Les Volontaires anglais, ou la Démission forcée, folie-vaudeville en un acte, en prose, de Bonel et Jorre fils [Jean-Claude Bédéno Dejaure], 20 nivôse an 12 [11 janvier 1804].
Théâtre de l'Ambigu-Comique
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an XII (1804) :
Les Volontaires anglais, ou la Démission forcée, folie-vaudeville , en un acte, en prose, Par MM. Bonel et Jorre fils. Représenté sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, le 20 nivose an xii.
Si les français ont de bons bras
Les anglais ont de bonnes jambes.
Courrier des spectacles, n° 2509 du 21 nivôse an 12 [12 janvier 1804], p. 2 :
[Avant de parler de la pièce, le critique en éclaire le contexte, l'attente d'une guerre entre France et Angleterre, où on attend le débarquement des troupes française. Dans les deux pays, « on fait assaut de carricatures », dont il donne des exemples. La pièce nouvelle a été écrite « dans l'intention de les retracer ». Elle a réussi « grâce à quelques applications [des allusions que le public est censé comprendre], aux traits satyriques dont il fourmille, et à plusieurs couplets ingénieux et faciles, dont deux ont été redemandés ». L'intrigue est une longue moquerie des Anglais, lâches, incapables de s'organiser. La petite troupe anglaise se débande dès que le bruit d'un tambour lui fait croire que les Français attaquent. Mais ce n'est qu'« un stratagème imaginé par Ernestine, qui vient déguisée en Capitaine de hussards » et contraint les Anglais à se rendre. L'article s'achève par la révélation du nom des auteurs, sans commentaire.]
Théâtre de l'Ambigu- Comique.
Première Représentation des Volontaires Anglais.
La guerre des pamphlets est aujourd’hui en France et en Angleterre le prélude d’une guerre plus sérieuse et plus décisive entre les deux peuples. A Londres comme à Paris , on fait assaut de carricatures ; les murs en sont tapissés, et les spectacles se les approprient. Parmi les dernières qui ont paru, les plus plaisantes étoient celles qui représentoient les Recrues Anglaises et l'Evacuation du Pays de Hanovre. C’est dans l’intention de les retracer que deux auteurs ont fait le vaudeville des Volontaires Anglais, qui a réussi, grâce à quelques applications, aux traits satyriques dont il fourmille, et à plusieurs couplets ingénieux et faciles, dont deux ont été redemandés.
Georges, marchand de bierre, à la nouvelle du prochain débarquement des français, a quitté sa brasserie et s’est métamorphosé en colonel. Son fils, grand garçon bien maigre, bien élancé, échange son tablier contre un sabre, et sa veste contre un accoutrement guerrier. C’est le major du nouveau régiment, qui consiste en quelques paysans tous créés subitò officiers, et où l’on ne compte pas encore un soldat. Dans le voisinage de Georges est un Irlandais, avec sa fille Ernestine, et un jeune homme, Français d’origine, mais né en Angleterre, que son père en mourant a confié au père d’Ernestine, et dont celui-ci voudroit bien faire son gendre, sans un dédit qui l’oblige à donner sa fille au nouveau Colonel. Le refus qu’ils font de s’enrôler les fait regarder comme des hommes suspects, et Georges à la tête de son régiment de huit recrues veut les arrêter. Quoique sans armes ils font fuir cette poignée de militaires qui se cache au bruit d’un tambour qu’ils prennent pour le signal de l’arrivée des Français. Ce n’est qu’un stratagème imaginé par Ernestine, qui vient déguisée en Capitaine de hussards, et sous ce déguisement force la troupe à se rendre prisonnière, et le Colonel à signer sa démission.
Les auteurs de cette bluette sont MM. Jore, fils, et Bonel.
Louis-Henry Lecomte, Napoléon et l'Empire racontés par le théâtre, 1797-1899 (1900), p. 101 :
[Résumé de l'intrigue, puis jugement insistant sur l'opposition entre les Anglais, couards et de mauvaise foi, et « la valeur et la modération de Bonaparte ».]
Ambigu, 20 nivôse an XII (11 janvier 1804) : Les Volontaires anglais, ou la Démission forcée, folie-vaudeville en 1 acte, par Bonel et Jorre fils.
La scène se passe dans un village, sur la côte d'Angleterre. Georges, maître d'une tabagie, a quitté son établissement pour s'improviser colonel des volontaires anglais : ces volontaires au nombre de sept, et la plupart infirmes, manœuvrent avec une gaucherie qui fait rire Ernestine, fille du brasseur irlandais Williams que Georges a vainement tenté d'enrôler. Par malheur Williams a promis Ernestine à Patrice, fils de l'Anglais, cela sous peine d'un dédit que le brasseur n'est pas en mesure de payer. Ernestine préférerait de beaucoup épouser Auguste, jeune homme d'origine française qui l'adore : elle imagine de s'habiller en colonel français et de se présenter sous ce costume aux volontaires qui, pris de peur, se cachent et finissent par se rendre après s'être engagés par écrit à ne plus servir contre la France. Ernestine alors se fait reconnaître, obtient l'annulation du dédit qui liait son père, et épouse Auguste tandis que Georges, deux fois battu, retourne à sa tabagie.
Pièce de circonstance, dans laquelle la couardise et la mauvaise foi des Anglais sont flétries, pendant que de la valeur et la modération Bonaparte reçoivent, en prose et en couplets, de significatifs éloges.
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