une « comédie vaudeville en deux actes en prose » (Décade philosophique, littéraire et politique, an V, IVe trimestre, n° 30, 30 Messidor an 5, 18 juillet 1797, vieux style, p. 179).

Courrier des spectacles, n° 100 du 27 germinal an 5 [16 avril 1797], p. 3 :

[Compte rendu négatif : la seule chose positive que le critique dit, c’est que les acteurs ont bien joué, mais c’est pour les plaindre d’avoir essuyé les sifflets qui ne s’adressaient qu’à la pièce, jugée parfaitement nulle. Le premier paragraphe est d’ailleurs consacré à reprocher au Théâtre du Vaudeville d’avoir monté une pareille pièce, et à discuter sur le droit ou non de siffler quand la pièce est mauvaise : le critique est plutôt favorable à cette forme de manifestation d’une opinion... Le résumé de l’intrigue est en effet assez consternant : on y retrouve une belle collection de poncifs éculés autour de la question du mariage (ces trois tantes qu’on enferme dans des cabinets, avant de les contraindre à signer le contrat de leur nièce, qui est de toute façon secrètement mariée). Une fois le dénouement révélé (et quelle surprise ! les tantes consentent au mariage !), le critique peut lancer une série de défauts, «  aucun intérêt, style foible, et souvent trivial ; couplets peu saillans, hormis un seul qui a fait plaisir ». Mais ce n’est pas assez : «  Intrigue très-commune, longueurs désespérantes, froid continuel. En un mot, cet ouvrage est totalement manqué, il n’est pas même à refondre ». Rien à espérer donc, et les acteurs sont bien à plaindre de devoir subir les sifflets destinés uniquement à l’auteur, parce que « le public est trop juste pour ne pas apprécier les talens ». Pas question de nommer l’auteur...]

Théâtre du Vaudeville.

C’est à l’excessive indulgence que nous devons les mauvais ouvrages qui se donnent sur tous les théâtres, et qui, malgré leurs défauts essentiels, ne cessent d'être représentés. Le théâtre du Vaudeville, où fleurissent tant de jolies comédies, tant d’opéras remplis de gaîté et d’enjouement, n’eut pas hier à compter un succès dans le vaudeville intitule les Trois Tantes. Cette pièce fut sifflée impitoyablement, malgré les réclamations de certaines gens qui vouloient défendre de siffler ce que tout le monde reconnoissoit être très-mauvais, quelque soit le motif qui les anime, en trouvant bon ce qui est détestable, il ne s’ensuit pas moins que chacun a la permission d’avoir son goût, et de manifester qu’une pièce est mauvaise quand elle 1’est réellement. Voici l'analyse du vaudeville des Trois Tantes :

Elise est mariée secrètement à Melcourt ; celui-ci voulant avoir le consentement des Trois Tantes de sa femme, feint de les aimer, et les invite chacune en particulier à se rendre dans une petite maison qu’il a ; Orplhse, Araminte et Célimene, (c’est le nom des Trois Tantes) consentent à sa demande ; il engage Elise à venir le trouver aussi chez lui. Célimene arrive la première ; il lui parle de son amour ; mais il est forcé de la cacher dans un cabinet : c’est Araminte qui vient au rendez-vous. Melcourt lui fait mille protestations de tendresse ; mais on frappe à la porte ; le mari d’Elise fait passer Araminte dans un second cabinet. Orphise entre ; Melcourt lui parle de mariage, et lui offre de l’épouser : autre dérangement ; c’est Elise qui survient au rendez-vous. La troisième Tante va s’enfermer dans un troisième cabinet. Depuis ce moment il nous a été presque impossible d’entendre, tant le tumulte a été grand ; cependant la pantomime nous a fait voir que Melcourt va frapper à la porte de chacune des Tantes ; qu’elles passent la tête à travers une ouverture en forme de petite fenêtre, et qu’elles sont courroucées à la vue d’Elise avec Melcourt ; celui ci leur ouvre la porte ; elles sont obligées, pour ménager leur réputation, de consentir à la signature du contrat. Ce vaudeville n’a rien qui puisse le faire trouver agréable ; aucun intérêt, style foible, et souvent trivial ; couplets peu saillans, hormis un seul qui a fait plaisir. Intrigue très-commune, longueurs désespérantes, froid continuel. En un mot, cet ouvrage est totalement manqué, il n’est pas même à refondre, en conservant l’intrigue telle qu’elle est. Il est fâcheux pour des artistes qui ont très bien joué, de représenter une pièce aussi mauvaise ; les sifflets sont loin de s’adresser à eux ; cependant on souffre de les voir ne pouvoir continuer leur rôle sans être interrompus par des murmures. Le public est trop juste pour ne pas apprécier les talens ; c’est l’auteur seul qu’on siffle ; et jamais pièce ne le mérita mieux.

D. S.          

Le baron de Frénilly revendique dans ses Souvenirs la paternité de cet ouvrage et de son échec :

Ce même hiver de 1797 [   ]je fis un vaudeville charmant que j’appelai les Trois tantes : un jeune homme épousait une nièce en faisant la cour à trois tantes. Je lus mon oeuvre au conseil du théâtre du Vaudeville, et, par malheur, je lisais fort bien, je chantais mieux, et j’avais pour juges d’aimables petites coquines qui ne demandaient qu’à rire. Ma pièce fut portée aux nues, reçue avec un cri d’unanimité ; jamais le Vaudeville n’en avait vu de semblable : cinquante représentations, le Pactole débordant dans la salle. On copia les rôles et je passai sur le corps à dix pièces qui me précédaient. Avant Pâques, tout était appris, tout était prêt. Cependant, tant j’étais modeste ! j’avais gardé le plus sévère incognito ; mais tout transpire : quelques jours auparavant, à Longchamps qui commençait à renaître, plusieurs personnes me firent compliment ; je me défendis mal, et le jour de la représentation, tous mes amis étaient dans le secret, tous étaient dans la salle, et je ne vis jamais meilleure compagnie ni plus disposée à tout applaudir. Le cœur me battait pourtant et j’étais dans une grande perplexité. Dès que la toile fut levée, mon incertitude cesse et je fus parfaitement rassuré. On n’avait pas joué la moitié de la première scène que je me dis : « Oh ! oh ! mais cela est détestable. » Le public fut de mon avis, moins vite que moi peut-être, parce qu’il ne savait pas tout, et, quoi qu’on en dise, le parterre est naturellement fort indulgent.

La pièce n'a pas réussi.

Je n’ai pas trouvé trace de la pièce de Frénilly dans la base César.

 

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