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Une nuit d'été, ou Un peu d'aide fait grand bien

Une nuit d'été, ou Un peu d'aide fait grand bien, comédie vaudeville en un acte et en prose, de Gersain, et Année, musique de Solié, 9 prairial an 8 [29 mai 1800].

Théâtre de l'opéra comique national, rue Favart

Titre :

Une nuit d’été, ou Un peu d’aide fait grand bien

Genre

comédie vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, couplets en vers

Musique :

vaudevilles et airs nouveaux

Date de création :

9 prairial an 8 [29 mai 1800]

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique national, rue Favart

Auteur(s) des paroles :

Gersin et Année

Compositeur(s) :

Jean-Pierre Solié

Almanach des Muses 1801

Le nom des auteurs est mutilé dans l’Almanach des Muses : Gersain, le nom d’Année transformé en Halle, et l’absence du musicien Solié.

Courrier des spectacles, n° 1182 du 10 prairial an 8 [30 mai 1800], p. 2 :

[Le début de l’article est sans appel : Une nuit d’été ne remplit pas les conditions pour être considérée comme une véritable pièce puisqu’elle se limite à être une simple collection de couplets, certes souvent « pleins d’esprit et faits avec grâce, mais qui, d’ailleurs, sont assez souvent étrangers au fonds du sujet », et dont certains offensent un peu la décence. Le sujet est jugé « trop facile à esquisser » : deux jeunes filles attendant un homme, l’une son tuteur, l’autre son mari. Elles doivent rester seules au château, et elles ont peur. Une des deux se déguise en officier et peut faire ce qu’elle veut de son amie. Le frère d’une des deux les croit menacées, veut se battre contre le faux officier, mais le malentendu se dissipe. Le dénouement conduit à un mariage, ce qui n’est guère surprenant. Les auteurs ont été nommés, mais le critique n’a pas très bien entendu. Un nom déformé, le compositeur passé sous silence (mais a-t-il eu les honneurs du communiqué ?).]

Théâtre Favart.

Si ce qui constitue une pièce quelconque est un sujet dont le but est moral, dont l’intrigue est par elle-même plus ou moins forte, plus ou moins intéressante, et dont les personnages ont chacun un caractère distinct, on ne peut qualifier de pièce le vaudeville qui vient d’être donné à ce théâtre, sous les titres d’Une nuit d.'été, ou Un peu d'aide fait grand bien. Il ne seroit pas aisé d’appliquer en aucune manière ce second titre à l’ouvrage. Ce n’est ici, à parler rigoureusement, qu’une collection de couplets la plûpart pleins d’esprit et faits avec grâce, mais qui, d’ailleurs, sont assez souvent étrangers au fonds du sujet. En un mot, ce n’est qu’un canevas sur lequel on a brodé une foule de fleurs plus fraîches les unes que les autres. Nous pensons cependant que par décence et par goût, les auteurs seront astreints à quelques sacrifices ; nous ne croyons pas par exemple qu’il soit permis de dire, sans blesser ce goût toujours exigeant :

Puisque l’hymen est le soir de l’amour,
          J’en veux prolonger la journée.

Mais à ne prendre ce vaudeville que pour un petit recueil de traits ingénieux, et de saillies aussi fines que légères, ou ne doit plus être étonné du succès qu’il a obtenu, sur-tout quand on songe que nombre de couplets renferment des idées si délicates et exprimées avec tant de facilité qu’ils ont eu les honneurs du bis ; il faut ajouter que la manière dont ils sont chantés par mesdames Gavaudan , Philis et Nivelon, ajoute encore à leur mérite ; il ne manque en un mot à cette pièce, que d’être une pièce.

Le sujet n’est que trop facile à esquisser. Blanche et Elvire attendent l’une son tuteur, l’autre son époux, qui tous deux doivent venir à la pointe du jour, et au-devant desquels elles veulent aller. Pour ce faire, elles ne doivent point se coucher ; mais, fort peureuses, elles n’osent passer seules la nuit au château, et cependant elles se voient obligées de renvoyer Frédéric, frère d’Elvire, et amant de Blanche, qui eut [sic] été satisfait de rester auprès d’elles. Les deux femmes se plaisantent réciproquement sur leur peu de bravoure. Elvire piquée, se déguise en officier, et vient réclamer un logement, malgré une exemption de loger le militaire. Blanche qui ne reconnoît pas son amie sous ce costume redoutable, est obligée de céder à ses importunités ; Ferdinand (c’est ainsi que se nomme le prétendu militaire), pour inspirer plus de confiance, décharge ses pistolets par la fenêtre ; ce bruit a éveillé l’inquiétude de Frédéric qui s’est introduit dans les appartemens pour porter secours à celles qu’il croit exposées à quelque danger ; les gens de Frédéric sont dans les cours ; Blanche et Beatrix, sa suivante, ne doutent plus que ce ne soient des voleurs venus au signal de leur chef. De son côté , Frédéric prend Ferdinand pour un rival, et le force à mettre le sabre à la main ; mais Elvire traîne si bien en longueur les préliminaires du duel , qu’elle laisse à Blanche et à Beatrix le temps de rentrer dans le sallon et de désabuser Frédéric.

On juge que, quant à Elvire, alors fort embarrassée du personnage qu’elle joue, un peu d'aide, pour ce coup , fait grand bien. Cette épreuve de jalousie a fait connoître à Blanche quelle [sic] étoit réellement aimée de Frédéric, et elle consent à l’épouser. Les auteurs ont été demandés, et on a nommé les citoyens Gersain et Hallé.

B * * *.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VI. année (an viii. – 1800), tome I, p. 556 :

Une Nuit d'été , ou Un peu d'aide fait grand bien.

Ce vaudeville a été joué le 9 prairial. Ce n'est qu'un véritable recueil de couplets, tous très-jolis à la vérité, mais ne tenant en rien au fond de la pièce : quelquefois ils offrent des pensées très-brillantes, mais aussi très-fausses ; celle-ci, par exemple :

Puisque l'hymen est le soir de l'amour,
J'en veux prolonger la journée.

Blanche et Elvire attendent, l'une son tuteur, l'autre son époux, qui vont arriver à la pointe du jour. Elles doivent aller à leur rencontre, et ne veulent pas se coucher ; mais fort peureuses, elles sont pourtant obligées de renvoyer Frédéric, amant de Blanche et frère d'Elvire. Les deux femmes se plaisantent sur leur peu de courage ; Elvire piquée prend un habit d'officier, et vient réclamer un logement. Pour inspirer plus de confiance à Blanche, le prétendu militaire décharge ses pistolets par la fenêtre. Frédéric accourt, prend sa sœur pour un rival, et veut lui faire mettre l'épée à la main ; mais le duel est éludé par Elvire, qui enfin se fait reconnoître. Blanche, charmée de la jalousie qui prouve l'amour de Frédéric, lui donne sa main. Les auteurs sont les CC. Année et Gersain.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome VIII, floréal an VIII [avril-mai 1800], p. 188-190 :

[Pièce à succès, le nouveau vaudeville (joué à l’Opéra-Comique National avec de jolis airs nouveaux : on ne doit pas être loin d’un opéra-comique...) repose sur des « imbroglio nocturnes ». Le critique choisit de donner la paroles aux « rigoristes » qui feront toute un chapelet de critiques à la pièce (exposition longue et peu claire, action trop lente, scènes rappelant des scènes déjà vues ailleurs, titre arbitraire, etc.), mais après les avoir formulés, il les balaie : c’est une bagatelle qu’il convient de juger comme telle : un vaudeville (quoique...) ayant les qualités requises, « de jolis couplets, très bien chantés ; un dialogue vif & piquant, un bon ton de gaieté ». Il suffit ensuite de citer quelques couplets remarqués, et de donner le nom des actrices et des auteurs.]

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL, RUE FAVART.

La Nuit d'Eté.

La première représentation du vaudeville en un acte, intitulé : La Nuit d'Eté, ou un peu d'aide fait grand bien, a obtenu, récemment, beaucoup de succès. Toute l'intrigue de cette petite pièce roule sur des imbroglio nocturnes. Une jeune femme se déguise en militaire pour effrayer une de ses amies qui la croit poltrone, & pour inspirer de la jalousie à un jeune amant qui croit voir en elle un rival. Les rigoristes pourront dire que l'exposition du sujet est un peu longue & un peu obscure ; que l'action n'est pas aussi rapide qu'elle pourroit l’être ; que la scène du faux militaire présentant un billet à des personnes exemptes de loger des gens de guerre, rappelle le Barbier de Séville ; que la scène où l'amant, transporté de jalousie, veut se battre contre une femme déguisée en cavalier, est une imitation frappante du jaloux de Rochon de Chabannes ; que le titre d’une Nuit d'Eté ne convient pas plus à la pièce que celui d'une Nuit d’Automme ou de Printemps ; que...... que.... ; mais de pareilles critiques, quoique justes, sont toujours déplacées lorsqu'il s'agit d'une bagatelle sans prétention. De jolis couplets, très bien chantés ; un dialogue vif & piquant, un bon ton de gaieté, voilà les premières qualités d'un vaudeville ; or, elles sont toutes réunies dans celui que nous annonçons ; il a, en outre, l'avantage d'offrir un excellent choix d'airs nouveaux, parmi lesquels il s'en trouve qu'on doit au C. Solié , & que le public a fait répéter.

Cette pièce est très bien jouée par mesdames Carline-Nivelon, Philis aîné ; & Gavaudan. Les deux dernières ont chanté avec autant de goût que d'expression.

Parmi les couplets qui ont obtenu les honneurs du bis, nous avons retenu le suivant :

AIR. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Lorsque l'on croit obtenir
D'être distingué des belles,
A peine on mérite d'elles
Le plus léger souvenir ;
A nos vœux inattentive,
La beauté fuit et s'esquive,
Jamais rien me la captive ;
Tel un ruisseau dans son cours ;
Les fleurs bordent son rivage,
Il en refléchit l'image,
Mais ses flots coulent toujours.

Les deux couplets suivans, chantés par Elvire, déguisée en homme, lorsqu'elle est provoquée en duel par l'amant qu'elle a rendu jaloux, ont généralement excité la gaieté.

Modérez ces emportemens,
Avec moi vous aurez beau faire ;
J'ai pour habitude, en tout temps,
De désarmer mon adversaire.

Avant de souscrire à vos vœux,
Permettez que je vous le dise,
Je suis un rival dangereux,
C'est toujours au cœur que je vise.

Les auteurs ont été demandés & nommés : ce sont les CC. Gersain & Année.

Almanach des spectacles de Paris, quarante cinquième partie, pour l’an IX de la République, p. 153 :

Une Nuit d’été, ou un peu d’aide fait grand bien, vaudeville en un acte, des citoyens Gersin et Année. Série de couplets qui ont soutenu la pièce.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l’Opéra Comique, répertoire 1762-1992, p. 433, attribue le livret à N. Gersin et Antoine Année, la musique étant composée de vaudevilles et d’airs nouveaux de Jean-Pierre Solié. Première représentation le 7 juin 1800, 4 représentations.

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