Une heure de mariage

Une heure de mariage, opéra en un acte, paroles de Charles-Guillaume Étienne, musique de Dalayrac. 29 ventôse an 12 [20 mars 1804].

Théâtre de l'Opéra Comique

Titre :

Une heure de mariage

Genre :

comédie mêlée de chants

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, vers pour les parties chantées

Musique :

oui

Date de création :

29 ventôse an 12 (20 mars 1804)

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

Étienne

Compositeur(s)

Nicolas Dalayrac

Almanach des Muses 1805

Germeuil s'est uni à Élise à l'insu de son oncle, M. de Marcé, dont il attend toute la fortune. Celui ci lui avait prescrit d'épouser Constance, fille d'un de ses amis, et de la lui amener à son château. Germeuil que cet ordre contrarie beaucoup, et qui veut ménager son oncle, met Constance dans ses intérêts, et la fait passer pour sa femme, tandis qu’Élise joue le rôle d'une amie. Mais Constance trouve dans le château M. de Fontange dont elle est aimée, et qui, la croyant l'épouse de Germeuil, éclate en reproches, et cherche à se venger en faisant la cour à Élise. Jalousie de Germeuil, qui se voit prêt à trahir son secret. Il a une explication avec Élise qui se justifie ; et finit par lui donner un baiser. L'oncle les surprend, et veut qu’Élise sorte du château. M. de Fontange apprend de la bouche de Constance qu'elle n'est point l'épouse de Germeuil, il se jette à ses pieds, et se voit également surpris par M. de Marcé, qui lui ordonne de partir sur-le-champ. Personne ne s'éloigne cependant, l'oncle découvre le mystère et finit par donner son consentement au mariage d’Élise avec son neveu.

Joli fonds, détails agréables, musique légère et spirituelle, succès mérité.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Masson, an xii (1804) :

Une Heure de mariage, comédie en un acte, mêlée de chants. Par C. G. Etienne. Musique de M. Dalayrac. Représentée pour la première fois sur le Théâtre de l'Opéra-Comique, rue Faydeau, le 29 Ventôse an 12. (20 Mars 1084 [sic]).

Une heure de mariage a été repris en septembre 1807, et le feuilleton consacré le 21 octobre à Une heure de folie dans le Journal de l’Empire dit quelques mots sur Une heure de mariage.

Courrier des spectacles, n° 2580 du 30 ventôse an 12 [21 mars 1804], p. 2 :

[Après avoir imaginé un tout autre sujet pour la pièce à partir de son titre, promettant la douceur des premiers moments d’une vie de couple, le critique parle du sujet réel de la pièce, moins convenu. C’est d’« une des plus jolies intrigues que l’on ait encore traitées à l’Opéra-Comique » qu’il s’agit, et donc il énumère les qualités, « variété dans les scenes, rapidité dans l’action, surprises bien motivées, élégance et légèreté dans le style, esprit dans le dialogue » (il ne manque guère que la vraisemblance de l’intrigue, mais le critique n’a peut-être pas osé aller jusque là). Toujours est-il que le public n’a eu que l’embarras du choix pour applaudir les meilleurs moments de la pièce. Arrive le résumé de l’intrigue, moins enthousiasmante. Une histoire de mariage secret qu’on tente à cacher à un oncle qui exige un autre mariage, qu’on fait semblant d’avoir contracté. Une telle situation provoque bien des quiproquos : un ami vient troubler le jeu en se montrant empressé auprès de la femme du neveu, la croyant disponible ; l’oncle aperçoit son neveu donnant un baiser à sa femme, qu’il croit une simple amie : il souhaite qu’elle quitte immédiatement le château ; puis c’est l’ami qui est surpris, toujours par l’oncle, aux pieds de celle qu’il croit l’épouse de son neveu : nouveau scandale. Tout le monde devrait quitter le château, mais personne ne part, il suffit de dire la vérité à l’oncle pour que tout s’arrange. « Ce dénouement a paru foible » : on peut être d’accord avec le critique. Reste à parler de la musique, jugée « de la plus grande fraîcheur » (le critique énumère quelques morceaux remarqués), des auteurs (le compositeur est particulièrement mis en valeur), des interprètes, remarquables, et « qui ont joué cette piece avec un ensemble parfait ».]

Théâtre Feydeau.

Premiere représentation d’Une heure de Mariage.

C’est un bien joli moment qu’une heure de mariage ! Les époux n’ont pas encore eu le tems de sentir le poids de leur nouvelle chaîne ; tout leur sourit, tout les enchante, tout est heureux de leur bonheur, tout jusqu’aux témoins. Qui ne croiroit d’après ce début que la pièce nouvelle offre le tableau paisible de deux cœurs qui s’unissent sous les auspices de l’amour et sous les yeux d’une famille respectable, et qui emploient la première heure de l’hymen à soupirer amoureusement leurs tendres et constantes ardeurs. Ce n’est rien de tout cela. L’heure est employée d’une maniere plus animée, moins uniforme, bref elle suffit à former, à développer et à dénouer une des plus jolies intrigues que l’on ait encore traitées à l’Opéra-Comique. Variété dans les scenes, rapidité dans l’action, surprises bien motivées, élégance et légèreté dans le style, esprit dans le dialogue, tous ces avantages réunis à une jolie musique n’ont laissé au spectateur qu’une agréable incertitude sur les passages qu’il devoit applaudir davantage.

Germeuil est marié avec Elise à l’insu de son oncle, M. de Marcé, dont il attend toute la fortune, et qui lui a écrit d’épouser à Lyon Constance, fille d’un de ses anciens amis, et de la lui amener à son château immédiatement après son mariage consommé.

Le neveu très-embarrassé ne trouve d’autre expédient que celui de faire passer Constance pour sa femme, tandis qu’Elise, par intérêt pour son époux et par amitié pour Constance, se contentera du rôle d’une amie.

D’après cet arrangement, Germeuil présente à M. de Marcé, son épouse par intérim, qui s’est promis de servir ses amis, en affectant des airs qui ne peuvent que lui déplaire. Mais celui-ci en revenant de la chasse a ramené un compagnon dont la conversation l'a charmé. C’est M. de Fontanges, jeune homme de vingt cinq ans. Dans la route il a parlé raison, mœurs, philosophie, et ç’en est assez pour captiver et enthousiasmer le riche campagnard.

Après avoir renoué connoissance avec Germeuil, son ancien frere d’armes, il apperçoit Constance, que M. Marcé lui présente comme épouse de son neveu, et cette vue réveille en lui un amour mal éteint pour cette jeune personne, dont il avoit fait inutilement chercher la retraite. Il la croit parjure à ses sermens ; et pour s’en venger il adresse ses vœux à Elise. Germeuil, de son côté, devient jaloux, mais il n’ose découvrir son secret. Il connoît Fontanges ; il sait qu’il étoit au régiment le cavalier le plus aimable et le plus entreprenant auprès des femmes.

Celui-ci qui a eu un entretien avec Elise, lui déclare sa passion pour cette jeune personne, se vante même de ne pas lui être indifférent, et charge Germeuil d’achever ce qu'il appelle sa conquête.

Scène de jalousie entre Elise et son époux, qui finit par avouer ses torts et scelle la réconciliation par un baiser.

L’oncle les surprend ; grand courroux ; il veut qu’Elise sorte à l’instant de son château, et fait mettre les chevaux à sa voiture, pour la reconduire chez ses parents. Mais bientôt après il trouve Fontanges aux pieds de Constance, qui lui a découvert le secret de son mariage supposé. Nouveau tapage, qui se termine par l’invitation au prétendu philosophe, d’accompagner Elise loin du château.

Cependant personne ne part; Germeuil cherche de tous côtés son épouse ; M. de Marcé lui montre Constance ; mais en ce moment Fontanges reparoît avec Elise, et il la rend à son mari, qui avoue alors à son oncle la supercherie dont il a usé pour se présenter devant lui.

Ce dénouement a paru foible, peut-être par comparaison avec les détails précédens, dont on avoit été très-satisfait.

La musique offre des morceaux de la plus grande fraîcheur. Nous ne citerons ici particulièrement qu’un duo entre Germeuil et Fontanges ; un trio entre Germeuil, Elise et Constance, et un air charmant où Elleviou fait briller toute la grâce et la pureté de son chant.

Cette nouvelle production fait infiniment d’honneur à M. Daleyrac, de même que le poème à M. Etienne. Le premier a paru au bruit de nombreux applaudissemens. Si l’usage de demander les acteurs n’étoit point devenu si bannal, c’eût été une justice à rendre à MM. Elleviou, Jausrand, Juliet, et à mesdames St-Aubin et Gavaudan, qui ont joué cette pièce avec un ensemble parfait.

F. J. B. F. G***.          

La Décade philosophique, littéraire et politique, an 12, IIIe trimestre, n° 20 (20 germinal), p. 115 :

[La pièce a réussi, malgré son invraisemblance et un dénouement « trop brusque et trop peu préparé », grâce à son comique et aux quiproquos nés de la situation.]

Au théâtre Faydeau; une Heure de Mariage, petit acte fondé sur une grande invraisemblance, mais qui cependant une fois dévorée, produit deux situations assez plaisantes. Le dénouement en est aussi trop brusque et trop peu préparé par les évènemens qui le précèdent. Malgré tous ces inconvéniens, le comique du rôle de l’oncle, le double quiproquo produit par la situation et l’esprit du dialogue, ont fait réussir l’ouvrage.

La musique est du C. Dalayrac; et les paroles du C. Etienne.                 L. C.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, neuvième année (an XII – 1804), tome V, p. 404 :

[Une pièce qui a réussi, ce qui est rare au Théâtre Feydeau. Elle doit à sa gaité : esprit du dialogue, médiocrité des couplets, rachetée en partie par la musique de Dalayrac.]

THÉÂTRE FEYDEAU.

Une Heure de Mariage.

Depuis la Jeune Prude, les ouvrages joués à ce théâtre ont eu peu de succès : Une Heure de Mariage est la seule pièce qui soit sortie de la foule. C'est un imbroglio dont le premier mérite est la gaité, mais qui du moins est assez original. On a remarqué beaucoup d'esprit dans le dialogue, et fort peu dans les couplets, et plusieurs journaux en ont fait le reproche à l'auteur, M. Etienne. Il s'étoit sans doute pénétré, avant de faire son opéra, de cette maxime de Figaro : ce qui ne vaut pas,la peine d'être dit, on le chante. Il est vrai que la musique de M. Daleyrac n'a pas besoin d'être soutenue par les paroles, et que souvent les paroles ont eu besoin, pour passer, de la musique de M. Daleyrac.

Le nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome neuvième (prairial an 12, mai 1804), p. 250-252 :

[Si la pièce a réussi, c’est parce qu’elle fait rire (et seulement pour cela ?). Après le sujet de la pièce, le jugement critique : si on est sévère, on peut lui reprocher le manque de motivation des entrées et sorties, l’invraisemblance du caractère du héros, le dénouement connu trop vite, le bavardage inutile des personnages, le mauvais goût parfois du dialogue, le fait que l’auteur est tiré sa pièce en longueur. Mais il y a aussi des qualités nombreuses : des quiproquo bien combinés, des situations bien présentées, des scènes spirituelles et gaies, le caractère vraiment comique du héros. A quoi il faut ajouter la qualité de la musique, « très-fraîche , très-spirituelle et très-gracieuse » et la qualité de l’interprétation.]

Une heure de Mariage, opéra-comique en un acte, paroles de M. Etienne, musique de Daleyrac.

Cette pièce a eu du succès. L'auteur n'a. sûrement pas eu la prétention de braver la critique ; mais il s'y est pris au mieux pour la désarmer. Il a fait rire.

Voici le sujet de sa pièce :

Germeuil, neveu de M. Demarsé, campagnard, a épousé secrettement Elise, contre le gré de son oncle, qui lui avait ordonné de se marier à une riche héritière nommée Constance. Elise et Constance sont liées d'amitié, et cette dernière, pour rendre service à son amie, dont elle est aussi la confidente, feint aux yeux de M. Demarsé, d'être la femmes de Germeuil. Demarsé en est enchanté, et tout semble devoir aller le mieux du inonde ; mais ne voilà-t-il pas que cette fausse Germeuil a, de son côté, un jeune amant dont elle est folle ; que cet amant, nommé Fontanges, se trouve par hasard chez Demarsé, au moment où elle s'y présente en qualité de femme mariée ; et que Fontanges, trompé par cette apparence d'infidélité, veut s'en venger au moment même en faisant la cour à Elise, c'est-à-dire à la véritable femme de Germeuil. De là naissent divers quiproquo et divers sujets de jalousie, le tout passablement comique. Ici Demarsé trouve Germeuil embrassant maritalement son Elise ; là, il arrive au moment où Fontanges, désabusé, se jette aux pieds de la belle Constance. Bref, il s'imagine voir dans tout cela un quadruple adultère, et il ne cesse de crier au scandale. La fausse Germeuil profite de ce mécontentement pour pousser le bon-homme à bout; et lui faire regretter de l’avoir choisie pour nièce : or, une fois ce regret exprimé, elle découvre toute la ruse ; Germeuil fait sans peine approuver son mariage avec Elise ; Fontanges épouse sa Constance ; et toutes les idées d'adultère s'éloignant de l'esprit du bonhomme, il ne songe plus qu'à se divertir, en tout bien tout honneur , comme de raison.

Les inexorables ne manqueront pas de dire, et même de prouver le plus savamment du monde, qu'il y a des entrées et des sorties mal motivées dans cette petite pièce ; que le caractère de Fontanges est vicieux, en ce que ce jeune homme prend trop facilement feu auprès d'Elise, pour être bien solidement amoureux de Constance ; que le dénouement est prévu dès l'exposition du sujet ; que les personnages se racontent trop souvent l'un à l'autre ce que le public sait aussi bien qu'eux ; que le ton du dialogue n'est pas toujours celui de la bonne société ; que la pièce est plutôt coupée que dénouée ; et qu'enfin, il n'y avait pas de raison pour que l'auteur n'ajoutât pas à son ouvrage autant de scènes qu'il en aurait pu faire, etc. ; mais c'est le cas, ou jamais, de fermer les yeux sur quelques défauts de convenances. Il y a du talent, et beaucoup plus que l'on ne croit, dans la combinaison des quiproquo ; les situations sont bien présentées ; plusieurs scènes sont remplies d'esprit et de gaieté, et le caractère du campagnard est souvent d'un excellent comique : ajoutez à cela le mérite d'une musique sinon des plus originales, du moins très-fraîche , très-spirituelle et très-gracieuse.

La pièce est jouée d'une manière très-satisfaisante par Elleviou, Jausserand, Juliet, et par Mmes, Saint-Aubin et Gavaudan.

Les auteurs ont été demandés, mais Daleyrac seul a paru.

D’après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l’Opéra-Comique, répertoire 1762-1972, p. 432, Une Heure de mariage, « comédie mêlée de chants » en un acte, de Charles-Guillaume Étienne pour le livret et Nicolas Dalayrac pour la musique a été créée le 20 mars 1804 au Théâtre Feydeau. Elle est restée au répertoire jusqu’en 1851.

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