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La Vieillesse de Piron

La Vieillesse de Piron, comédie mêlée de vaudevilles, en un acte, en prose, de MM. Bouilly et Pain, 9 avril 1810.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

La Vieillesse de Piron

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

9 avril 1810

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Jean-Nicolas Bouilly et Joseph Pain

Almanach des Muses 1811.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1810:

La Vieillesse de Piron, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, Par MM. Bouilly et Joseph Pain ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 9 Avril 1810.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome V, mai 1810, p. 289-294 :

[Encore une de ces pièces qui mettent en scène des auteurs que nous jugeons fort secondaires, et qui sont bien oubliés, sur lesquels courent toute sorte d’anecdotes censées montrées leur esprit. Ici, Piron aveugle en oncle qui n’a pas été consulté par sa nièce pour son mariage. Le critique commence par une anecdote qui a inspiré les auteurs, mais qu’ils ont complètement transformée. Le résultat est jugé peu satisfaisant : intrigue double (celle du début cède la place à une autre intrigue), non pas une pièce, mais des scènes mal liées entre elles, des invraisemblances en série (on peut dans la pièce prendre le jeune marié pour un valet de soixante ans). Après le résumé de l’intrigue, il ne reste plus qu’à insister sur la pauvreté des couplets, bien incapables de venir au secours de la pièce, qui « a été froidement écoutée », qu’un sifflet a troublée à la fin, mais sans empêcher que les auteurs, demandés, paraissent, ce qui ne présage toutefois d’une longue carrière pour la pièce, indigne de ses auteurs. Deux des acteurs sont dignes d’éloge. Cela en fait beaucoup qui ne le sont pas (il y a six rôles).]

Théatre du Vaudeville.

La Vieillesse de Piron, vaudeville en un acte de MM. Jos. Pain et Bouilly.

Piron, sur ses vieux jours, veuf, infirme et aveugle, trouvait ses plus douces consolations dans la société d'une nièce qui vivait chez lui depuis plusieurs années. Elle était cependant mariée depuis trois ans lorsqu'il mourut, mais elle lui avait caché son changement d'état, par une délicatesse très-louable, dans la crainte qu'il ne crût qu'elle voulait l'abandonner. Elle n'en fut que plus étonnée lorsqu'a la mort de son oncle, elle se trouva désignée dans son testament par son nom de femme. Piron, en effet, n'avait point ignoré son mariage ; mais, non moins délicat que sa nièce, il avait feint de l'ignorer. Tel est dans l'exactitude historique le fait qui a suggéré à MM. Pain et Bouilly le sujet de leur nouvel ouvrage ; et s'ils l'ont entièrement dénaturé, tout honorable qu'il est à la mémoire de Piron et de sa nièce, c'est qu'on l'eût difficilement adopté au théàtre, et sur tout à celui du Vaudeville, en le conservant dans sa simplicité. Piron lui-même ne saurait donc leur en vouloir de cette licence dramatique ; mais il est permis de douter qu'il leur pardonnât aussi facilement la manière peu dramatique dont ils ont conduit la fable qu'ils ont substituée à la vérité.

Les données qu'ils ont prises de la Vie de Piron, par Rigoley de Juvigny, se réduisent au mariage secret de la nièce et à la découverte du secret par son oncle. Ils ont fait aussi de l'époux d'Annette un musicien célèbre et lui ont seulement donné le nom d'Armand au lieu de celui de Capron qu'il portait ; mais dans tout le reste ils n'ont suivi que leurs propres idées. Chez eux, si Annette cache son mariage, ce n'est pas qu'elle craigne d'affliger ou d'inquiéter son oncle, c'est qu'elle a peur d'être grondée par lui. Si Piron, qui en est instruit, feint de l'ignorer, ce n'est pas non plus par délicatesse, mais il veut tirer une petite vengeance des jeunes époux et arracher à sa nièce l'aveu de leur union. En conséquence, sous prétexte qu'Armand a eu l'audace de changer un de ses vers dans une chanson qu'il a mise en musique, il lui a interdit sa maison ; et sous prétexte encore qu'il craint les voleurs, il renferme sous la clef tous les soirs sa nièce et sa gouvernante. Les jeunes gens, mariés depuis dix jours, sont donc séparés depuis une semaine, et il est tout simple qu'Armand cherche à mettre un terme à cette séparation. Il sait que Piron a besoin d'un domestique, et il se présente pour remplir cette place avec une recommandation de Saurin. Il a pris le costume d'un vieux valet de soixante ans. Il en imite de son mieux le ton et les manières ; mais Piron aveugle le reconnaît à sa voix. Le rusé vieillard feint cependant d'être dupe, se promettant bien d'user de sa qualité de maître pour tourmenter le prétendu valet, et il commence en effet par lui donner des commissions qui l'occuperont toute la journée.

Tout va fort bien jusques là, et l'intrigue est assez bien préparée ; mais de ce moment. les invraisemblances s'accumulent, le fil de l'intrigue se rompt, un autre se noue ; ce n'est plus une pièce qui se développe, ce sont des scènes que l'on cout l'une à l'autre pour passer le temps. Armand, pour se débarrasser de sa commission, imagine d'en charger la vieille Marguerite, gouvernante de Piron. Marguerite n'est pas aveugle comme son maître ; elle se sert même de ses lunettes pour mieux regarder Armand, et ne le prend pas moins pour un sexagénaire. On voit ensuite arriver Pannard et Collé, qui se laissent tromper de même, comme si les moyens qu'un acteur emploie au théâtre pour se vieillir et qui produisent une illusion à laquelle le spectateur se prête, pouvaient produire le même effet en plein jour sur des personnages qui n'ont point d'intérêt à se laisser tromper. Cependant Pannard passe chez Piron. Armand retient Collé pour lui avouer son mariage et lui demander son secours, et c'est alors qu'on nous fait entendre pour la première fois que Piron, en invitant à dîner Collé et Pannard, pourrait bien avoir eu quelqu'autre intention que de rire et de boire. Annette craint qu'il ne veuille la marier à Pannard, et Collé ne trouve pas la chose trop invraisemblable.

Pannard revient un moment après avec Piron, et les trois amis s'égaient, disent des bons mots, improvisent des couplets, comme s'ils n'avaient pas autre chose à faire, et sans que le spectateur sache ni de quoi s'occupe Armand, qui pourtant est dans une position assez difficile, ni ce qu'est devenue la vieille Marguerite avec sa commission, ni enfin pourquoi Piron n'explique point encore à Pannard dans quel dessein il l'a invité à se présenter chez lui en habit de fête avec un bouquet et des gants blancs. A la fin cependant il s'y décide, et de manière à réparer promptement le temps perdu, car il offre à Panna d la main de sa nièce en lui présentant le contrat à signer : et c'est ici, comme on voit que la nouvelle intrigue commence, Pannard résiste d'abord ; mais Collé, qui, sans être instruit du projet de Piron, est toujours du parti de ceux qui veulent rire, seconde le poëte bourguignon, persuade à Pannard, tout homme d'esprit qu'il est, qu'avec sa goutte et ses soixante ans, il a tourné la 1ête d'Annete, et Pannard donne dans le panneau.

La nièce alors est appellée et Piron lui signifie ses volontés ; c'est là l'ingénieux moyen qu'il a trouvé pour lui faire avouer son mariage. Annette hésite, témoigne sa répugnance, et Armand, prévenu par Collé, paraît enfin sous ses propres habits ; il se fait connaître, se déclare l'époux d'Annette, implore le pardon de son oncle, et celui ci l'accorde sans peine, quoiqu'avec le dépit de n'avoir pu obtenir d'Annette elle-même l'aveu que vient de lui faire Armand. Quelle bonhommie !

Il serait inutile de joindre des observations à cette analyse. Elle suffit pour juger de la pièce nouvelle sous le rapport de la composition. Des couplets agréables et spirituels auraient pu en compenser les défauts, mais le public n'en a redemandé qu'un seul, dont la pensée était que, du mariage d'une bossue avec un bossu, il peut naitre des Polichinelles ! Un éloge assez maladroit de Milton et d'Homère qui, quoiqu'aveugles, n'ont pas eu besoin de leur bâton pour monter au Parnasse ; un rapprochement encore plus mal-adroit de Piron et d'Œdipe, ont aussi contribué à indisposer les spectateurs. La pièce a été froidement écoutée. Un sifflet très-modeste qui s'est fait entendre à la fin, n'a pas empêché cependant que les auteurs ne fussent demandés et nommés ; mais ce succès, si faible et si peu digne de leur réputation, ne maintiendra pas longtemps la pièce au répertoire.

Nous devons des éloges à Henry et à Mme. Duchaume pour la manière dont ils ont joué, l'un le rôle de l'amant déguisé en valet, l'autre celui de la gouvernante.

G.

Mémorial dramatique ou Almanach théâtral pour l’an 1811 (5e année) , p. 142-143 :

LA VIEILLESSE DE PIRON, vaudeville en un acte, par MM. Pain et Bouilly. (9 avril.)

Ce vaudeville offre le tableau de la société de Piron, Panard et Collé, et de la gaîté qui y régnait ; cependant l'un est aveugle, l'autre goutteux et le troisième hydropique ; mais malgré leurs infirmités et leur vieillesse, ces trois amis n'en sont pas moins joyeux.

Le nœud de l'intrigue est un mariage secret qu'Annette, nièce de Piron, a contracté depuis quelques jours avec Armand, jeune musicien. Armand, chargé de mettre en musique une chanson de Piron, s'est avisé d'y retoucher un vers ; choqué de cette liberté, Piron refuse de le recevoir davantage chez lui : et pour empêcher les époux de se voir, il enferme sa nièce toutes les nuits, en disant qu'il craint les voleurs.

Voulant jouir des droits d'époux, Armand s'introduit chez l'aveugle sous la livrée d'un vieux domestique envoyé par Saurin ; mais Piron, que l'on croit dans l'erreur, a pénétré le mystère. Il sait, qu'Annette est mariée, et pour éloigner Armand, il lui donne plusieurs commissions, dont celui-ci se débarrasse en en chargeant Marguerite, vieille servante de Piron. Armand et Annette confient leur secret à Collé, qui promet de les servir. Piron feint de vouloir marier Annette à Pannard ; mais ce n'est qu'une mystification qui se termine au gré des désirs des jeunes époux.

Cette pièce, qui a réussi, n'a pas eu un succès soutenu.

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