Un petit mensonge

Un petit mensonge, comédie en un acte, en prose, de Bourbon. 19 germinal an 10 (9 avril 1802).

Théâtre Français, rue de Louvois.

Sous le pseudonyme de Bourbon se cache Alexandrine-Sophie de Bawr.

Titre :	Un petit mensonge
Genre :	comédie
Nombre d'actes :	1
Vers / prose	prose
Musique :	non
Date de création :	19 germinal an 10 (9 avril 1802)
Théâtre :	Théâtre Français, rue de Louvois
Auteur(s) des paroles :	Bourbon

Almanach des Muses 1803

Madame Dalville a refusé sa fille Hortense à Dorval, jeune homme sans fortune, et la destine à M. Couperin, marchand de drap fort riche. Saint-Firmin, ami de Dorval, reproche à celui-ci l'aveu qu'il a fait de son peu d'aisance, et imagine un petit mensonge pour l'aider à obtenir la main de sa maîtresse. Il va trouver M. Couperin, dont il connaît l'avarice et la cupidité, et lui présente Derval comme un millionnaire qui desire placer cent mille francs. Couperin, qui entrevoit des bénéfices à faire, offre de prendre la somme ; on la lui promet pour le soir même, et il va vite faire part à madame Dalville de cette bonne affaire. Madame Dalville ne peut croire qu'un homme qu'elle a refusé parce qu'il n'était pas riche ait tant d'argent à sa disposition ; cependant elle finit par être persuadée, et dès-lors cherche à rappeler Derval, signe même en sa faveur un dédit de cinquante mille francs. M. Couperin, qui compte sur les cent mille francs, en demande la remise ; mais Derval avoue son mensonge à madame Dalville, lui rend son dédit, et s'en rapporte à sa générosité. M. Couperin est furieux d'avoir servi son rival ; madame Dalville, après s'être fâchée un peu, s'appaise, et Derval épouse sa maîtresse.

Peu d'adresse et de liaison dans les scènes ; peu de vraisemblance dans le moyen du dédit ; de l'esprit, des mots heureux.

Un petit mensonge est appelée aussi Argent et adresse, ou le Petit mensonge, comédie en un acte et en prose, par le Citoyen ***, représentée pour la première fois au Théâtre de Louvois, le 19 germinal an 10, par les comédiens de l’Odéon. Elle est de madame de Bawr, et l’affiche et les journaux du temps l’attribuent à un hypothétique Bourbon. Cette dernière information se trouve dans le Dictionnaire universel du Théâtre en France et du théatre français à l’étranger, Bibliographie, de J. Goizet, premier fascicule, p. 178.

Courrier des spectacles, n° 1861 du 20 germinal an 10 [10 avril 1802], p. 2 :

[La pièce n’est ni un chef-d'œuvre, ni une mauvaise pièce. Elle a des défauts (invraisemblances, « motif forcé de scène », « tirades froides », « réminiscences », « dénouement très ordinaire », le bilan est lourd), mais elle offre aussi « du comique de situation qui a forcé d’applaudir ». L’intrigue tourne autour d’un mariage refusé par la mère de la jeune fille, de la ruse d’un ami qui fait croire que le prétendant et riche, et obtient par là une promesse ferme de mariage avec dédit, que le prétendant a l’élégance de ne pas vouloir utiliser, ce qui conduit la mère à lui accorder la main de sa fille. Le critique signale la qualité du dialogue et de la construction de la pièce : bon début d’un jeune auteur qui a choisi de rester anonyme.]

Théâtre Louvois.

I^ere. Représentation d’un Petit Mensonge.

Si nous proclamions cette pièce comme un chef-d’œuvre nous ferions un petit mensonge, si nous disions qu'elle n’offre rien d’agréable, nous ferions encore un petit mensonge. La vérité est qu’il y a des invraisemblances, un motif forcé de scène, mais qu’il résulte de-là du comique de situation qui a forcé d’applaudir même ceux que des tirades froides, des réminiscences et un dénouement très ordinaire pouvoient le plus indisposer contre l’ouvrage.

Derval, amant d’Hortense, a reçu de Mad. d’Alville, mère de cette jeune personne, l’ordre de ne plus songer à rechercher sa main. Il a peu de fortune et Mad. d’Aville qui vise à un parti plus considérable, lui préfère M. Couperin, ancien marchand de draps retiré du commerce. Derval a un ami nommé St Firmin, qui connoit Couperin et qui lui donne à entendre que Derval est un jeune homme de famille qui a 100,000 fr. à placer. Couperin se charge d’une affaire où il y a un bénéfice clair , et fait part de cette bonne fortune à Mad. d’Alville. Cent mille livres ! Mad. d’Alville réfléchit, mande sa fille, lui parle de Derval, appelle celui-ci, le cajole, bref, elle signe un dédit et la promesse de donner sa fille en mariage à Derval. Couperin qui a tout préparé pour la superbe affaire arrive, et croyant épouser, il est éconduit par Derval. Il apprend alors que ces prétendus cent mille francs n’existent pas, Mad. d’Alville est irritée, elle veut rompre, mais Derval a le dédit. Cependant loin d'en faire usage, il le rend, et Mad. d’Alville charmée de ce beau trait lui donne sa fille.

Le dialogue de cette petite comédie offre souvent des traits spirituels et délicats ; les scènes en sont assez bien filées ; bref, c’est un début encourageant pour le jeune auteur dont elle est le premier ouvrage. Il a gardé l'anonyme.

F. J. B. P. G***.          

Porte-feuille français pour l’an XI (1803) quatrième année (an XI (1803), p. 175 :

Un Petit Mensonge, comédie en un acte, en prose, par Bourbon, représentée le 19 germinal.

Heureux essai d'un jeune homme.

Des invraisemblances, un motif forcé de scène, mais qui amène du comique de situation ; quelques tirades roides, des réminiscences et un dénouement très-ordinaire ; mais un dialogue souvent spirituel et délicat, des scènes assez bien filées.

Cette pièce aurait eu besoin de la magie de Picard pour se soutenir.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an 10, III^e trimestre, n° 21, 30 germinal, p. 179 :

[Article repris dansl’Esprit des journaux français et étrangers, trente-unième année, prairial an X [juin 1802], p. 223-224.

Après un résumé de l’intrigue, que le critique appelle un « très-foible canevas sur lequel l'auteur a brodé d'assez jolis détails », le compte rendu insiste sur l’inconvenance de certaines scènes, tout en reconnaissant des qualités au dialogue comme à l’action. L’auteur a choisi l’anonymat.]

Théâtre Français , rue de Louvois.

Un petit Mensonge.

Pour tromper une mère avare et intéressée, qui refuse sa fille au jeune Derval, un ami de ce jeune homme imagine un stratagème : il fait arriver chez lui des porteurs chargés de sacs qui paraissent pleins d'argent. L'avarice de Mme Dalville est dupe de la ruse : elle change tout à coup de disposition, et fait à Derval, en lui offrant sa fille et en congédiant son rival, un dédit de cinquante mille francs. Le jeune amoureux, trop délicat pour abuser d'une semblable victoire, rend le dédit, et pour prix de sa générosité reçoit la main d'Hortense.

Tel est le très-faible canevas sur lequel l'auteur a brodé d'assez jolis détails. Le mensonge n'est pas très-fin, et sa dupe est un peu crédule. Quelques scènes d'avarice entre Mme Dalville et sa fille Hortense, sont trop crues pour la bienséance ; mais le dialogue est souvent piquant, les saillies sont gaies et l'action assez vive. La pièce a réussi.

L'auteur, vivement demandé par le public, s'est obstinément enveloppé dans le manteau de l'anonyme.                      L. C.