Tout le monde s'en mêle ou la Manie du commerce, à propos en un acte mêlé de vaudevilles, de Mayeur de Saint-Paul, 7 pluviôse an 4 [27 janvier 1796].
Théâtre du Vaudeville.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez la citoyenne Toubon, 1796 :
Exemplaire de la collection Marandet (Université de Warwick).
Tout le monde s'en mêle ! ou la Manie du commerce, à-propos en un acte, mêlé de vaudevilles. Par le Citoyen Mayeur, Artiste du Théâtre de la Cité. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le Pluviöse, l'an 4e. de la République française.
Tout accaparer pour vendre à plus haut prix ;
En forçant le cours centupler ses profits,
Faire une forêt d'un quartier de Paris,
Voilà le négoce à la mode.
Scene 7e.
La pièce comprend les personnages suivants :
COURT-EN-VILLE, Rentier.
Mme. COURT-EN-VILLE.
DARTIMON. Marin.
SUBTIL, Niais.
MANETTE, Cuisinière.
UN JEUNE COURTIER.
YGNACE GALOPIN, Agioteur.
Le décor :
La Scène se passe à Paris, dans la maison de M. Court-en-ville.
Le Théâtre représente un Sallon. Tout sur la Scène doit être dans le plus grand désordre. Des tonneaux remplis de diverses marchandises, des ballots, des toiles, des mousselines, des pains de sucre, des paquets de chandelle, etc. etc.
Eugène Jauffret, le Théâtre révolutionnaire, [Paris, 1869], p. 364-366 :
[Jauffret n'est pas un partisan de la Révolution, et il présente la pièce comme la peinture d'une société corrompue par l'argent papier qui fait pénétrer dans une famille bourgeoise du temps, dont la dame spécule avec ardeur sur le tissu, jusqu'à ce qu'une erreur la ruine. Mais au Théâtre du Vaudeville, il faut que la morale soit sauve : « elle est sauvée par son beau-frère », tandis que l'agioteur est démasqué.]
Tout le monde s'en mêle ou la Manie du commerce, à-propos en un acte du citoyen Mayeur, artiste du théâtre de la Cité, fut représenté sur celui du Vaudeville, en janvier ou en février 1796.
La quantité immense d'assignats qui circulaient à cette époque avait fait du Français un peuple de marchands, ou plutôt d'agioteurs. Chacun, redoutant de voir périr entre ses mains les valeurs dont la dépréciation augmentait tous les jours, cherchait à les convertir en marchandises. Tout le monde s'en mêlait : poëtes, magistrats, grands seigneurs d'autrefois, etc., et de là datent beaucoup de fortunes acquises aux dépens de la probité et de l'honneur.
Une dame Court-en-ville se trémousse du matin au soir, achète, vend, et désespère son mari, qui fait ainsi le tableau de ce mouvement. « Vous ne rencontrez dans les rues que femmes d'un extérieur honnête et d'une mise décente, pliant sous le poids des paquets énormes de toiles et de mousselines. Elles viennent de les acheter dans un quartier, vont du même pas les revendre dans un autre, et la peine qu'elles prennent pour les faire changer de magasin les augmente au moins de quarante livres par aune. C'est bien autre chose dans le fameux jardin :
Là, vous voyez un comédien
Au libraire vendre du sucre,
Et plus loin un musicien
Sur du café compter son lucre ;
Un danseur offrir joliment
Et de l'huile et de la muscade ;
Puis un charbonnier négociant
Proposer de la cassonnade.
Les étages de ma maison,
Mon cher, sont autant de boutiques ;
Je ne traverse mon salon
Q'entre [sic] deux files de barriques.
De sel mon antichambre est plein ;
Je couche au milieu des dentelles,
Et ma bibliothèque, enfin,
Est un magasin de chandelles.
Il arrive, pour la moralité de la pièce, que la dame Court-en-ville fait une fausse opération, perd une somme considérable qu'elle n'a pas ; qu'elle est sauvée par son beau-frère, tout naturellement ennemi de ces sortes d'opérations, et que l'agioteur Ignace Galopin est démasqué comme un fripon.
La base César, qui présente la pièce comme un vaudeville en un acte, œuvre de Mayeur de Saint-Paul, situe sa création au Théâtre du Vaudeville le 27 janvier 1796. Elle y est jouée 29 fois jusqu'au 2 juillet 1796.
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