Créer un site internet

Washington, ou la Liberté du Nouveau monde

Washington, ou la Liberté du Nouveau monde, tragédie en quatre actes en vers, de Billardon de Sauvigny, 13 juillet 1791.

Théatre de la Nation.

Titre :

Washington, ou la Liberté du Nouveau monde

Genre

tragédie

Nombre d'actes :

4

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

13 juillet 1791

Théâtre :

Théâtre de la Nation

Auteur(s) des paroles :

Bilardon de Sauvigny

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Maillard d’Orivelle, 1791 :

Vashington ou la liberté du nouveau monde, tragédie en quatre actes ; Par M. de Sauvigny ; Représentée pour la première fois le 13 juillet 1791, sur le théâtre de la Nation.

Le nom du grand Washington souffre beaucoup dans la brochure : après avoir été Vashington, il devient Vazington. Le nom du grand homme ne paraît pas familier !

Mercure universel, tome 5, n° 136 du jeudi 14 juillet 1791, p. 222-223 :

[Article très significatif de l'état d'esprit des amateurs de théâtre en 1791, une vision du théâtre qui n'est sans doute pas partagée par tous, puisque l'opinion du critique diffère largement de ce que le public a perçu. La pièce a connu un grand succès : c'est une tragédie en quatre actes et en vers (un genre noble). Mais le critique n'y a rien compris. Si on choisit comme critère le patriotisme, la pièce peut passer pour excellente. Mais le bon critère, d'après le critique, c'est le respect des « règles de l'art dramatique » (Boileau !), et là, la pièce est en-dessous de tout, « ce n'est qu'une production indigeste ». La seule chose que le critique valorise, ce sont quelques vers qui ont été applaudis, tandis que les scènes ont choqué le public du fait de leur incohérence. Il ironise d'ailleurs sur de supposés conjurés : la seule conjuration était dirigée contre les règles immuables de « l'art dramatique ». Ce qui n'a semble-t-il pas empêché le succès. Le critique a tout de même fini par trouver dans l'acte quatre une image de la réalité contemporaine (le 14 juillet 1791, une évocation de la fête de la fédération...). L'auteur a été nommé, les acteurs ont bien joué, avec une mention spéciale pour l'un d'entre eux.]

Theatre de la Nation.

« Que dès les premiers vers l'action préparée
« Sans peine de sujet applanisse l'entrée »

Boileau.

Pénétrés de ce précepte nous avons vainement cherché à démêler le sujet de Wasingthon, ou la liberté du Nouveau Monde, joué hier avec grand succès pour la première fois à ce théâtre, sous le nom de tragédie, en 4 actes et même en vers. Nous sommes parvenus au dernier acte sans y avoir rien compris.

S'il faut juger les pièces à la mesure du patriotisme celle-là est excellente ; s’il faut les juger d'après les règles de l'art dramatique, ce n'est qu'une production indigeste dont on peut vraiment dire :

« Chaque acte en sa pièce est une pièce entière. »

Quelques beaux vers ont obtenu de vives applaudissemens.... Mais l'incohérence des scènes a choqué tout le monde.... Le troisième acte représente le congrès, on voit une assemblée délibérante, un président, une tribune, des huissiers, une tribune publique, où sont placés des chevaliers du poignard qui occasionnent du tumulte, ce qui dénote une conspiration  ; mais à notre avis la véritable conspiration est celle qu'a faite l'auteur contre l'art dramatique.

Cette absurdité théâtrale offre au quatrième acte une espèce de fédération avec un autel, sur lequel on prête deux sermens. Voici les vers que l'on a le mieux sentis :

« Nos préjugés ont été trop longtemps
« La ressource du fourbe et l’arme du méchant. »
.    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .

Ami du monde entier, il renonce aux conquêtes.
.    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .

Les lâchez  ! croiriez-vous qu'ils ont frémi de rage
De nous voir préférer la mort à l'esclavage.
.    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .    .

Quiconque nous invite à trahir ses sermens
Seroit-il bien fidel à tenir les siens.
C’est l'ami des abus qui rampe au pied des rois,
L'homme libre est plus fier, il n'obéit qu’aux loix.

On a demandé l’auteur ; M. Molé, qui avoit joué le président du Con grès est venu dire que 1'ouvrage étoit de M. Sauvigny.

Les acteurs ont réuni leurs efforts pour faire valoir l’ouvrage. M. Dupont sur-tout a fort bien joué un rôle très-ingrat.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 30 du samedi 23 juillet 1791, p. 152-153 :

[Un gros défaut pour cette pièce : multiples intrigues (il n’en faut qu’une !), « peu d’intentions dramatiques »). Deux grandes qualités : « un très grand nombre de beaux vers », et de beaux sentiments patriotiques », puisque la pièce peint « l'établissement de la Liberté en Amérique », ce qui la rapproche beaucoup de la situation présente de la France. L’auteur a été nommé, le critique parle de succès, mais il n’y aura qu’une seule autre représentation.]

Le Théatre de la Nation, près du Luxembourg, vient de faire paraître un Ouvrage de circonstance, intitulé Washington dans lequel l'Auteur, en peignant l'établissement de la Liberté en Amérique, a présenté divers tableaux applicables à la Révolution Française. Il serait difficile de suivre l'action de cette Tragédie qui en contient plusieurs. Mais si l'on y trouve peu d'intentions dramatiques, on y trouve un très grand nombre de beaux vers, qui, avec les sentimens patriotiques qu'ils expriment, ont assuré le succès de l'Ouvrage. On en a demandé l'Auteur, & l'on a nommé M. de Sauvigny, Auteur de plusieurs autres Ouvrages estimés.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 9 (septembre 1791), p. 316-318 :

[Le compte rendu de la pièce en souligne les défauts : «  ni exposition, ni conduite, ni plan » (et ce sont de gros défauts !). Il en montre aussi les qualités : « de beaux vers », « des sentimens patriotiques très-prononcés » et des allusions qui dépassent la situation américaine et peignent «  le tableau d'une révolution plus moderne ». Tout est allusion à la France contemporaine, par exemple « le caractere d'un ministre de la religion, exempt de fanatisme & de préjugé » renvoie à la question religieuse française. C’est évidement gage de succès auprès de spectateurs que ces allusions ravissent. A cela s’ajoutent la qualité de la mise en scène et le jeu des acteurs.]

On a donné pour la premiere fois, le mercredi 13 juillet, Washington, ou la liberté du Nouveau monde, tragédie en quatre actes, de M. de Sauvigny.

L'auteur n'a pas eu dessein probablement de nous donner un drame régulier, mais simplement une piece de circonstance : &, en ce cas, il a rempli son objet.

Lincoles, général américain, peint les fureurs des Anglois qui ont fait expirer son fils dans les supplices. Washington paroît, & tâche de consoler le vieux guerrier, qui veut se venger sur le fils d'un général ennemi fait prisonnier. Le héros américain s'y oppose : dans l'instant Lismore vient lui annoncer que sa femme & son fils sont exposés à perdre leur liberté. Le jeune Laurence, fils du président du congrès, brigue l'honneur de les aller défendre, & annonce le secours des François. Johnston, agent du roi de la Grande-Bretagne, vient offrir, au nom du prince, la paix à l'Amérique. Ses offres sont rejetées avec indignation.

Lismore conspire contre la liberté américaine. Il adore Mme. Nelson, qui ne paie son amour que d'indifférence. Il cherche à la gagner, en lui faisant espérer qu'elle va revoir un pere qu'elle n'a jamais connu. Ce pere est Johnston. Reconnoissance. L'agent du roi trompe sa fille en lui faisant espérer la paix, & s'ouvre de toutes ses perfidies à Lismore, qui a écouté patiemment, à l'écart, la scene du pere & de la fille.

Séance du congrès. On y admet le peuple. Les nouveaux ecclésiastiques prêtent le serment. Johnston entre & tient un discours captieux qui s'adresse aux tribunes plus qu'à l'assemblée. Lismore, à la tête des factieux qu'il a ameutés, fait briller le poignard & menace le congrès. Il est repoussé par la garde. Washington entre ; il vient de remporter une nouvelle victoire. Mais cette victoire coûte la vie au jeune Laurence. Son pere, accablé, se releve en disant : la liberté nous reste ; le sénat & le peuple se rassemblent devant l'autel de la patrie, & jurent de vivre libres ou de mourir. Un général françois vient confirmer le traité d'alliance.

Cette piece n'offre ni exposition, ni conduite, ni plan : mais il y a de beaux vers, des sentimens patriotiques très-prononcés, des allusions faciles à saisir, & sous le voile de la révolution américaine, le tableau d'une révolution plus moderne, & dont les images cent fois représentées ne peuvent rassasier des spectateurs qui doivent y prendre toujours le même intérêt. Aussi l'ouvrage a-t-il eu du succès.

La piece a été mise avec le plus grand soin : tous les acteurs de ce théatre y jouent ; & tous y montrent des talens qui, depuis long-tems sont en possession de plaire au public.

M. Saint-Prix & M. Molé ont rendu, avec une égale noblesse, le premier, le rôle de Washington, le second, celui du président du congrès. Mlle. Raucour a fait valoir le rôle insignifiant de Mme. Nelson. M. Dupont a joué, avec beaucoup d'intelligence, le rôle absurdement odieux de Lismore, & n'a pas mérité les murmures, qui, sans doute, n'avoient pour objet que son personnage. M. Naudet a joué celui de Johnston, qui ne vaut guere mieux. Enfin, M. Sainfal a exprimé avec noblesse & dignité le caractere d'un ministre de la religion, exempt de fanatisme & de préjugé.

Dans la base César, le titre donné est incomplet : Vashington, ou la Liberté du monde. Il manque l’adjectif « nouveau ». L’orthographe du nom du personnage principal se rencontre, par exemple dans la brochure publiée en 1791. La pièce a été jouée deux fois, les 13 et 14 juillet 1791, au Théâtre de la Nation.

Ajouter un commentaire

Anti-spam