La Vengeance, comédie en un acte et en vers, de Joseph Patrat, créée sur le Théâtre de l'Odéon le 11 brumaire an 7 [31 octobre 1798].
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Désessarts, an 7 :
La Vengeance, comédie en un acte et en vers. Par le Citoyen J. Patrat, Représentée pour la prmeière fois, sur le Théâtre de l'Odéon, (Faubourg Germain) le 10 Brumaire, an 7.
L'ouverture de l'Odéon qui devait avoir lieu le 10 brumaire an 7 [30 octobre 1798] a été reportée au lendemain.
Courrier des spectacles, n° 618 du 12 brumaire an 7 [1er novembre 1798], p. 2 :
[Pour l'ouverture de l'Odéon, c'est la tragédie de de Belloy faston et Bayard, créée sur le Théâtre Français en 1771 qui a été choisie. Si le public a applaudi avec enthousiasme les acteurs qui faisaient leur rentrée après avoir joué à Lyon (un seul acteur est jugé insuffisant), la pièce « ne nous a pas paru être toujours jouée avec toute la chaleur qu’elle exige ». La tragédie a été suivie d'une comédie nouvelle, la Vengeance, qui « a eu du succès ». L'intrigue résumée est plutôt mince : c'est l'histoire d'une mère qui veut punir sa femme et son soupirant qu'elle accuse de manquer d'égards pour elle. Elle feint de marier sa fille à « un jeune seigneur fort riche », ce qui désespère les amants. Mais le contrat les unissait en fait, et tout est bien qui finit bien. La pièce, qualifiée de « bluette », comporte quelques détails de stylé assez agréables, et qui ont été applaudis ». Deux coups de sifflet que le critique trouve déplacés ont seuls perturbé la fin de la représentation. Peut-être faut-il y voir le fait que la pièce était tout de même un peu mince pour une salle comme celle de l'Odéon. L'auteur a été demandé, et les acteurs sont cités de façon élogieuse.]
Théâtre Français de l'Odéon.
Il y eut hier beaucoup de monde à l’Ouverture de ce théâtre. Gaston et Bayard, tragédie de Debelloy, est celle que l'on avoit choisie pour la rentrée des citoyens Saint-Prix et Saint-Fal, et de la citoyenne Fleury. Ces trois artistes qui avoient été passer quelque tems à Lyon, ont été reçus avec un véritable enthousiasme, qui ne doit leur laisser aucun doute sur le plaisir que l'on éprouve à les voir se fixer de nouveau dans la capitale. Le citoyen Saint-Prix, qui a paru le premier, est resté long-tems sans que les applaudissemens lui permissent de commencer ; il les a souvent justifiés, ainsi que ses deux camarades.
Le citoyen Chevreuil a joué le personnage d’Avogare avec cette intelligence qu’il met dans tous ses rôles, et qui le rend un sujet très-précieux à ce théâtre.
Le citoyen Lacave a été justement applaudi dans le rôle du vieux soldat Français. Celui du comte Urbin, dont étoit chargé le cit. Varenne, a laissé beaucoup à désirer.
En général, cette pièce ne nous a pas paru être toujours jouée avec toute la chaleur qu’elle exige ; il faut sans doute en attribuer la cause à la longue inaction de plusieurs des acteurs.
Les citoyens Saint-Prix et Saint-Fal, et la citoyenne Fleury ont été demandés après la pièce, et ont paru au milieu des applaudissemens.
La Vengeance, comédie en un acte et en vers, dont la première représentation a été donnée hier, a eu du succès.
Madame de . . . . s’étant apperçu que Mirval, instituteur de sa fille, a conçu de l’amour pour son élève, et qu’Adélaïde, c’est le nom de cette dernière, n’y est pas insensible, a formé le projet de les unir ; mais pour se venger de leur peu de confiance en elle, elle feint de vouloir marier sa fille à un jeune seigneur fort riche. On se figure les tourmens de Mirval et d’Adélaïde ; en vain celle-ci veut-elle fléchir sa mère, il faut renoncer à l’amour maternel ou signer le contrat qu’on lui présente ; elle ne balance pas à faire ce sacrifice, et apprend bientôt que ce contrat est celui qui l’unir à Mirval.
Cette bluette offre quelques détails de stylé assez agréables, et qui ont été applaudis. Deux coups de sifflets se sont fait entendre mais on peut accuser d’injustice ceux qui les ont donnés, à moins qu’ils n'aient voulu témoigner que cet ouvrage est- trop foible pour un grand théâtre Nous sommes entièrement de cet avis, mais nous ne croyons pas que ce soit une raison suffisante pour siffler un ouvrage.
Le public a vengé l’auteur en le demandant, Le cit. Dorsan, qui avoit bien joué le rôle de Mirval, est venu nommer le citoyen Patrat. Les autres personnages ont été agréablement rendus par le citoyen Picard, les citoyennes Desrozières, Beffroi et Molière.
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