Thomas le Chanceux, ou les Trois Bossus, vaudeville en deux actes, de Henri Dupin, 22 février 1814.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Thomas le Chanceux, ou les Trois Bossus
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Genre
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vaudeville
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose
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prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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22 février 1814
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Henri Dupin
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Journal des arts, des sciences et de la littérature, n° 277 (Cinquième année), 25 Février 1814, p. 243 :
Samedi 19 FÉVRIER.
La pièce que l'on va jouer incessamment au Vaudeville, et qui a pour titre : Thomas le Chanceux, ou les Trois Bossus, est tiré des Contes Tartares de M. Gueulette. Ce sujet avait déjà été traité aux boulevards. Hyppolite doit, dit-on, jouer dans cet ouvrage le rôle-de Thomas, où sa force physique ne le servira pas moins bien que son talent.
Journal des arts, des sciences et de la littérature, n° 278 (Cinquième année), 20 Février 1814, p. 269 :
[Compte rendu très sévère, qui insiste en particulier sur une question visiblement essentielle, celle de la vraisemblance : la pièce ne respecte pas les règles de la vraisemblance telle qu’on la conçoit alors (et on la conçoit de façon assez étroite).]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
Première représentation de Thomas le chanceux, ou les Trois Bossus, vaudeville en deux actes, de M. Dupin.
Le fatalisme peut produire des situations si originales, et donner lieu à des aventures si plaisantes, que Diderot n’eut pas de peine à faire, sur ce sujet, un roman aussi piquant que bizarre. Le succès dont jouit Jacques le fataliste et son maître, paraît avoir inspiré à l'auteur de la pièce nouvelle le desir de courir la même chance en donnant ses Trois Bossus, mais il était écrit qu’il serait inutilement tenté, que sa pièce serait mal accueillie, et que les invraisemblances dont il l’a semée, exciteraient plus de. murmures que d'applaudissemens. Peut-on jamais fuir sa destinée !
Le conte tartare de M. Gueulette, dont nous avons parlé dans notre dernier numéro, a fourni effectivement une partie du plan de l'ouvrage, mais le reste est de l’invention de l'auteur, et bien mal lui a pris d’avoir fait tant de frais d'imagination. Ses principaux personnages sont un porte-faix nommé Thomas ; un pâtissier venitien et bossu, nommé Gabrino, qui est venu s'établir à Damas, avec sa femme et sa fille. Grâce à son talent, il y a fait une fortune considérable; mais il n’est pas moins avare que riche, et dans la crainte de se voir obligé de donner quelques secours à ses frères bossus comme lui, qui sont plongés dans la plus affreuse misère, il refuse de les recevoir. Mme. Gabrina, plus compatissante, profite de l’absence de son mari, pour accueillir ses beaux-frères ; elle leur prépare même à souper : mais le pâtissier rentre tout-à-coup, et les deux bossu courent se cacher dans la cave, où, n’ayant rien de mieux à faire, ils s’enivrent au point de perdre connaissance.
Nouvel embarras pour Mme. Gabrina, dont le mari vient de s’absenter de nouveau: elle ne sait comment renvoyer les Bossus, et le stratagème qu’elle emploie n'est pas des plus heureux. Elle appelle le porte-faix amoureux de sa fille, et mettant à profil la passion de Thomas, elle l’engage à porter, pendant la nuit, sur la place, un homme qui vient de mourir chez elle. Thomas trouvant à son retour le second Bossu, imagine que c’est le premier qui est revenu, et le jette, dans un sac, à la rivière ; enfin Gabrino rentre chez lui, Thomas le rencontre encore, et pensant qu’il y a de la sorcellerie, et surtout de la fatalité dans une telle résurrection, il court encore à la rivière jeter ce troisième Bossu, qu’il croit être toujours le même.
Par bonheur pour les trois Gabrina, le prince de Damas se promenait cette nuit-là dans les rues de la ville avec son visir. Il arrête un pêcheur qui a trouvé les deux sacs dans lesquels sont renfermés les Bossus, il les fait porter dans son palais, ainsi que le premier, que Thomas avait laissé sur la grande place. Les trois Bonus sont aussitôt revêtus d'habits magnifiques, et tellement semblables, qu’il est impossible de distinguer Gabrino le pâtissier, de ses deux frères. Les nouveaux Ménechmes profitent de cette ressemblance pour dicter un contrat qui leur assure quatre mille sequins, et pour favoriser le mariage de Thomas avec Mlle. Gabrina. Le prince de Damas ratifie le tout, donne même une dot, et Thomas le chanceux, un peu rassuré sur la fatalité de son étoile, n’en persiste pas moins à dire que tout cela était écrit.
Le .public a su peu de gré à M. Dupin d'avoir péniblement travesti le conte de M. Gueulette : on a trouvé le vaudeville fort au-dessous du petit ouvrage qui lui avait servi de modèle. Le premier acte a souvent été interrompu par des murmures, et le second n’a pu éviter l’orage des sifflets. La pièce est remplie d’ailleurs d’invraisemblances, qui ne peuvent pas plus être supportées dans une bluette que dans un ouvrage sérieux. Un pâtissier qui arrive tout exprès de Venise pour faire des gâteaux à Damas, et qui y est suivi par deux frères très-pauvres,que leur misère n'a pas empêché de faire un trajet aussi long ; une pâtissière, qui veut que son gendre ait un emploi CHEZ LE ROI, dans la ville de Damas ; un Français qui a parcouru la moitié du globe, et qui cependant est assez niais pour emporter; l'un après l’autre, trois Bossus qu’il croit n’être qu’une seule personne, voilà de ces ridicules que rien n’excuse, et qui sont d'autant moins pardonnés, que rien dans la pièce ne peut offrir de compensation.
Les trois Bossus étaient à moitié masqués, ce qui a beaucoup aidé à leur singulîère ressemblance. Fontenay a bien joué Gabrino ; Hyppolite a fait preuve de talent, autant que de force, dans le rôle de Thomas ; il a porté les trois Bossus comme si, de sa vie, il n’avait fait autre chose. Mme. Hervey a rempli, avec beaucoup d’esprit, le rôle d’une jeune fille plus niaise qu’ingénue ; mais ce ne doit pas être pour elle un motif d’encouragement de continuer de tels emplois. J’ajouterais peut-être même une réflexion plus franche encore.... malheureusement je me rappelle l’archevêque de Grenade, et j’aime mieux garder le silence.
Dans la suite, le Journal des arts, des sciences et de la littérature ne peut que constater l’échec de la pièce, qui ne le surprend évidemment pas : « [Le Théâtre du Vaudeville] a cependant grand beosin de nouveautés ; Thomas le Chanceux n'y amène personne : .c'était écrit là-haut. » (n° 281 du 5 mars 1814, p. 314, mercredi 2 mars)
Journal des dames et des modes, dix-huitième année, n° 11 (25 février 1814), p. 82 :
Le Vaudeville a donné les Trois Bossus, mais le public les a trouvés mal faits et n'a pas donné dans la bosse. Thomas-le Chanceux, le personnage principal de la pièce, dit qu'il n'a jamais pu réussir à rien, mais que c'est sans doute écrit là haut. Le parterre a été de l'avis du paradis, et la chance de Thomas n'a pas été favorable.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome I, p. 419 :
Thomas le Chanceux, ou les trois Bossus, vaudeville en deux actes, joué le 22 février.
Celle pièce a été puisée dans un des contes des Mille et un quart d'heures, intitulé les trois Bossus de Damas. Les auteurs se sont bornés à le copier, sans rien inventer : mais ce qui est bon dans un conte ne convient pas toujours au théâtre ; c'est ce qu'a prouvé le public, en refusant de rire des aventures des trois Bossus. L'auteur a cependant été nommé: c'est M. Dupin.
Mémorial dramatique, ou Almanach thé$atral pour l’an 1815, IXe année p. 118-120 :
[Une bonne part de l’article du Mémorial dramatique provient du Journal des arts, des sciences et de la littérature. Il se montre surtout peu disert sur l’échec de la pièce.]
THOMAS LE CHANCEUX, ou LES TROIS BOSSUS, vaudeville en deux actes, par M. Dupin. (21 février.)
Un conte. tartare de M. Gueulette, a fourni une partie du plan de cet ouvrage ; le reste est de l'invention de l'auteur, et bien mal lui a pris d'avoir fait tant de frais d'imagination. Ses principaux personnages sont un porte-faix nommé Thomas ; un pâtissier vénitien et bossu, nommé Gabrina, qui est venu s'établir à Damas, avec sa femme et sa fille. Grâce à son talent, il a fait une fortune considérable ; mais il n'est pas moins avare que riche, et dans la crainte de se voir obligé de donner quelques secours à ses frères bossus comme lui, qui sont plongés dans la plus affreuse misère, il refuse de les recevoir. Madame Gabrina, plus complaisante, profite de l'absence de son mari, pour accueillir les deux beaux-frères, elle leur prépare même à souper ; mais le pâtissier rentre tout-à-coup, et les deux bossus courent se cacher dans la cave, où n'ayant rien de mieux à faire, ils s'énivrent au point de perdre connaissance.
Nouvel embarras pour madame Gabrina, dont le mari vient de s'absenter de nouveau : elle ne sait comment renvoyer les bossus, et le stratagême qu'elle emploie, n'est pas des plus heureux. Elle appelle le porte-faix, amoureux de fille, et, mettant à profit la passion de Thomas, elle l'engage à porter, pendant la nuit, sur la place, un homme qui vient de mourir chez elle. Thomas, trouvant à son retour le second bossu, imagine que c'est le premier qui est revenu, et le jette, dans un sac, à la rivière ; enfin, Gabrina rentre chez lui, Thomas le rencontre encore, et pensant qu’il y a de la sorcellerie, et surtout de la fatalité dans une telle résurrection, il court encore à la rivière jeter ce troisième bossu, qu'il croit toujours être le même.
Par bonheur pour les trois Gabrina, le prince de Damas se promenait cette nuit-là dans les rues de la ville avec son visir. Il arrête un pêcheur qui a trouvé les deux sacs dans lesquels sont renfermés les bossus : il les fait porter dans son palais, ainsi que le premier que Thomas avait laissé sur la grande place. Les trois bossus sont aussitôt revêtus d'habits magnifiques, et tellement semblables, qu'il est impossible de distinguer Gabrina le pâtissier, de ses deux frères. Les nouveaux Ménechmes profitent de cette ressemblance pour dicter un contrat qui leur assure quatre mille sequins, et pour favoriser le mariage de Thomas avec Mlle. Gabrina. Le prince ratifie le tout, donne même une dot, et Thomas le Chanceux, un peu rassuré sur la fatalité de son étoile, n'en persiste pas moins à dire que tout cela était écrit.
Il était également écrit que cette pièce tomberait ; cette chance seule convenait à son mérite.
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