Vas où tu peux, meurs où tu dois, calembourg en un acte, de Legros d’Anisy, 7 frimaire an 14 (28 novembre 1805).
Théâtre du Vaudeville.
-
Titre
|
Vas où tu peux, meurs où tu dois
|
Genre
|
calembourg
|
Nombre d'actes :
|
1
|
Vers / prose ?
|
prose, avec couplets en vers
|
Musique :
|
vaudevilles
|
Date de création :
|
7 frimaire an 14 [28 novembre 1805]
|
Théâtre :
|
Théâtre du Vaudeville
|
Auteur(s) des paroles :
|
Legros d’Anisy
|
Mercure de France, littéraire et politique, tome vingt-deuxième, n° CCXXIX (9 frimaire an 14, samedi 30 Novembre 1805), p. 470-471 :
[Un bien long compte rendu pour dire qu’une pièce est mauvaise. Jugement sans appel : sifflets justifiés, pièce sans sel, invraisemblance d’un père qui ne reconnaît pas sa fille. Même le talent de madame Hervey n’y pouvait rien.]
Théâtre Du Vaudeville.
Vas où tu peux, meurs où tu dois, calembourg.
Le couplet d'annonce avertit que ces paroles sont tirées de l'Evangile. On ne s'attendoit guère à voir un mot de l'Evangile, travesti en calembourg, servir de texte aux auteurs du théâtre de la rue de Chartres; et l'on a mis néant sur la requête de celui-ci, ou de ceux-ci, laquelle finissait de cette manière:
Du législateur des Chrétiens
N'allez pas siffler les paroles.
On n'a pas eu d'égard à leur promesse de nous donner autrefois mieux qu'un calembourg. Quelques allusions à nos victoires ont été accueillies. Celle-ci, par exemple : qui voudroit
Boire toujours à nos succès,
Scroit ivre toute sa vie.
Le reste s'est traîné au milieu des sifflets, et ne méritoit pas un autre traitement. Voici en deux mots le sujet : Léon, jeune militaire, seroit l'époux de Clémence si cette union ne tenoit qu'à leur volonté réciproque ; mais le père de la jeune personne le trouve trop étourdi, et veut remettre le mariage à cinq ans. Il y a là de quoi désespérer les amans les moins impatiens, et ceux-ci le sont beaucoup. Léon fait au père une espèce de défi. Il offre de parier qu'avant deux heures il lui fera signer le contrat de mariage, et demande que la main de Clémence soit la récompense de ce tour d'adresse ; s'il ne l'exécute pas, il consent au long délai qu'on veut lui imposer. Le père, vrai Cassandre dans toute la force du terme, accepte le défi. Il faut savoir qu'il est le correspondant de la mère de Léon ; qu'elle lui envoie tout l'argent que dépense son fils, qui ne ménage pas sa bourse,
Clémence se déguise en vieille, et qui le croiroit ! se présente à son père sous le nom de cette mère. L'imbécille ne reconnoît pas sa fille. Elle demande le mémoire des avances faites pour son prétendu fils. On le lui donne ; elle l'emporte Aussitôt on annonce que Léon a pris querelle avec un homme qui disoit du mal du père de sa maîtresse, qu'il est blessé et qu'on l'apporte mourant.
Crainte que le spectateur ne devine pas la ruse, ou qu'il ne soit trop effrayé, on a soin de l'avertir que c'est une parodie de Tancrède sur son brancard. Au moment où il paroît, Clémence revient en jockei sans être encore reconnue, apporte l'argent du mémoire, et prie le père de signer le reçu, qui est tout dressé. Dans son trouble, il signe le contrat de mariage qu'on a substitué au mémoire. Léon saute de son brancard, et s'écrie qu'il a gagné la gageure. Il en reçoit le prix.
L'auteur n'a pas été demandé. Sa pièce n'a aucun sel ; les mots qui en forment le titre sont appliqués sans aucune justesse par Léon, lequel se voyant blessé, dit-il, a voulu aller où il pouvait, et mourir où il devoit. Tout le monde a été révolté de voir une fille paroître deux fois devant son père sans en être reconnue, quoiqu'elle eût toujours habité sa maison, et qu'elle se fût présentée sans masque.
Mad. Hervey a joué supérieurement sous ces trois costumes, mais aucun talent ne pouvoit soutenir une telle pièce.
La Décade philosophique, littéraire et politique, an XIV de l’ère Française, 1er trimestre, n° 8, 20 Frimaire (11 Décembre 1805), p. 506-507 :
[Article repris dans L’Esprit des journaux français et étrangers, tome I, janvier1806, p. 280-281.
Les calembours sont à la mode, tout comme la détestation des calembours. Le public n’a pas adhéré à cette maxime que le couplet d’annonce attribue à l’évangile, ce dont le critique doute (il ne l’y a pas trouvée...). L’intrigue semble reposer sur le double sens du verbe « devoir », mais le public ne l’a pas « goûtée », et « probablement la pièce ne reparaître pas ».
La seconde nouveauté s’intitule les Valets de campagne.]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
Deux nouveautés ont paru sur ce théâtre. L'une, par son titre même, avait fait présager son sort : elle était intitulée ; Vas où tu peux, meurs où tu dois , calembourg. C'est bien assez sans doute d'avoir à les souffrir dans les détails de ces sortes d'ouvrages, sans promettre d'en faire la base principale d'une pièce. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que l'auteur a prétendu que sa maxime était tirée de l'Evangile,
Du législateur des chrétiens
N’allez pas siffler les paroles,
avait-il dit dans son couplet d'annonce. La recommandation était indiscrète ; car en avouant qu'il avait travesti une maxime des livres saints en calembourg, c'était s'attirer le reproche et l'indignation des consciences timorées et religieuses, c'était s'écarter du respect qu'on doit aux paroles divines ; aussi l'appui qu'il avait cru se donner ne l'a-t-il pas garanti du sort qu'il méritait. Quant à moi, j'avoue que je n'ai pas connaissance de l'endroit du Nouveau Testament, où l'auteur a puisé cette maxime. La double acception du verbe devoir a paru plaisante à l'auteur, mais le public ne l'a pas goûtée, et probablement la pièce ne reparaîtra plus.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome I, p. 186 :
[L’auteur du compte rendu pense qu’avec cette pièce on est allé aussi loin qu’il est possible dans la vacuité.]
Théâtre du Vaudeville.
Vas où tu peux, meurs où tu dois, calembourg en. un acte.
Un jeune homme blessé qui va aussi loin qu'il peut, et qui meurt où il a des dettes. Voilà l'explication du titre de la pièce, et tout ce qu'il y avoit de comique dans l'ouvrage ; aussi n'est-il pas allé loin, et est-il mort où il devoit !
L’Opinion du parterre, ou Revue des Théâtres, troisième année (février 1806), p. 355 :
7 Frimaire.
Première représentation de Vas où tu peux , Meurs où tu dois, calembourg en un acte. Chute complète. Legros d'Anisy.
Ajouter un commentaire