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Un petit voyage du Vaudeville

Un petit voyage du Vaudeville, à propos en un acte, de Barré, Radet et Desfontaines, 5 mai 1814.

Théâtre du Vaudeville.

Titre

Un petit voyage du Vaudeville

Genre

à propos, divertissement

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

5 mai 1814

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

MM. Barré, Radet et Desfontaines

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Delavigne, 1814 :

Un petit voyage du Vaudeville en un acte pour le retour de la paix ; Par MM. Baré, Radet et Desfontaines. Représenté, pour la première fois à Paris, sur le théâtre du Vaudeville, le jeudi 5 Mai 1814.

Journal des débats politiques et littéraires, 8 mai 1814, p. 3-4 :

[Un bien long article pour une pièce de circonstance, destinée à montrer l’allégeance du Théâtre du Vaudeville au nouveau pouvoir. Les trois grands auteurs de cette salle ont proposé leur pièce pour saluer le roi, après avoir fait allégeance bien des fois aux divers régimes politiques qu’ils ont traversés sans trop d’encombre. Leur pièce est allégorique, mais une allégorie fort raisonnable, les seules éléùénts personnifiésétant le Vaudeville et la Gaieté. Les couplets n’en sont pas très malins, ni gais, et celle qui joue la Gaieté a chanté son couplet en pleurant, un couplet exprimant de nobles sentiments, mais qu’il aurait fallu confier à une autre qu’à elle. L’intrigue est évoquée avec un regard critique marqué : ce qui se passe sur scène a lieu « on ne sait trop pourquoi », « on ne sait trop comment ». On est dans un village et il faut marier la fille d’un poète local avec un pâtissier bossu. Arrive quelqu’un qui a vu le roi, et le récit de ce moment d’émotion est présenté par le critique comme « la meilleure scène de la pièce, si toutefois ce n'est pas la seule ». Toute cette scène a été applaudie, et les couplets ont été redemandés. Le couplet du pâtissier, que Nodier cite, joue sur l’équivoque entre pâtir et pâtisser à l’imparfait. Le critique n’apprécie qu’à moitié ce qui pourrait bien être une faute de langue pour exprimer une idée juste. Finalement, la pièce joue trop à ses yeux sur la manière dont les auteurs obtiennent l’enthousiasme du public. Il n’y a guère de mérite à faire acclamer un sentiment que tous approuvent. On aurait pu attendre mieux de la part des trois auteurs.]

THEATRE DU VAUDEVILLE.

Un Petit Voyage du Vaudeville.

Ce théâtre a encore le privilège des allégories que nous ne souffririons plus ailleurs, pas même à l’Opéra. On y a personnifié de tout temps toutes les abstractions et Pannard s'avisa d'y personnifier l’Absence elle-même, qu'on se représente difficilement sous les traits d'une actrice en scène, MM. Barré, Radet et Desfontaines n'ont pas abusé de cette licence. Ils n'ont prêté une existence réelle qu'à deux choses, la Gaieté française et le Vaudeville. Encore ce qu'ils leur en ont prêté est-il si loin de l'idée que nous nous faisons communément du Vaudeville et de la Gaieté française, qu'autant vaudroit qu'ils ne les eussent pas animés du tout. Le Vaudeville n'a pas un couplet malin et la Gaieté n'a pas un couplet gai. C’est absolument celle qui loge le mélodrame sur le boulevard du Temple. Mad. Hervey, qui étoit chargée de ce rôle, n'a pas pu résister à son influence mélancolique : elle a accompagné de ses larmes un couplet d'ailleurs bien fait, et qui exprimoit des sentimens chers à tout le monde, mais qu'il étoit inconvenant sous tous les rapports de faire chanter à la Gaîté. Il falloit inventer au besoin un personnage de plus, et l’action est conduite de manière que cette addition n'y auroit fait ni bien ni mal. On en jugeroit si je pouvois en donner quelque idée, mais je ne m'en pique pas. Un poëte de village qui célèbre la paix depuis vingt ans par anticipation est près de donner sa fille en mariage à un pâtissier bossu, à défaut d'un amant mieux fait que la conscription a enlevé. Le Vaudeville fugitif vient chercher un asile chez ce détestable rimeur, on ne sait trop pourquoi, si ce n'est pour ne pas se dépayser tout-à-fait. La Gaieté sa mère l’y devine et l’y découvre, on ne sait trop comment, si ce n'est parce qu'elle lui connoît l'habitude de chanter dans le désert. Au reste, elle apporte déjà quelque bonnes nouvelles, et on ne conçoit pas qu'elle ait pris ce moment-là pour quitter Paris. Après le Vaudeville et la Gaieté, arrive un fermier du lieu qui est plus gai que le Vaudeville et que la Gaieté elle-même. Il a vu arriver le Roi, et il fait le récit de son entrée d'une manière entraînante qui a empêché l'Ennui de figurer au denoûment. C'est la meilleure scène de la pièce, si toutefois ce n'est pas la seule. On a tout saisi, tout applaudi, tout redemandé ; et il y avoit réellement quelque couplets qu'on pouvoit entendre deux fois, même en faisant abstraction du sentiment qu'ils expriment et qui ne lasse jamais. Au vaudeville final, le pâtissier, dont on attendoit le couplet. s'est contenté de dérouter une longue inscription conçue en ces termes :

Je pâtissois,
Tu pâtissois,
Il pâtissoit.,
Nous pâtissions,
Vous pâtissiez;
Ils pâtissoient,
Nous ne pâtirons plus.

L’équivoque du verbe pâtir et du verbe pâtisser, qui est très exacte à l'imparfait de l’indicatif, ne l’est plus au futur ; mais il ne faut pas trop quereller sur l’expression quand l'idée est juste; et si l’on en étoit à une faute de langue près avec la plupart des auteurs, on ne seroit jamais content. Le Vaudeville étoit représenté par Mlle Rivière ; c’étoit par conséquent un fort joli Vaudeville, un Vaudeville parfait : il y a long-temps qu’on n’en avoit pas vu de cette espèce. Le dernier de tous ne relèvera pas la réputation de ce théâtre. Il a pour lui la recommandation des évènemens, il étoit sûr du succès de l’enthousiasme ; mais je crains que les auteurs n'abusent un peu de la faculté qu’ils ont de se faire applaudir sans esprit, en disant ce que tout le monde pense. Vive le roi est un mot excellent qui fait battre le cœur de tous les bons Français ; mais il ne coûte pas de grands frais d'imagination au poëte qui en fait l’âme d'une scène, et qui en tire l'effet d'une situation ou le trait d'un couplet. MM. Barré, Radet et Desfontaine, qui saisissent toujours la circonstance avec un bonheur rare, et qui la chantent souvent fort bien, ont été quelquefois plus heureux pour l’exécution, quoiqu’ils n’aient jamais été mieux inspirés pour te sujet. Cela rappelle le mot connu de Waller à Charles II : « Nous autres faiseurs de vers, nous réussissons mieux dans la fiction que dans la vérité. « 

Ch. Nodier.          

Journal des arts, des sciences et de la littérature, n° 294 (cinquième année), 10 mai 1814, p. 184-185 :

[Le compte rendu ne peut que trouver la pièce merveilleuse : elle célèbre le « Souverain qui vient finir tous nos malheurs ».]

Théâtre du Vaudeville.

Un petit voyage du Vaudeville, divertissement en un acte, à l'occasion du retour de la Paix, de MM. Barré, Radet et Desfontaines.

Cette fois, c’est un hommage direct que le Vaudeville a voulu rendre au Souverain qui vient finir tous nos malheurs. Pour propager par ses chants la nouvelle du retour des Bourbons et de la paix, ce joyeux enfant s'est mis en route avec son tambourin. Il arrive dans un village où, en contant fleurette à une jeune paysanne, il désole le bossu Claude, petit garçon resté dans cet endroit. Bientôt la Gaîté, qui courait après son fils chéri, vient le chercher, attendu que désormais

« Le Vaudeville et la Gaîté
» Ne marcheront plus l'un sans l'autre. »

Dieu le veuille ! Un des principaux habitans du village arrive ensuite de Paris ; il raconte avec ivresse l'entrée de notre monarque. Les conscrits du village reviennent, et Julien, amant de la petite villageoise, n'a pas de peine à éconduire le bossu.

L'intervention de deux personnages allégoriques jette un peu de froid dans cet ouvrage. On a d'ailleurs trouvé assez étrange que des paysans fissent accueil au Vaudeville et à la Gaîté, sans témoigner aucune surprise de leur costume bizarre. On aurait pu s'étonner aussi de voir la Gaîté répandre quelques larmes ; mais c'était en rendant hommage aux vertus de la fille de nos rois ; la Gaité est française : on lui a su gré d'avoir partagé l'émotion de tous les français.

Les dernières scènes de la pièce sont beaucoup plus gaies que les autres, et en ont décidé le succès. Parmi les couplets que l'on a fait répéter, nous avons retenu le suivant :

Fallait voir quand il a passé
Devant not'bon roi Henri Quatre,
Com'les vivat ont r'commencé !
Moi, morbieu ! j'ai crié pour quatre.
Vivat, vivat, oh ! c'est ben ça,
On n'peut pas trop d'mander qu'il vive ;
Car ce Louis qui nous vient là,
C'est un Henri qui nous arrive.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome II, p. 382-383 :

Un petit Voyage du Vaudeville, à propos en un acte, joué le 5 mai.

Le Vaudeville et la Gaieté, personnifiés, ont été exilés de Paris par le bruit des tambours et des canons ; ils arrivent chacun de leur côté dans un village où ils trouvent un poète qui, depuis dix ans, s'occupe à célébrer la paix, et ne la rencontre jamais qu'en promesses. La nouvelle de l'arrivée du Roi à Paris termine la pièce, et amène des couplets dont l'à propos est le plus grand mérite. On a beaucoup ri du rôle de Joli, qui jouoit un pâtissier bossu et bancale, le seul jeune homme qui soil resté dans le village. Son couplet au public étoit écrit sur un rouleau qu'il a développé, et qui portoit ces mots : je pâtissois, tu pâtissois, il pâtissoit, nous ne pâtirons plus ; vive le Roi.

Les auteurs de cette bluette sont MM., Barré, Radet et Desfontaines.

Le Dictionnaire des girouettes de César de Proisy d’Eppe (1815), p. 34, cite les couplets royalistes de la pièce, signe de la conversion des trois auteurs à la gloire du nouveau régime, après leurs œuvres impériales.

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