Le Vieillard amoureux, comédie en un acte & en prose, mêlée de vaudevilles, par M. Caron, 26 nivôse an 2 (15 janvier 1794).
Date fournie par l’Histoire des théâtres de Paris, les Variétés Amusantes, de Louis-Henry Lecomte (Paris, 1908), p. 219.
Théâtre des Variétés amusantes.
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Titre :
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Vieillard amoureux (le)
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Genre
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comédie mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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26 nivôse an 2 (15 janvier 1794)
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Théâtre :
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Théâtre des Variétés amusantes
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Auteur(s) des paroles :
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Caron
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L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 3 (mars 1794), p. 287-291 :
[Sur le thème inusable, du vieillard amoureux (et qu’on finit toujours par tromper, une comédie en vaudevilles). Le résumé de l’intrigue en montre assez bien la complexité. La partie réellement critique fait alterner l’analyse de défauts et de qualités : on débute par le trio classique des « scenes peu filées, des invraisemblances, des longueurs », défauts qu’on dit faciles à éviter, et que sont censés racheter « de jolis couplets ». Mais ces couplets ne sont pas assez dans le genre du vaudeville », occasion de rappeler ce qu’est le vrai vaudeville : pas seulement « une pensée agréable, un madrigal », il y faut aussi des bons mots et des pointes, et surtout « il n'a pour but que de corriger, en chantant, les vices & les ridicules ». Le critique profite en quelque sorte de l’occasion pour rappeler l’importance de l’accord entre la musique et les paroles : il faut que les paroles aient un rythme compatible avec la musique empruntée (pas de mot coupé par une pause musicale). Et il finit par un surprenant encouragement à l’auteur, plein de promesses dans le vaudevilles. Demandé, il n’a pu paraître, étant absent...]
THÉATRE DES VARIÉTÉS AMUSANTES.
Le Vieillard amoureux, comédie en un acte & en prose, mêlée de vaudevilles ; par M. Caron.
Le vieux procureur Prudhomme est si jaloux & Agathe, sa pupille, qu'il ne manque jamais en sortant de fermer la porte, & d'en emporter la clef. Malgré cette sage précaution, il a encore donné à cette jeune personne une prévoyante duegne, qu'il a chargée de surveiller toutes ses actions. Mais si l'amour le veut, toutes ces précautions ne seront-elles pas inutiles ?
L'amoureux Léandre ayant appris que son ami Dumont doit se rendre pour un procès auprès de Prudhomme, s'introduit sous ce prétexte avec son valet Arlequin, dans la maison du vieux procureur. Ils y parviennent à l'insu de tout le monde, & se cachent dans un cabinet. Dumont parle de son procès ; il donne une bourse de louis d'or au vieux avare, & pour achever de se rendre favorable, il sort noblement de sa poche une bouteille de vin de Bordeaux, que le procureur accepte avec autant de joie que de reconnoissance.
Le plaideur est à peine sorti, que Prudhomme appelle Monique la duegne & Agathe, pour leur déclarer qu'il est décidé à épouser celle-ci.
La pauvrette n'ose rien dire, & consent à tout. Le procureur enchanté, dit qu'il va à l'audience, & qu'il sera bientôt de retour. Monique est étonnée, ne peut pas concevoir comment il est possible qu'Agathe ait sitôt consenti à cette union ; mais la rusée lui répond : Depuis que je suis en Normandie , je veux dire non, chaque fois que je dis oui. Or , le lecteur saura que la scene se passe à Rouen.
La maîtresse & la suivante s'en vont ; Léandre & Arlequin sortent du cabinet. Agathe reparoît bientôt : grandes protestations de l'amant passionné, qui est au désespoir, lorsqu'Agathe lui apprend que Prudhomme a formé le dessein de l'épouser. Monique survient ; elle surprend les amans ; on tente tous les moyens de l'appaiser. On y parvient enfin, après quelques difficultés, au moyen d'un diamant & la promesse de la main d'Arlequin , que toutefois elle n'accepte pas.
Mais tant de bienfaits excitent sa reconnoissance ; elle apprend alors aux nouveaux amans qu'elle a une double clef de la porte de Prudhomme, & que s'ils veulent s'éloigner de cet ennuyeux personnage, elle les recevra dans une chambre qu'elle a en ville ; Monique va chercher la clef, mais Agathe ne consent à sortir, qu'à la condition qu'on la conduira chez sa tante Araminte.
On est sur le point de sortir, lorsque Prudhomme rentre : Arlequin & Léandre vont se cacher ; les deux femmes font semblant de lire. Le procureur est enchanté de les voir se livrer à cette occupation ; il va quitter sa robe. Léandre & Arlequin sortent ; le premier emmene Agathe, le second veut emporter une bouteille qu'il trouve sur la table de Prudhomme ; Monique s'y oppose, en lui disant que c'est du poison que le procureur met dans son encre; Arlequin s'en va ; Monique le suit ; mais le traître ferme la porte sur lui, & abandonne la duegne.
Qu'on juge de son désespoir : que dîra-t-elle pour se tirer d'embarras ? Elle prend 1e parti d'avaler, à diverses reprises, le poison de la bouteille ; Prudhomme survient ; il est furieux d'apprendre qu'Agathe a pris la fuite. La duegne se jette à ses pieds : Ne me tuez pas, dit-elle, je vais mourir empoisonnée. Le procureur s'apperçoit alors qu'elle a vuidé la bouteille de vin de Bordeaux; nouveau désespoir.
Heureusement Agathe, Léandre & Arlequin, accompagnés d'un valet d'Araminte, reviennent & apportent une lettre de cette derniere, qui force Prudhomme à consentir au mariage de Léandre & d'Agathe. Le procureur ne pouvant plus songer à l'amour, promet de se dédommager avec l'intérêt, en ruinant tous les plaideurs qui tomberont sous sa patte. Arlequin épouse Monique, & la dédommage par-là de la peur qu'elle a éprouvée, & de la malice qu'il lui a faite, en l'enfermant avec Prudhomme.
Des scenes peu filées, des invraisemblances, des longueurs qu'on pourroit facilement éviter, sont les principaux défauts de cette comédie ; ils sont rachetés par de jolis couplets.
Malheureusement ils ne sont pas assez dans le genre du vaudeville. Une pensée agréable, un madrigal ne suffisent pas pour constituer ce genre : il ne vit que de bons-mots & de pointes, & il n'a pour but que de corriger, en chantant, les vices & les ridicules.
Il est à observer encore que la plupart des auteurs qui font des pieces à couplets, ne se donnent pas la peine de les rhythmer ; ils parodient même les airs avec la plus grande inexactitude. Leur insouciance à cet égard est souvent si grande, qu'ils font couper les mots en deux, par les repos du chant ; ce qui est absolument intolérable.
Quoi qu'il en soit, l'auteur mérite les plus grands encouragemens : il pourra se distinguer dans la carriere du vaudeville. Le public l'a demandé à grands cris ; il étoit absent.
(Journal des spectacles.)
Je n’ai pas trouvé de Vieillard amoureux attribué à Caron, et joué en 1793-1794.
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