Tikobé et Ziloa ou les Mexicains, ballet-pantomime, de Filippo Taglioni, 28 juillet 1811.
Napoleonshoehe (Cassel).
La brochure a été imprimée en 1811 par l'Imprimerie Royale.
Casselische Polizey- und Commerzien-Zeitung, n° 63 du7 août 1811, p. 649-650 :
[Journal bilingue, les articles paraissent en français et en allemand. Compte rendu plutôt flatteur d'une représentation d'une oeuvre nouvelle, ou presque : il y a dû y avoir une version plus légère, que le chorégraphe a su faire passer du modeste état de « simple divertissement » à « Ballet en deux actes », le tout en huit jours. Le résumé de l'action est à l'image de l'action, « simple et agréable ». Les pas de danse sont « d'une excellente facture, les décors sont frais et pleins de vérité (la notion s'applique à la lumière changeante, du clair de lune à l'aurore), « les costumes sont brillants et variés », la musique « bien choisie ». Après cette cascade de compliments, il ne manque l'éloge des danseurs. La plupart sont jugés très bons, avec parfois une petite réticence toutefois (les bras mal utilisé de l'une, les rires déplacés de l'autre). Seule une danse est invitée à se reprendre : elle « danseroit mieux si elle se reprenoit ». Enfin la troupe a su danser avec ensemble.]
CASSEL.
SPECTACLES.
Premiere réprésentation de Tikobé et Ziloa ou les Mexicains.
(Ballet pantomime en 2 Actes de Mr. Taglioni.)
Taglioni est un Athlete infatigable et digne en tout de la critique. Elle le caresse souvent et ne le blesse jamais. Lui indique-t-elle de légères imperfections ? prompt à se corriger, il redouble de zèle pour la satisfaire. A-t-elle donné à son travail quelques encouragements ? il en profite pour les mériter mieux. C’est à cette docilité, appanage du vrai talent, que nous devons toutes les jolies compositions dont il a déjà enrichi le repertoire. Zephire et Flore, Paul et Rosette, les Mexicains sont des ouvrages pleins de grâce et qui montrent la réunion heureuse de l'imagination et du gout.
Les Mexicains que nous avions déjà vû sous la forme d’un simple divertissement de genre est devenu en huit jours un Ballet en deux actes. L’action en est simple et agréable : Deux jeunes amants du nouveau monde sont prêts à être unis, l’approche d’un détachement d’Espagnols vient troubler l’innocente joie à laquelle se livrent leur famille et leurs amis. On s’arme, on marche à l'ennemi. Tikobé est choisi pour chef par tous les jeunes guerriers de sa tribu, il combat, il est vainqueur et ramené en triomphe auprès de sa bien aimée. Le cacique pour le récompenser vient lui même assister à son union un instant interrompue par les alarmes, et maintenant embellie par la reconnoissance et les fêtes de la victoire.
On a remarqué plusieurs pas d’une excellente facture. Celui des triangles et cocos, le pas de cinq du 1er acte; le pas de trois et de quatre du second, la danse des guerriers sont bien composés et ont été exécutés avec fermeté et précision.
Les décorations ont de la fraîcheur et de la vérité. On a remarqué les effets piquants d’un clair de lune et de l’aurore qui lui succède. Les costumes sont brillants et variés; la musique est bien choisie.
Mlle Couston est laTherpsicôre de nos ballets. Son execution est brillante. On peut lui reprocher un peu de roideur dans les bras. Il est possible que cette légère imperfection soit un défaut de nature et c’est alors un mal sans remède racheté d’ailleurs par un talent qu'on se plaira toujours à applaudir. Mlle Adèle a bien des avantages. Sa méthode est bonne, ses pas serrés et bien liés ; elle a de la grâce et une gaité qui donne beaucoup de charme à sa danse ; mais elle devrait être économe de ce petit talent de rire qu’elle prodigue souvent au point de ne plus se souvenir qu’elle est devant un Public qui n’aime pas ce manque de mémoire et qui a le droit de le lui faire sentir. On doit des éloges à Mme Durant. Mlle Lavancourt danseroit mieux si elle se négligeoit moins. Mrs Petipa et Rosier ont dansé deux pas de caractère avec vigueur et précision.
Cette réprésentation a offert beaucoup d’ensemble.
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