Tristam-Shandy, ou Bizarrerie et Bonhomie, comédie en 4 actes, 13 nivôse an 8 [3 janvier 1800].
Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale
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Titre :
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Tristram Shandy, ou Bizarrerie et Bonhomie
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Genre :
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comédie
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Nombre d'actes :
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4
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Vers / prose
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prose ?
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Musique :
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non
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Date de création :
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13 nivôse an 8 (3 janvier 1800)
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Théâtre :
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Théâtre de la Cité-Variétés
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Auteur(s) des paroles :
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anonyme
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Almanach des Muses 1801
Courrier des spectacles, n° 1036 du 14 nivôse an 8 [4 janvier 1800], p. 2 :
[La pièce tirée du roman de Sterne de façon presque littérale déroute le spectateur presque autant que le lecteur, mais le critique tient à se montrer rassurant : on finit par comprendre l’intrigue derrière des « scènes décousues et épisodiques ». Le résumé de cette intrigue, donné ensuite, n’est en effet pas très éclairant, puisque, pour l’essentiel, on assiste à un défilé de personnages épisodiques tournant autour de madame Watmann, que bien des gens voudraient épouser. Chacun ruse pour arriver à ses fins, et c’est finalement à un jeune officier originaire du même village que la »jolie veuve » qu’on donne sa main. Le critique fait un constat étonnant : le personnage qui fournit le titre « n’est qu’un personnage accessoire », et ce sont d’autres personnages qui fournissent « des scènes épisodiques assez gaîes », et finissent d’ailleurs par s’épouser les uns les autres. Voilà qui semble dérouter le critique. Reste à parler de l’interprétation, satisfisante. Quant à l’auteur, demandé, il a préféré garder un prudent anonymat.]
Théâtre de la Cité-Variétés.
Tristram-Shandy, roman plaisant et moral qui a fait, ainsi que le Voyage sentimental, la réputation de Sterne, ministre et prédicateur anglais, et lui a valu le surnom du Rabelais de l’Angleterre, a fourni à un auteur le sujet d’une comédie en quatre actes et en prose, donnée hier sur ce théâtre. Tout est pris dans le roman, saillies, moralités, hors-d’œuvres, disputes, originalités, scènes presqu’entières : on lit le roman, on n’y entend rien et cependant on lit toujours, parce qu’on rit et qu’il attache , et enfin, on se débrouille comme on peut. Ainsi hier on vit la nouvelle pièce ; d’abord on n’y entendit rien, on prit patience, et l’on fit aussi bien, car à la fin du quatrième acte, on se trouva aussi à la fin d’une intrigue, dont plusieurs scènes décousues et épisodiques cachoient le fil aux yeux même les plus pénétrans. Essayons d’en donner un apperçu.
Shandy est sur le point d’avoir un fils ; la maladie de sa femme appelle chez lui son .frère Tobie, ancien ingénieur et capitaine d’artillerie, et le docteur Slopp, chirurgien-accoucheur. Ce dernier, par les conseils de Shandy, adresse ses vœux et son amour à une jeune veuve du voisinage, nommée Mme. Watmann; mais celle-ci a déjà donné son cœur, et c’est Tobie dont les procédés généreux l’ont fixée. Ce dernier ne parle que guerres, que batailles, forts, citadelles, ouvrages à corne et fortifications. Cependant il surmonte sa timidité auprès des femmes, pour lui faire un aveu de son amour, que Mme. Watmann reçoit avec plaisir.
Tout-à-coup on annonce le retour de l’armée de Hongrie d’un jeune homme fils d’un ami intime de Tobie, c’est Lefèvre ; il est jeune, beau, et a été élevé dans le même village que la jolie veuve. Que de titres pour l’aimer et pour en être aimé ! mais un ancien sentiment se réveille envain dans le cœur de Mme Watmann, elle demeure fidèle à la promesse donnée à Tobie. Shandy qui est fâché que son frère soit ainsi amoureux d’une jeune femme, suppose un ordre de la cour qui rappelle le capitaine à l’armée, et Lefèvre le lui annonçe lui-même. Tout est bientôt prêt, Tobie et son valet sont armés.
Lefèvre vient faire à son vieil ami, à son bienfaiteur l’aveu de la supercherie qu’il avoit méditée, et de l’amour qu’il ressent pour celle qui a promis à Tobie son cœur et sa main. Celui-ci pardonne à Lefèvre son imprudence, et porte la générosité jusqu’à s’en rapporter au choix que fera Mme Watmann de l’un d’eux. Il laisse ensuite cette veuve seule avec le jeune homme, et se met, pour les écouter, dans un cabinet où on vient bientôt l’interrompre. Il finit par donner à Lefèvre la main de Mme Watmann.
On voit d’après cette analyse que Tristram Shandy n’est absolument qu’un personnage accessoire dans cette pièce. Il y a de plus des scènes épisodiques assez gaîes, entre le docteur Slopp et Mlle. Susanne, à qui il a fait une promesse de mariage, et entre le Caporal qui sert le vieux capitaine et Brigitte, suivante de Mme. Watmann. Ces personnages finissent par s’épouser. En général, cette pièce a été agréablement jouée, sur-tout par la citoyenne qui remplissoit le rôle de Mme. Watmann, dans lequel elle a mis beaucoup d’aisance et de dignité. La citoyenne Toussaint a partout le secret de se faire applaudir. L’auteur a été demandé et il a gardé l’anonyme.
G. * * *
L.-Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris. Le Théâtre de la cité (Paris, 1910), 17921-807 p. 199 :
13 nivôse (3 janvier 1800) : Tristram Shandy, ou Bizarrerie et Bonhomie, comédie en 4 actes, par ***.
Shandy est sur le point d'avoir un fils. Cet événement amène chez lui son frère Tobie, capitaine d'artillerie, et le docteur Slopp, chirurgien-accoucheur. Sur les conseils de Shandy, Slopp adresse ses vœux à une jeune veuve du voisinage, Mme Wattmann, mais celle-ci a déjà donné son cœur et c'est Tobie dont les procédés généreux l'ont fixée. Tout-à-coup on annonce le retour, de l'armée de Hongrie, du fils d'un intime ami de Tobie nommé Lefèvre. Il est jeune, beau, et a été élevé dans le même village que Mme Wattmann. Que de titres pour l'aimer et être aimé d'elle ! Un ancien sentiment se réveille en vain dans le cœur de la veuve, elle demeure fidèle a la promesse faite au capitaine. Shandy, qui est fâché que son frère aime une jeune femme, suppose un ordre de la cour qui le rappelle à l'armée. Tobie va partir lorsque Lefèvre lui vient confesser l'amour qu'il ressent pour Mme Wattmann. Tobie pousse la générosité jusqu'à s'en rapporter au choix même de la veuve, mais un entretien qu'il surprend entre la belle et son jeune ami le détermine à céder la place.
Malgré le talent déployé par la Cne Toussaint dans le rôle de Mme Wattmann, l'histoire intéressa si peu que l'auteur crut devoir garder l'anonyme. — Non imprimée.
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